Chose promise, chose due.
Je vous avais dit que je vous raconterais mon passage dans
le Red Light District d’Amsterdam, alors le voilà.
Mais d’abord, je tiens à préciser que je n’ai pas tout vu de
mes yeux. C’est-à-dire que je n’ai pas ouvert la petite porte pour aller
«tester» les prostituées et que je n’ai pas mis les pieds dans les «théâtres»
dont je vous parlerai ici.
Autre avertissement, il y aura du langage plutôt cru dans ce
billet. Mais pas autant que celui qu’avait mon guide, je le promets! Alors yeux
chastes, s’abstenir.
Allons-y d’abord pour le volet informatif. La prostitution a
été légalisée en 2000 aux Pays-Bas et à Amsterdam, elles sont quelques milliers
à pratiquer ce métier. Ce sont toutes des travailleuses autonomes et elles
doivent obtenir un permis et payer des impôts. Bon, on s’entend que leur
déclaration de revenu ne doit pas être complète, mais des spécialistes passent
les voir et comptent entre autres le nombre de condoms utilisés pour savoir
combien de clients elles ont eus. Elles doivent tenir des livres de comptes,
mais il semblerait que les mathématiques soient rarement leur point fort.
C’est pourquoi des compagnies se sont spécialisées dans la tenue de livres des
prostituées! Une prostituée qui travaille à temps plein et qui a sa clientèle
régulière utilisera en moyenne 2000 condoms par année et peut faire jusqu’à
10 000 euros par mois, net. Mais il y a aussi des jours où personne ne
traversera leur porte. Le temps paraissait long lors de mon passage, alors que
j’ai vu des dizaines de filles pianoter sur leur téléphone en attendant des
clients. D’autres se dandinaient, se tapaient les fesses, etc. Vous pouvez
facilement imaginer!
Il y a quelques conditions à remplir pour obtenir un permis
pour devenir une prostituée : avoir 21 ans, avoir une nationalité d’un des
pays de l’Union européenne et parler au moins une des quatre langues
suivantes : néerlandais, allemand, anglais ou espagnol. Une fois le permis
en main, elles peuvent louer l’une des 409 fenêtres disponibles pour leurs quarts
de travail de huit heures. Les prix de location varient selon l’emplacement et
l’heure, mais ça peut aller jusqu’à 150 euros par quart. Elles y sont 22 heures
par jour. Si je ne me trompe pas, de 6h à 8h, n’en cherchez pas, il n’y en a pas.
Et pourquoi les lumières rouges? (D’ailleurs si elle est brûlée, la «locataire» de la fenêtre peut être obligée d’aller en acheter une elle-même!) Parce que la peau est plus belle avec cette couleur. Elle a l’air plus douce et donc, les travailleuses du sexe ont l’air plus attirantes. Et information un peu plus dégoûtante, c’était aussi pour masquer les traces visibles de maladies (I.T.S.) dans le temps. Il y a aussi quelques lumières mauves. Mais elles indiquent que les prostituées sont des transgenres ou des transsexuelles. Il y a une ruelle complète pour elles (la «trans alley»). Il y a aussi la ruelle «Big Mamma». Je vous laisse deviner quel type de filles on y trouve!
C’est la prostituée qui décide si elle fait entrer un client ou non dans sa chambre. Et elle a un bouton panique en cas d’urgence. La police arriverait assez rapidement merci. Après tout, une partie de leur salaire est payée avec l’impôt des filles!
Les «live shows»
Il y avait une longue file devant le fameux Théâtre Casa Rosso. Mais on est loin du théâtre d’été de région, mettons.
Et ici, l’expression «fucking live» ne signifie pas, comme le diraient les gens de l’Outaouais, «vraiment en direct». Non, c’est littéralement des gens qui baisent sur la scène.
Le guide conseille d’ailleurs de ne pas s’asseoir trop près de la scène, question d'éviter les fluides corporels… Il nous a aussi dit que ça pouvait être un spectacle interactif et que des gens «bien équipés» pouvaient être invités à monter sur scène pour une performance «live». Je ne saurais vous dire si c’est vrai, je n’ai pas vérifié!
Évidemment, il y a aussi d’innombrables «Sex shops». Vous pouvez y trouver de tout. Genre vraiment tout. Même des DVD XXX de grand-mères, qui sont exposés dans la vitrine.
Parlant de grand-mère, on raconte que la plus vieille des prostitués a maintenant 83 ans et qu’elle se promène encore fièrement dans les rues avec son amie un peu plus «jeune». Elles auraient même écrit un livre sur leur vie. Mais contrairement à celui d’Anne Franke, je ne l’ai pas acheté…
Durant la visite guidée, on passe aussi à travers le quartier gai, où on retrouve entre autres le bar «Dirty Dick».
Le guide nous a expliqué que certains hommes se promenaient avec des menottes de couleur attachées à leur pantalon (de cuir, généralement). Et chaque couleur a sa signification sur la préférence sexuelle. Je vous épargne ici les détails. Mais une des trois est vraiment dégueulasse et inclut des matières fécales! Il y a aussi les «glory holes» dans ces bars, où les femmes ne peuvent pas aller. Je vais vous laisser chercher la définition si vous ignorer la signification.
Le mur des confessions…
À la sortie du musée de la prostitution, les visiteurs sont invités à écrire sur un bout de papier une confession, évidemment à caractère sexuel, qui sera affichée sur le mur. Oh qu’il y en a des salées! Des exemples? «J’aime le sexe avec les animaux» ou «Je couche avec le chum de ma mère depuis huit ans» ou encore «J’aime les Noirs parce qu’ils sont bons au lit et il n’y a pas un de mes amis Noirs que je ne fourre pas. Je suis incontrôlable!».
Dans le musée, on peut aussi se retrouver sur un petit tabouret, derrière une fenêtre illuminée en rouge, question de «se sentir comme elles» en regardant les passants. Je l’ai fait… mais beaucoup plus habillées que la norme, on s’entend!
On n’a pas le droit de photographier les filles. Mais j’ai un peu dérogé à la règle… Fallait bien vous montrer de quoi ç’a l’air! (Remarquez celle qui texte!)
On sursaute parfois en voyant l’église dans le Red Light ou pire, la garderie. Mais comme tout ça est légal, c’est «normal» pour eux. On raconte d’ailleurs que si l’église est si gigantesque, c'est qu’elle a pris tout son financement en vendant des indulgences aux marins qui voulaient profiter à fond des filles lors de leur retour au port… Et croyez-moi, ils ont dû en vendre beaucoup!
Je l’avoue, j’ai parfois été un peu traumatisée par toutes les histoires. On dit d’Amsterdam que c’est une ville ouverte. Je vous le confirme!