lundi 12 décembre 2016

J’ai raté (gâché) mon escale à Istanbul

Les voyages, c’est beau, c’est magique, c’est parfait. Sur Facebook, genre. Dans la réalité, ce n’est pas toujours le cas. Mon escale à Istanbul en est un bon exemple. Je l’ai ratée. Dans le sens de «fail».

Dernièrement, j’ai décidé de profiter des escales que j’ai en voyage. Au lieu de les détester en trouvant que je perds mon temps avant d’arriver à destination, je fais exprès – quand c’est possible – d'en avoir des longues, dans des villes que je n’ai jamais visitées. C’est comme ça que cette année seulement, j’ai passé du temps «gratuitement» à Doha (Qatar), Dubaï (Émirats arabes unis), Los Angeles, Séoul (Corée du Sud) (texte à venir) et… Istanbul, en Turquie.

Parenthèse ici, mon passage date de moins de deux mois avant les attentats à Istanbul. Nul besoin de dire que j’ai eu froid dans le dos en apprenant qu’il y avait eu des morts exactement là où je me trouvais si peu de temps auparavant…

J’avais près d’une dizaine d’heures, de 5h le matin à 14h. Ce n’est pas beaucoup, mais c’était suffisant pour aller visiter quelques essentiels. Je m’étais même acheté un petit livre sur la ville. J’étais prête! Je n’avais pas vraiment le temps de faire une visite avec un autobus ou autre truc de touristes du genre, alors j’allais tout faire par moi-même. L’aéroport est assez loin de la mosquée bleue, qui allait être le fait saillant de ma visite. Elle était tout près de la basilique Ste-Sophie également et si j’avais le temps, je prévoyais visiter le marché qui n’est pas très loin de là.

Tout était prévu et tout entrait dans mon horaire, bien que serré. J’ai décidé de louer une voiture à l’aéroport. Je suis arrivée un peu plus tard que prévu, mais j’avais encore le temps de faire tout ce que je voulais. C’est toutefois là que les choses ont commencé à dérailler. Il m’a d’abord fallu un temps fou avant de trouver la compagnie de location de voiture. Malheureusement pour moi, je suis tombée sur l’employé qui n’allait visiblement pas remporter le prix du plus compétent de l’année. Ç’a pris une éternité avant qu’il finisse de remplir la paperasse. J’ai expliqué que j’étais pressée, que j’avais à peine quelques heures et que je venais déjà d’en perdre presque deux. Il était très étonné d’apprendre que je reprenais l’avion à 14h. Il avait clairement la mémoire d’un poisson rouge, car il a ensuite essayé de me vendre le forfait avec l’hôtel.

*soupir*

Après ce qui m’a semblé être une trois éternités, on s’est dirigés vers la voiture. J’ai loué un GPS parce que je n’ai pas pu louer de petit WiFi portatif. Google Maps n’était pas une option. Pour être gentil, l’employé m’a proposé d’inscrire le nom de la mosquée bleue dans le GPS, puisque c'était en turc. Disons que c’était long pour moi d’écrire : Sultanahmet Camii. Surtout que des mosquées, dans le coin, il y en a une et une autre.

Avant de poursuivre, je dois préciser qu’Istanbul est entouré d’eau et qu’un des ponts mène à la partie asiatique de la ville – c’est la seule au monde qui soit sur deux continents.
Le GPS m'a dit que ça va me prendre environ une heure. C’est long, mais bon, c’était peut-être plus loin que je pensais. Ç’a pris tellement de temps avant que je prenne possession que j’étais maintenant en pleine heure de pointe matinale. Ce n’était pas du tout prévu. Mon avion s’était posé au sol il y avait déjà près de quatre heures. Que de temps gaspillé! Je me suis arrêtée dans une station-service pour m’acheter de quoi manger, parce que je n’avais encore rien englouti en sol turc. Bien évidemment, je ne comprenais rien aux pancartes, autant sur la route que dans le magasin. J’ai «spotté» quelque chose qui avait l’air d’une chocolatine. C’est sur ça que mon choix s’est arrêté.

J’aurais dû attendre par contre parce qu’il y avait des vendeurs itinérants… sur l’autoroute! Preuve que l’heure de pointe est quelque chose! On y vend des espèces de gros bretzels, des bananes et des bouteilles d’eau. Les gens ont l’air habitués, ils baissent leur vitre et sortent les billets tout partout!
Je dis que j’aurais dû attendre parce que ma pâtisserie goûtait bizarre. À priori, je me suis dit que le chocolat turc goûtait juste vraiment différent de celui du reste du monde. Puis plus ça va, plus je me disais qu’il était sûrement juste périmé.

Jusqu’à ce que je comprenne… que c’était un pain avec une tapenade d’olives.

Je déteste la tapenade d’olive. Je trouve que ça sent la couche de bébé. Disons que j’ai mis sur le compte de la fatigue le fait que ça m’a pris la moitié de la «pas chocolatine» avant de m’en rendre compte!

Je roulais depuis trop longtemps, dans une ville complètement ensevelie par un épais brouillard quand j’arrive sur un pont. J’aime les ponts, c’est le fun! Mais je ne me souvenais pas que j’en avais un sur ma route…
L’heure d’arrivée sur le GPS ne fait que retarder encore et encore. Quand j’arrive à ma destination, je réalise que… ce n’est pas là du tout. Mais genre, vraiment pas. Je vérifie le GPS et comme tout est en turc, je suis embêtée. Parce que bien évidemment, pour me rendre service, le désormais très imbécile employé de l’aéroport n’a pas modifié la langue pour le français… Je réussis à le faire et entre «mosquée bleue». Ça me donne ça :
QUOI!?!  Ça n’a pas de sens! Le con m’a non seulement envoyé là où il n’y a même pas de mosquée, mais il m’a fait traverser du côté asiatique! Le trafic était MONSTRE de l’autre côté et c’est vers là que je me dirigeais!

Je devais arriver vers 12h... Mais advienne que pourra, je devais y aller. Je savais bien que je n’avais plus le temps pour la basilique Sainte-Sophie ni le marché, mais bon… Disons que la nervosité s’est emparée de moi.

J’ai fini par arriver. Vraiment tard. Et je n’avais plus de manucure. C’est l’unique fois dans ma vie que je me suis rongé les ongles de la sorte… Seule chance de la journée, j’ai trouvé un stationnement tout près. Le problème, c’est que j’avais aussi l’envie du siècle. Le petit monsieur responsable de faire payer le stationnement – des parcomètres vivants, bref – me courrait après. Alors, imaginez la scène. Moi qui mime une envie de pipi à un Turc. 

De toute beauté.

Il a fini par comprendre, j’ai couru dans un café et je suis revenue le payer. 

J’ai photographié tous les noms de rues pour être certaine d’être capable de retrouver ma voiture sur le chemin du retour.

Je courais et je suis finalement arrivée à la mosquée. Bon, je ne sais pas si c’est la pluie, mais j’ai été un peu déçue. Mais c’est vrai que tout est plus laid sous la pluie, alors…
Tant qu’à être rendue, je voulais aller à l’intérieur. Mais pour ça, je devais me couvrir les cheveux et mettre une fausse jupe par-dessus mes pantalons. Ils nous fournissaient tout ça. Un beau voile et une jupe en tissus de jaquette d’hôpital.

LE. RÊVE.
 
À l’intérieur, je devais faire vite. C’est tout juste si je ne courais pas – sans mes souliers, évidemment.

 
Je suis donc sortie aussi vite que j’y suis entrée, c’est-à-dire à la vitesse de l’éclair.

En sortant, j’ai vu basilique Sainte-Sophie au loin. C’était chien! Elle était magnifique! Mais tellement trop loin pour le temps qu’il me restait! J’aurais déjà dû être en route pour l’aéroport. En fait, j’aurais déjà dû être à l’aéroport. Il était près de 13h.
En panique, j’ai tourné les talons pour retourner à ma voiture. Mais j’ai quand même fait un mini détour pour voir le petit marché qu’ils annonçaient derrière l’église. C’était plus fort que moi. Pas brillant, mais l’adrénaline n’a clairement pas de jugement.
 
Nul besoin de dire que je n’ai pas du tout eu le temps de dépenser l’argent turc que j’avais pris en échange de tous les rands qu’il me restait à l’aéroport de Cape Town…

S’en est suivie une course contre la montre.

Et un GPS qui refusait de collaborer. J’aurais eu besoin de Google Maps. Le problème, c’est que quelques heures auparavant, quand je me suis retrouvée en Asie sans le savoir, je n’avais pas eu le choix d’ouvrir mes données à l’étranger. Mais comme ça faisait trois mois que j’étais partie, j’ai reçu quelques instants plus tard un super message de mon fournisseur disant «Pour votre bien, puisque vous avez atteint 1000$ en frais d’itinérance ce mois-ci, nous bloquons vos données». Non, mais parlez-moi d’un timing de MARDE! (Je nie encore la réalité quant au montant de la facture, soit dit en passant)

Je me suis un peu perdue, les rues étaient compliquées, tout était écrit dans une langue que je n’arrivais pas à déchiffrer et la circulation était tout aussi dense en pleine ville que sur l’autoroute, où on roulait à la même vitesse qu’un ver de terre. J’ai tenté la tactique «avançons en changeant de voie dès que ça avance dans une ou dans l’autre», mais ce n’était pas très concluant. Et il ne me restait plus d’ongles à ronger (je vous épargne la photo que j’ai prise sur le coup!). En plus, je devais aller mener la voiture un peu à l’extérieur de l’aéroport. Et faire le plein. J’ai abandonné le projet de la remettre pleine d’essence. Je savais qu’ils allaient simplement l’ajouter à ma carte de crédit. M’obstiner en turc et risque de rater l’avion pour une vingtaine de dollars, très peu pour moi, merci.
J’ai finalement trouvé l’endroit environ une demi-heure avant le décollage. J’étais certaine de rater mon vol puisqu’ils ferment les portes environ à ce moment.

Je ne suis pas arrêtée devant la bonne compagnie, mais mon visage paniqué et mes explications boiteuses en anglais avec les meilleures explications possible en mimes ont fait comprendre à l’homme derrière le comptoir qu’il devait venir me mener rapidement à l’aéroport.

Le temps filait. J’avais envie de pleurer. J’avais gâché mon escale et en plus, j’allais rater l’avion. Tout ça pour ça! J’ai couru – je suis rendue une pro de la course dans l’aéroport – et j’ai supplié les gens de me laisser passer à la sécurité. J’ai ensuite couru à nouveau jusqu’à la porte d’embarquement, qui était évidemment loin.

Arrivée à la porte, à peine quelques minutes avant que l’avion recule, je n’en crois pas mes yeux. Les préposées me laissent entrer. Ce n’est qu’une fois assise à mon siège que j’ai recommencé à respirer. Je l’ai fait.

Et je pense que j’ai été essoufflée jusqu’à ce que j’arrive à Dorval.

Tout ce que je souhaite, c’est que le climat se calme en Turquie pour avoir une deuxième chance de découvrir cette ville. En m’y arrêtant beaucoup plus longtemps la prochaine fois.

Voici quelques photos que j’ai réussi à prendre dans tout ce brouhaha – vous remarquerez que le soleil s'est pointé le bout du nez au moment où je partais, évidemment.
 


  Oh et une petite dernière, qui résume bien mon passage éclair!

mardi 6 décembre 2016

À la rencontre de Tom à Burlington

À force d’aller aux États-Unis plusieurs fois par année, j’ai découvert quelques produits qui sont maintenant indispensables à ma vie, dont – ne me jugez pas – du shampoing sec d’une marque et d’une variété bien spécifique.

De son côté, mon amie Mel est intolérante à pas mal tout – gluten, produits laitiers et tous ses dérivés et œufs (oui, sa vie doit être un enfer!) – et les Américains ont beaucoup plus de choix que nous à l’épicerie.

Additionnez ça à une journée de congé commune et qu’est-ce que ça donne? Un beau petit road trip à Burlington! Yeah!

C’est donc ce que nous avons fait, dimanche dernier. Le plan était assez simple : on va visiter le petit centre-ville qui a l’air cute, on arrête chercher mes trucs à la pharmacie, on va à l’épicerie, on arrête souper quelque part et on est rentrées vers les 21h max.

Mais bon, ceux qui me suivent savent bien qu’il est impossible pour moi que les choses se passent comme prévu!

Notre journée commence donc vers 9h30. Jusque-là, tout est beau. Un peu en retard sur notre planning, mais ça va. Une fois chez Mel, à quelques coins de rues de chez moi, on sort mes boîtes de livres (les miens, j’écris ça aussi) du véhicule pour les laisser chez elle, car je suis déjà tombée sur un douanier vraiment zélé qui m’avait fait payer les taxes sur mes propres livres en pensant que j’allais les vendre à des Américains. Parenthèse ici, il m’a demandé pourquoi c’était «impossible de vendre ces livres-là aux États-Unis», ce à quoi j’ai répondu «parce qu’ils sont en français». Toujours aussi allumé tel une deux watts, le douanier m’avait répondu «Quoi? Es-tu en train de dire que les Américains ne lisent pas le français?» *soupir* Fin de la parenthèse. Mais vous comprenez pourquoi je les ai laissés derrière cette fois!

Habituellement, je fais toujours une vérification avant de partir. Du type : passeport? Argent? Cellulaire? Caméra? Mais je ne sais pas pourquoi, je ne l’ai pas fait. Je me souvenais très bien d’avoir pris mon passeport dans sa cachette chez moi et j’ai vu celui de Mel. On était donc correctes.

En chemin, je demande à Mel de sortir quelque chose dans ma sacoche et de trouver mon permis de conduire en même temps. Je suis allée chercher un colis au bureau de poste la veille et j’ai dû le montrer à la préposée. J’ai vu avant de partir que je ne l’avais pas remis dans mon portefeuille. Il était donc porté disparu. Mel échappe un tas de trucs entre le siège et l’accoudoir, aussi connu sous le nom de «Triangle des Bermudes» dans ma voiture. Merde. Pas grave, on se dit qu’on cherchera ça plus tard.

À une dizaine de kilomètres de la frontière, je lui demande de sortir les passeports.

«Je ne trouve pas le tien», me dit-elle, déclenchant une certaine panique chez moi.

Je m’arrête sur le bord du chemin – un chemin de campagne au beau milieu d’un champ – pour qu’on puisse le chercher. Rien à faire, il n’est pas dans la voiture. Pas même dans le Triangle des Bermudes. Pas le choix, on doit retourner à la maison.

On refait donc le chemin inverse. Mais où avais-je la tête? Perdre son permis de conduire et son passeport en moins de 24 heures, ce n’est pas fort! En arrivant à la maison, près d’une heure plus tard, quel soulagement, il est… sur le lavabo de ma salle de bain! (Vraiment, fille!?) Toujours pas de trace du permis par contre. Mais bon, je n’ai qu’à être prudente et souhaiter ne pas me faire arrêter! #YOLO (Ne pas essayer ça à la maison les amis)

Le douanier qu’on a est super sympathique, mais nous garde là plusieurs minutes. Je suis même certaine de l’avoir déjà eu. Il pose plein de questions sur nous, nos jobs, etc. Je suis convaincu que c’est le même qui avait demandé à mon amie Parmélie son meilleur drink quand il a su qu’elle était barmaid. Vous voyez le genre?

Bref, on arrive à Burlington beaucoup, beaucoup plus tard que prévu.

On se dirige tout de suite vers le bord du lac Champlain. C’est très beau! À l’automne, ça doit être magique!

Ensuite, direction Church St., une superbe rue piétonne où on trouve autant de petites boutiques indépendantes que d’autres chaînes connues.

Le temps des fêtes approche, alors un peu comme nous à la Place des festivals, les gens de Burlington ont leur sapin. Il est quand même un peu plus touffu que le nôtre, il faut l’admettre. 
On tombe sur une boutique style «chalet», où on vend beaucoup de trucs à carreaux : le Common Deer – je me demande encore si c’est un jeu de mots pour que ça sonne comme «comment dire» en français. Il y a aussi un tas de cartes hilarantes. Mes préférées? Celles-ci :
 

On entre dans un Urban Outfitters pour le fun – je sais, on en a ici! – et j’y trouve un tas de petits trucs cool. Et quelle n’est pas ma surprise quand j’aperçois cet étalage complet de shampoing sec, avec mon préféré! (celui pour les blondes, au cas où ça intéresse quelqu’un…) Mais comme on est à côté d’une pharmacie, je décide d’attendre de l’avoir à un bien meilleur prix.
Malheureusement pour moi, il n’y en a pas à la pharmacie. Pas grave, j’irai à la prochaine. Sauf que la prochaine est loin, mais elle est à côté de l’épicerie. Je garde espoir.

Après trois autres, j’avoue que mon espoir diminue UN PEU.

(Ne me jugez pas sur le nombre d’endroits qu’on a faits pour en trouver, c’était quand même un but du voyage!)

Après avoir rempli mon véhicule de produits sans gluten, sans produits laitiers (et probablement sans saveur, selon moi!), il est temps d’aller souper. On repart à la recherche de mon fameux shampoing une fois qu’on a abusé du wifi du resto pour inonder nos fils Instagram
Direction : Walmart, dans South Burlington.

Il est loin et au bout d’un chemin pas très illuminé ce Walmart! On entre, on se garroche sur l’allée des shampoings et j’avertis Mel que je vais sûrement danser si j’en trouve.

JE. DANSE. Littéralement. Et comme si je n’avais pas encore eu l’air assez ridicule de m’extasier devant des shampoings, je les prends TOUS. Bon. Ça se peut que j’aie l’air d’une pas propre à la caisse, mais moi, je le sais que j’en ai pour un an, minimum! (Et une des bouteilles est pour une amie, quand même!)

Une fois à la caisse, c’est là qu’il se passe quelque chose de… magique. Le bon Tom, préposé qui n’avait personne à sa caisse, nous accueille et se met à nous jaser ça comme s’il n’y avait pas de lendemain. Dans la soixantaine, probablement dû pour la retraite depuis plusieurs années, Tom nous raconte les débuts de Walmart. Pour les intéressés, tout ça a commencé avec un seul produit : des collants pour dames. Il nous raconte les débuts de deux autres grands magasins en nous suggérant fortement de trouver un produit et de nous lancer en affaires!

C’est intéressant, mais j’ai un peu envie de m’en aller, car je pense aux presque deux heures de route qu’il nous reste à faire. Mais Tom nous dit qu’il est aussi professeur de musique. Mel, trop intéressée, lui dit qu’elle joue du saxophone. L’encyclopédique Tom se met à lui raconter… les débuts de cet instrument, avec des anecdotes sur l’inventeur et tout! Je le soupçonne d’être un associé du père Noël, le genre qui sait tout sur tout, et qui travaille incognito dans un Walmart pour venir en aide aux lutins en leur refilant du stock. Il n’y a aucune autre explication.

Les douanes, prise 2


On pensait revenir à la maison rapidement. Nope! Not gonna happen.

C’est que c’est la première fois que je reviens la même journée après avoir magasiné. La règle du «pas d’exemption avec une absence de moins de 24 heures»… nous a échappé, disons.

Le gentil douanier nous demande donc d’aller à l’intérieur payer nos taxes. Pas de problème, je n’ai pas tant dépensé. Ça va se régler rapidement.

«Avez-vous une pièce d’identité avec preuve de résidence?»

Ah shit. Je sors donc mes pas de talents dignes d’un cours de théâtre de secondaire 4 pour sortir un «Ben voyons, je n’ai pas mon permis!»

Ça passe. Il n’en fait pas de cas. Je me dis que dans le pire des cas, il peut croire que c’est mon amie qui conduit. Ce que je ne sais pas, c’est qu’au même moment, elle est en train de lui énumérer un par un les produits qu’elle a achetés. Mais comme il y en avait plusieurs pour des bas de Noël, disons simplement qu’elle a passé pour une fille qui aime beaucoup trop les barres de chocolat… 

Ce n’est qu’en sortant qu’elle me dit : «Je lui ai montré mon permis, mais je lui ai dit qu’il est expiré! Mais il s’en foutait.»

Bref, une maudite chance qu’on ne s’est pas fait arrêter par la police!

Mais bon, c’était ben beau Burlington. Ah et le lendemain, je suis allée chercher mon permis au bureau de poste. Dès que j’aurai retrouvé le reste de ma tête, je devrais être correcte.

mercredi 2 novembre 2016

Orgasme gustatif à Kobe et Bouddha géant

Il y a quelques mois, pendant mon périple au Japon, je vous avais parlé de notre journée complètement folle qui nous ferait passer d’Hiroshima à Yokohama, en passant par Kobe et Nara. En voiture, c’était l’équivalent de 12h30 et plus de 900 km. Au moins, on le faisait en train.

La raison était simple, il nous restait une journée pour cocher tout ce qui restait sur notre liste.

Étape no 1 : déjeuner à Hiroshima. Comme tous les matins précédents, on a fait un petit arrêt au FamilyMart, nos dépanneurs préférés. On était complètement accros à la petite musique qui était déclenchée par l’ouverture des portes. On la trouvait presque réconfortante (OK, on était peut-être un peu cinglées à ce stade-là du voyage!).

On voulait prendre le bus, mais comme chaque fois qu’on prévoit un déplacement, on a fini par être en retard. On a donc dû sauter dans un taxi et supplier le chauffeur de faire vite. Comme toujours, on a couru dans la gare et on l’a fait juste.

Étape no 2 : Dîner à Kobe. On espérait fort fort que les casiers à la gare soient suffisamment grands pour qu’on y laisse nos valises. Parce que disons qu’on ne voyageait pas très léger et que c’était là un grand stress.

Heureusement, ça rentrait! On avait voulu réserver sans succès dans un restaurant suggéré par un ami de Jenny. On voulait le meilleur steak qui soit, mais sans devoir vendre un rein pour le payer. Le bœuf de Kobe, pour ceux qui ignorent ce que c’est – comme moi avant ce voyage –, c’est censé être un des plus extraordinaires au monde. Il est si rare qu’il coûte une fortune à l’extérieur de Kobe. Il n’est pas fait avec des vaches sacrées, mais presque. Il y aurait même un commerce de «faux bœuf de Kobe»! J’avais fait des recherches sur Google et honnêtement, je trouvais que ça n’avait pas l’air si bon. Pas cuit, il a l’air plein de gras. Ça ne m’attirait pas trop. Mais bon, il fallait que je vérifie par moi-même si c’était si orgasmique pour les papilles gustatives.

À notre arrivée au restaurant, on s’est butées à un portier désagréable. Il nous a sûrement jugées et n’a rien voulu savoir de nous laisser entrer. Le con! Il a prétexté que c’était plein, réservé au grand complet. Il était à peine 11h et il n’y avait encore aucun client à l’intérieur. C’était évident qu’il nous mentait! Tant pis pour lui, on allait dépenser notre argent ailleurs. On avait d’ailleurs un budget d’une centaine de dollars chacune pour ce repas. On a mis un peu de temps à trouver un deuxième restaurant. On lisait toutes les critiques sur TripAdvisor. On n’avait qu’une seule chance, on ne voulait pas tomber sur un faux steak, un hors de pris ou juste, un pas bon!

On a marché pendant un long moment, en refusant d’entrer dans les restaurants qui essayaient de nous attirer à l’intérieur. Notre théorie est peut-être ridicule, mais on s’est dit que les bons restaurants n’avaient pas besoin de ce marketing.
On s’est finalement arrêtées au Ishida. On a choisi chacune notre coupe et comme c’était dans le menu midi, ça venait avec salade, légumes, riz, etc. De plus, c'était environ 50$ par personne. À la blague, j’avais lancé qu’on mangerait sûrement notre steak avec des baguettes, parce que tout au long de notre voyage, je n’ai croisé aucune fourchette sur mon chemin.
Eh bien… On a mangé notre steak avec des baguettes.

Mais d’abord, laissez-moi vous expliquer comment ça fonctionne. Le chef était installé devant nous, et sa plaque longeait la table. En fait, c’est comme si on était assises à un bar, mais on avait un chef à la place d’un barman!
Ils font cuire le steak avec beaucoup de sel. Ça tombe bien, j’adore le sel. J’adore le steak (désolée pour les végétariens!). Je salivais.
Et là, c’est enfin arrivé dans mon assiette.

Comment décrire ce steak… C’EST LA MEILLEURE CHOSE QUE J’AI MANGÉE DE MA VIE.

J’en rêve encore, des mois plus tard.

Ça ne s’explique même pas tellement c’est savoureux. Et tendre! Ça fond dans la bouche, littéralement. Le chef l’a coupé pour le déposer dans nos assiettes et ç’a fait en sorte que c’était parfait pour les baguettes! Ah et c’est aussi servi avec un petit peu de sel, dans lequel on trempe notre morceau.

On se trouvait un peu folles de faire tout ce chemin pour manger un steak. Mais croyez-moi, ça valait tous les détours!!!

Pour ce qui est de la ville, elle ressemble pas mal à toutes les autres grandes villes. À part qu’elle a des grands viaducs piétonniers à ses intersections. C’est un peu compliqué, je dois avouer!
Étape no 3 : Nara. Autre randonnée en train. Autre trajet avec les genoux dans le front en raison de nos valises!

Arrivées à Nara, on était vraiment découragées de constater que le temple avec le gigantesque Bouddha en bronze était à quelques kilomètres de marche. C’est qu’on était vraiment tannées de marcher! Au début, on avait retiré Nara de notre itinéraire, parce que c’était un détour. Mais après avoir vu les images de la sculpture sur le web… on n’avait d’autre choix que d’y aller.

Mais bon, on a dû se répéter à plusieurs reprises «il est mieux d’être beau, Bouddha!»

Notre GPS nous a fait passer par un chemin plus que bizarre. On était carrément dans un petit quartier résidentiel et on est probablement les seules touristes à avoir emprunté ces routes! Sauf si Google Maps s’amuse à toujours les envoyer par là! À un point où on se demandait si on était perdues.

On est arrivées par l’arrière complètement du temple (Tōdai-ji)! On devait faire vite, car on est arrivées à peine une heure avant la fermeture. On avait tellement peur qu’ils nous disent qu’on ne pouvait plus y aller!
Heureusement, ça n’a pas été le cas. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais quand j’ai franchi la grande porte à l’entrée et que j’ai aperçu ce mastodonte en bois, j’ai eu le souffle coupé. Jenny aussi. Les deux, on a eu la même réaction. Une courte inspiration d’étonnement. On a carrément été frappées par sa grandeur, sa beauté, sa présence.
Dire qu’il est immense ne rend même pas justice à sa grandeur. Il est impressionnant. Fait d’environ 338 tonnes de cuivre et 16 tonnes d’or, il mesure 16 mètres de haut.

Tout comme le steak, il valait assurément le détour!
En quittant le site, on a fait la rencontre de toute la famille de Bambi. On avait expérimenté ça aussi en banlieue d’Hiroshima, mais à Nara, c’était encore mieux! Les daims se promènent en liberté partout. Bon, c’est certain qu’on nous déconseille de les flatter et de les nourrir, puisque ce sont des animaux sauvages. Mais ils sont tellement cutes! On en a flatté quelques-uns. C’était plus fort que nous!
Ils sont toutefois très dangereux pour les automobilistes.
 Parce que Bambi, il s’en fout pas mal des feux de circulation…

La ville a une équipe de basket qui se nomme les Bambitious. On l’a bien ri!
Il ne nous restait qu’une randonnée d’environ cinq ou six heures pour nous rendre à Yokohama. On pouvait dire «mission accomplie» pour notre journée de fou! Pour nous récompenser, on a acheté une boisson de type Boris dans une machine distributrice à la gare. On les aimait bien ces petites canettes! Elles coûtaient à peine 2$ et disons que la teneur en alcool était assez forte!

Dans le train, où c’était le calme plat, on avait un peu envie de fêter. Après tout, c’était un vendredi soir! Sauf qu’il n’y a pas de machines distributrices et on n’en avait pas acheté de plus. C’est donc avec grand bonheur qu’on a vu qu’une employée passait avec un charriot pour vendre des grignotines et de la boisson. Comme c’est écrit en japonais et qu’on ne comprenait rien – pour faire changement! –, on a choisi ce qui semblait le meilleur.

Erreur! C’était tellement dégueulasse! C’était une bière qui goûtait le Jack Daniel’s. Disons que ç’a freiné nos élans de beuverie ferroviaire!

Et c’est en toute fin de soirée qu’on est arrivées à Yokohama, dans le but d’aller voir le mont Fuji le lendemain. Mais bon, vous le savez peut-être, on allait tellement être déçues…

mardi 11 octobre 2016

Carhenge, le Stonehenge du Nebraska...

J’ai visité le fameux Stonehenge en Angleterre il y a deux ans et j’avais été un peu déçue. Lors de mon récent séjour dans l’ouest et le mid-ouest américain, je suis tombée par hasard sur une toute petite photo avec la mention «Carhenge».

Il n’en fallait pas plus pour que je veuille absolument aller voir ça!

Comme je l’ai expliqué dans mon précédent blogue, il n’y a pas grand-chose dans ce coin de pays. Cette attraction se trouve donc au milieu de nulle part. Mais genre, vraiment au milieu de nulle part. Ça prend des heures et des heures de «pas d’autoroute» avant de se rendre là.

Quand je me suis stationnée et que j’ai vu ces voitures grimpées les unes sur les autres comme les pierres en banlieue de Londres, j’ai éclaté de rire. Toute seule. J’ai dû avoir l’air un peu conne, mais en même temps, je me dis que tout le monde doit avoir la même réaction!
Quand on arrive, l’affiche qui explique cette «œuvre» commence par «En arrivant ici, votre première question est sans doute : Pourquoi? Eh bien… la réponse du créateur serait probablement : pourquoi pas?»

Ça donnait le ton pour la suite! Donc pour la petite histoire, Jim Reinder venait de passer sept ans en Angleterre et il est rentré aux États-Unis avec une grande inspiration. Il voulait créer une réplique de Stonehenge pour son patelin, soit Alliance, au Nebraska.

Comme il n’avait pas l’élément principal, c’est-à-dire des maudites grosses roches, il s’est dit «tiens, pourquoi ne pas utiliser des voitures?» Ah ben oui. Logique.
Les voitures d’antan ont à peu près la même «shape», c’est facile à trouver et c’est aussi facile de les transporter, puisqu’elles ont… des roues. Voilà donc une liste de raisons assez convaincante pour qu’il entame son projet.
Les 25 voitures originales ont été placées en six jours par les membres de sa famille. Il était donc bien fier de pouvoir dire qu’il a fait ça plus vite de 9999 ans et 51 semaines que l’originale. Il faut admettre qu’ils sont quand même drôles. Ils ont également enterré des capsules qu’ils devront déterrer 75 ans plus tard. Il reste une quarantaine d’années. C’est presque bientôt.

Au début, c’était moins beau par contre :
Le gris a son charme, maintenant.
On s’entend quand même pour dire que les chances que vous passiez par là un jour… sont assez minces!

Ah et juste avant de me rendre, je suis passée devant un «Rest Area» des plus bucoliques.
 Dommage, je n'avais pas envie.

samedi 1 octobre 2016

Qui peut bien visiter le Nebraska et le Wyoming? Moi, évidemment!

À force de parler de mes bottes de cowboy et de mes spectacles country, vous aurez compris que j’ai un petit côté «redneck». Sans le côté politique qui va avec et surtout, sans l’arme à la maison. Ne vous inquiétez pas!

C’est probablement pourquoi j’ai été agréablement surprise de mon dernier périple au beau milieu des États-Unis. Le but premier était d’aller voir des matchs de baseball et de football à Denver et de rouler jusqu’au mont Rushmore pour cocher ça sur ma «bucket list».

Je vous raconterai plus tard ces aventures, mais d’ici là, je vais vous parler de ce qui se trouve… entre les deux.

Tout d’abord, il n’y a pas grand-chose entre les deux. À vrai dire, il n’y a rien. Pas d’autoroute, pas de ville, souvent même pas d’âme humaine.
C’est long longtemps.

On a fait le trajet en motorisé. Mes parents ont traversé le Canada et sont revenus par les États-Unis, un voyage de deux mois, et moi, je suis allée les rejoindre en avion pour quelques jours. Je dirais qu’une maudite chance qu’on avait notre maison avec nous – pour vrai, j’avais oublié à quel point c’est l’fun le gros camping de luxe comme ça! – parce les hôtels sont plutôt inexistants sur le chemin! Ce n’est qu’environ cinq ou six heures de route, mais avec un gros «winnebago», c’est préférable de prendre son temps. On a donc roulé jusqu’à ce qu’on trouve un camping quelque part. En fait, je dirais plutôt «au milieu de nulle part». Il y avait un camping sur mon application «Around me», mais ce n’était pas le même que celui qu’on annonçait sur les affiches dans le village. Et par village, je veux dire comme dans les films, avec sur la route principale un saloon, quelques commerces et une école. Quand on a trouvé le camping, il était désert. À côté, un restaurant qui s’appelle juste «restaurant», avec une enseigne lumineuse au néon, qui est dans le stationnement d’un motel qui, vous l’aurez deviné, s’appelle juste «motel».

On entre dans le restaurant, où il n’y a que quelques clients, clairement des réguliers, une serveuse et un barman. La télévision (pas à écran plat), diffuse le Monday Night Football. Sans blague, j’avais le goût d’aller m’asseoir avec eux pour regarder la fin du match!

La serveuse nous indique que c’est le motel qui s’occupe du camping, qu’on doit aller dans le petit bureau à l’autre bout et sonner. Le gérant (probablement propriétaire et résident!) était super sympathique et est venu nous guider sur le terrain… avec son tracteur.

Aucune idée du nom de la ville. Mais c’était quelque part au Nebraska. Tout juste avant, on venait de voir un des plus magnifiques couchers de soleil qui soient!
Plus tôt dans la journée, on a fait un détour par Cheyenne, au Wyoming, parce que c’était une des seules villes en caractère gras sur notre atlas. Cette petite ville aussi avait ses airs «far west» qui m’ont beaucoup charmée. 
 
Il faut dire aussi qu’avec des bottes de cowboy géantes peintes un peu partout dans ce qu’on pourrait qualifier de «centre-ville» ET un magasin d’articles de bottes de cowboy et d’accessoires parfois douteux, c’était bien assez pour me conquérir!
 

Bon. Pour la prochaine confession, j’aimerais que vous ne me jugiez pas. Je suis vraiment tombée amoureuse d’une paire de bottes. Mais je ne les ai pas achetées. Et la raison est purement budgétaire. Mais je promets que je ne les aurais portées que le 4 juillet, aux States. Voici lesdites bottes :
J’ai tout de même conservé le catalogue. Au cas…

Pour ce qui est des accessoires douteux, on s’est gâtés. On peut maintenant se faire des œufs en forme de «gun». On ne l’a pas encore essayé. Et ça m’étonnerait que ça devienne un article essentiel à nos déjeuners!
À mon arrivée, je suis allée rejoindre mes parents dans la petite ville de Central City, à une vingtaine de minutes de Denver. Un magnifique village qui nous propulse dans les années de Lucky Luke, carrément! Casinos et saloons et petits restaurants, c’est à peu près tout ce qu’on trouvait sur la rue principale. 
 
Et je suis tombée sur un festival où le fait saillant du weekend était la course de vieilles voitures. Leur but était de se rendre tout en haut d’une très haute colline.
 
On a même eu droit à de mini pièces de théâtre à la western. C’était magique, je me sentais vraiment comme propulsée des dizaines et des dizaines d’années plus tôt!
 
J’ai adoré le petit côté western auquel je ne m’attendais pas vraiment durant ce voyage. Mais mon amour pour les États-Unis ne me poussera jamais à habiter dans une maison comme celle-ci, j’en fais une promesse solennelle! (L'image est laide parce que la photo a été prise rapidement à travers la fenêtre... et le moustiquaire!)