mercredi 2 novembre 2016

Orgasme gustatif à Kobe et Bouddha géant

Il y a quelques mois, pendant mon périple au Japon, je vous avais parlé de notre journée complètement folle qui nous ferait passer d’Hiroshima à Yokohama, en passant par Kobe et Nara. En voiture, c’était l’équivalent de 12h30 et plus de 900 km. Au moins, on le faisait en train.

La raison était simple, il nous restait une journée pour cocher tout ce qui restait sur notre liste.

Étape no 1 : déjeuner à Hiroshima. Comme tous les matins précédents, on a fait un petit arrêt au FamilyMart, nos dépanneurs préférés. On était complètement accros à la petite musique qui était déclenchée par l’ouverture des portes. On la trouvait presque réconfortante (OK, on était peut-être un peu cinglées à ce stade-là du voyage!).

On voulait prendre le bus, mais comme chaque fois qu’on prévoit un déplacement, on a fini par être en retard. On a donc dû sauter dans un taxi et supplier le chauffeur de faire vite. Comme toujours, on a couru dans la gare et on l’a fait juste.

Étape no 2 : Dîner à Kobe. On espérait fort fort que les casiers à la gare soient suffisamment grands pour qu’on y laisse nos valises. Parce que disons qu’on ne voyageait pas très léger et que c’était là un grand stress.

Heureusement, ça rentrait! On avait voulu réserver sans succès dans un restaurant suggéré par un ami de Jenny. On voulait le meilleur steak qui soit, mais sans devoir vendre un rein pour le payer. Le bœuf de Kobe, pour ceux qui ignorent ce que c’est – comme moi avant ce voyage –, c’est censé être un des plus extraordinaires au monde. Il est si rare qu’il coûte une fortune à l’extérieur de Kobe. Il n’est pas fait avec des vaches sacrées, mais presque. Il y aurait même un commerce de «faux bœuf de Kobe»! J’avais fait des recherches sur Google et honnêtement, je trouvais que ça n’avait pas l’air si bon. Pas cuit, il a l’air plein de gras. Ça ne m’attirait pas trop. Mais bon, il fallait que je vérifie par moi-même si c’était si orgasmique pour les papilles gustatives.

À notre arrivée au restaurant, on s’est butées à un portier désagréable. Il nous a sûrement jugées et n’a rien voulu savoir de nous laisser entrer. Le con! Il a prétexté que c’était plein, réservé au grand complet. Il était à peine 11h et il n’y avait encore aucun client à l’intérieur. C’était évident qu’il nous mentait! Tant pis pour lui, on allait dépenser notre argent ailleurs. On avait d’ailleurs un budget d’une centaine de dollars chacune pour ce repas. On a mis un peu de temps à trouver un deuxième restaurant. On lisait toutes les critiques sur TripAdvisor. On n’avait qu’une seule chance, on ne voulait pas tomber sur un faux steak, un hors de pris ou juste, un pas bon!

On a marché pendant un long moment, en refusant d’entrer dans les restaurants qui essayaient de nous attirer à l’intérieur. Notre théorie est peut-être ridicule, mais on s’est dit que les bons restaurants n’avaient pas besoin de ce marketing.
On s’est finalement arrêtées au Ishida. On a choisi chacune notre coupe et comme c’était dans le menu midi, ça venait avec salade, légumes, riz, etc. De plus, c'était environ 50$ par personne. À la blague, j’avais lancé qu’on mangerait sûrement notre steak avec des baguettes, parce que tout au long de notre voyage, je n’ai croisé aucune fourchette sur mon chemin.
Eh bien… On a mangé notre steak avec des baguettes.

Mais d’abord, laissez-moi vous expliquer comment ça fonctionne. Le chef était installé devant nous, et sa plaque longeait la table. En fait, c’est comme si on était assises à un bar, mais on avait un chef à la place d’un barman!
Ils font cuire le steak avec beaucoup de sel. Ça tombe bien, j’adore le sel. J’adore le steak (désolée pour les végétariens!). Je salivais.
Et là, c’est enfin arrivé dans mon assiette.

Comment décrire ce steak… C’EST LA MEILLEURE CHOSE QUE J’AI MANGÉE DE MA VIE.

J’en rêve encore, des mois plus tard.

Ça ne s’explique même pas tellement c’est savoureux. Et tendre! Ça fond dans la bouche, littéralement. Le chef l’a coupé pour le déposer dans nos assiettes et ç’a fait en sorte que c’était parfait pour les baguettes! Ah et c’est aussi servi avec un petit peu de sel, dans lequel on trempe notre morceau.

On se trouvait un peu folles de faire tout ce chemin pour manger un steak. Mais croyez-moi, ça valait tous les détours!!!

Pour ce qui est de la ville, elle ressemble pas mal à toutes les autres grandes villes. À part qu’elle a des grands viaducs piétonniers à ses intersections. C’est un peu compliqué, je dois avouer!
Étape no 3 : Nara. Autre randonnée en train. Autre trajet avec les genoux dans le front en raison de nos valises!

Arrivées à Nara, on était vraiment découragées de constater que le temple avec le gigantesque Bouddha en bronze était à quelques kilomètres de marche. C’est qu’on était vraiment tannées de marcher! Au début, on avait retiré Nara de notre itinéraire, parce que c’était un détour. Mais après avoir vu les images de la sculpture sur le web… on n’avait d’autre choix que d’y aller.

Mais bon, on a dû se répéter à plusieurs reprises «il est mieux d’être beau, Bouddha!»

Notre GPS nous a fait passer par un chemin plus que bizarre. On était carrément dans un petit quartier résidentiel et on est probablement les seules touristes à avoir emprunté ces routes! Sauf si Google Maps s’amuse à toujours les envoyer par là! À un point où on se demandait si on était perdues.

On est arrivées par l’arrière complètement du temple (Tōdai-ji)! On devait faire vite, car on est arrivées à peine une heure avant la fermeture. On avait tellement peur qu’ils nous disent qu’on ne pouvait plus y aller!
Heureusement, ça n’a pas été le cas. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais quand j’ai franchi la grande porte à l’entrée et que j’ai aperçu ce mastodonte en bois, j’ai eu le souffle coupé. Jenny aussi. Les deux, on a eu la même réaction. Une courte inspiration d’étonnement. On a carrément été frappées par sa grandeur, sa beauté, sa présence.
Dire qu’il est immense ne rend même pas justice à sa grandeur. Il est impressionnant. Fait d’environ 338 tonnes de cuivre et 16 tonnes d’or, il mesure 16 mètres de haut.

Tout comme le steak, il valait assurément le détour!
En quittant le site, on a fait la rencontre de toute la famille de Bambi. On avait expérimenté ça aussi en banlieue d’Hiroshima, mais à Nara, c’était encore mieux! Les daims se promènent en liberté partout. Bon, c’est certain qu’on nous déconseille de les flatter et de les nourrir, puisque ce sont des animaux sauvages. Mais ils sont tellement cutes! On en a flatté quelques-uns. C’était plus fort que nous!
Ils sont toutefois très dangereux pour les automobilistes.
 Parce que Bambi, il s’en fout pas mal des feux de circulation…

La ville a une équipe de basket qui se nomme les Bambitious. On l’a bien ri!
Il ne nous restait qu’une randonnée d’environ cinq ou six heures pour nous rendre à Yokohama. On pouvait dire «mission accomplie» pour notre journée de fou! Pour nous récompenser, on a acheté une boisson de type Boris dans une machine distributrice à la gare. On les aimait bien ces petites canettes! Elles coûtaient à peine 2$ et disons que la teneur en alcool était assez forte!

Dans le train, où c’était le calme plat, on avait un peu envie de fêter. Après tout, c’était un vendredi soir! Sauf qu’il n’y a pas de machines distributrices et on n’en avait pas acheté de plus. C’est donc avec grand bonheur qu’on a vu qu’une employée passait avec un charriot pour vendre des grignotines et de la boisson. Comme c’est écrit en japonais et qu’on ne comprenait rien – pour faire changement! –, on a choisi ce qui semblait le meilleur.

Erreur! C’était tellement dégueulasse! C’était une bière qui goûtait le Jack Daniel’s. Disons que ç’a freiné nos élans de beuverie ferroviaire!

Et c’est en toute fin de soirée qu’on est arrivées à Yokohama, dans le but d’aller voir le mont Fuji le lendemain. Mais bon, vous le savez peut-être, on allait tellement être déçues…