mardi 22 mars 2022

Quand un Boeing 747 transporte une navette spatiale...

Pour ceux et celles qui suivent ma carrière (qui est difficile à suivre, je l’avoue!), vous aurez peut-être noté que j’ai été agente de bord pendant deux ans pour une compagnie de vols nolisés.

Pourquoi? Parce que j’ai toujours été obsédée par l’aviation et évidemment les voyages. Une fois cette profession quittée, ma passion, elle, est restée. Alors quand je suis allée à Houston en décembre dernier, il était absolument certain que je devais aller visiter le centre de la NASA pour voir de mes yeux le Boeing 747 qui a servi de taxi à plusieurs navettes spatiales!  On va se le dire, juste ça, c’est une phrase qu’il n’a aucun sens!

Cette merveille d’ingénierie se trouve au centre spatial Nasa Johnson Space Center de Houston.

 

Le Boeing 747 modifié qui m’a tant fascinée servait donc à mener à la retraite diverses navettes. Après sa dernière mission, c’était au tour du After Shuttle Carrier Aircraft 905 (son nom complet) de prendre sa retraite. Et ce n’était pas rien!

Pour vrai, les images d’un avion de ligne si majestueux ayant sur son dos une navette spatiale dépassent l’entendement. J’en avais entendu parler et j'avais vu des images, mais je croyais vraiment que ce transport phénoménal d’une navette était un « once in a lifetime deal », mais j’ai appris avec stupéfaction que non, pas du tout!

Il y avait toutefois – évidemment – des règles très strictes pour que le transporteur puisse voler. Il ne devait pas avoir de pluie, de turbulence ou de températures froides. Disons que ça réduit les fenêtres d’opportunité un brin. En plus, il volait souvent à à peine 15 000 pieds d’altitude, soit moins de la moitié que les vols commerciaux d’un tel appareil régulier. Mais c’est aussi normal puisque la présence d’une navette sur l’avion (attention, vous allez tomber en bas de votre chaise) entraîne au moins le double de carburant brûlé pour la même distance. Stupéfiant, non?

Après sa dernière mission, le Shuttle Carrier Aircraft 905 a été défait en sept morceaux (des morceaux énormes, vu qu’on parle d’un Boeing 747!) et il a parcouru les 13 kilomètres entre l’aéroport d’Ellington et le Space Center Houston, sur la route. On avait enlevé la queue, l’arrière, le train d’atterrissage et les ailes. Outre dans les hangars où les Boeing sont fabriqués à Seattle (visite que j'ai faite et dont j'ai parlé ici), c’était la première fois qu’un appareil était séparé de ses ailes de la sorte. Le convoi a évidemment voyagé de nuit et mesurait 280 m.

Une fois au centre spatial, l’avion a été remis en un morceau, mais j’avoue que c’est avec une certaine déception que j’ai appris en lisant les affiches du musée (en regardant mes photos des semaines plus tard!) que la navette qui est sur le dessus est une réplique « extrêmement fidèle ». Je pensais à tort que c’était la vraie et je l’ai compris après mon passage dans la fausse navette.

Comme le nombre de voyages de transport de navette était assez faible, l’avion vaquait à ses occupations régulières entre chacun d’eux. Pour le modifier vers son mode « shuttle », il fallait environ 170 employés qui travaillaient pendant une semaine pour modifier l’intérieur de l’avion. On le faisait passer d’avion de passagers à avion quasi cargo, conservant une seule table et des fauteuils dignes de la première classe pour offrir un espace de travail à l’équipage.

Avant de pouvoir réussir cet exploit, il a fallu faire de nombreux tests avec des avions et navettes téléguidées. Parce qu’une fois avec les « vrais jouets »… Pas tant le droit à l’erreur, mettons. On peut voir une tonne de photos et des répliques des avions miniatures dans une exposition à l'intérieur du 747.

Si vous n’êtes pas encore assez impressionné par l’ampleur de ce projet, n’oubliez pas que pour atterrir, la navette devait se détacher de l’avion et être contrôlée indépendamment par un autre équipage qui allait effectuer l’atterrissage. C’est complètement fou, si vous voulez mon avis!

La NASA et ses navettes en chiffres :

872 906 380 km : distance parcourue par les fusées dans l’espace, ce qui est suffisant pour se rendre sur Jupiter ou qui représente 21 030 orbites terrestres

3 513 638 lb : quantité de cargo déployé en orbite par les fusées

24 300 : nombre de tuiles pour protéger chaque orbiteur

11 017 : heures de vol de l’avion

1323 : nombre de jours passés dans l’espace par les astronautes

852 : nombre total de membres d’équipage en 135 missions spatiales

233 : vols complétés par la Shuttle Carrier Aircraft NASA 905 pour transporter des navettes

157 : nombre de sorties dans l’espace effectuées par les astronautes de ces navettes

135 : nombre de missions des fusées

100 : nombre de vols pour lesquels chaque orbiteur était destiné avant la retraite

67 : nombre de directeurs de vols du Programme de fusée spatiale

37 : nombre de navettes mises à quai à la station spatiale internationale

3 : sites principaux d’atterrissage des navettes spatiales (Floride, Californie et Nouveau-Mexique)

2 : nombre de commandantes de navettes (Let’s go girls!)

Alors, si vous passez par Houston, croyez-moi, c’est un must à visiter!

Surtout que dans le temps des fêtes, le site se transforme en version lumières à la Illumi (pour les habitués de Laval) et c’est très réussi!

 
À noter qu'il y a un magnifique petit chien sur ce croissant de lune!