lundi 29 juin 2015

Le Fado, ou le serveur-chanteur-malhonnête

Question de s’imprégner pleinement dans la culture portugaise, on se devait d’assister à une soirée «Fado», qui veut dire «destin».

Qu’est-ce que c’est? Un chant qui leur est propre – tellement qu’il est certifié patrimoine de l’UNESCO – accompagné d’une ou de deux guitares et qui est surtout très près des émotions, que ce soit la peine, l’amour, la solitude, etc.

On avait eu un de la difficulté à trouver du vrai Flamenco – pas du «stagé» avec des costumes et des attrape-touristes – à Séville et on en a eu tout autant pour le Fado à Lisbonne. Je vous raconterai d’ailleurs notre séjour à Séville dans un autre billet.

Normalement, c’est super facile de trouver un resto-bar où on présente du Fado.

Sauf le dimanche.

Et c’est évidemment ce soir-là qu’on a choisi pour y aller. Après plus d’une heure de recherches sur Google et TripAdvisor, on en a enfin trouvé un qui avait très peu de commentaires, mais qui étaient tous excellents ou très bons. Mais l’endroit n’avait aucun site Internet pour nous aider. C’est que dans certains des clubs les plus reconnus, ça coûte une fortune y passer la soirée. On peut facilement recevoir une facture avoisinant les 50 euros par personne. Ça ne nous tentait pas.

Le quartier le plus reconnu pour ça est Alfama, près du château São Jorges (que l’on a aussi visité, à lire prochainement!). C’est un quartier avec des rues très étroites et beaucoup, beaucoup de côtes. Il y a aussi un tramway, ce qui lui donne des airs de San Francisco. Notre petit resto, Boteca Da Fa, s’y trouvait. Ça augurait donc bien. Sauf pour la partie où le chauffeur de taxi nous a admis ne jamais avoir entendu parler de cet endroit!

À notre arrivée sur place, on a tout de suite été conquises. C’était tout petit, super intime, une chanteuse était à l’œuvre et c’était le silence le plus complet dans la salle. En fait, détail important, on ne parle PAS durant les performances. Parce que si vous le faites, oh que vous allez vous faire avertir. Heureusement, on avait été mises au courant avant de s’y pointer.

Le serveur est même venu nous accueillir à l’extérieur du restaurant et a attendu la fin de la chanson avant de nous installer à notre table. C’est dire à quel point c’est silencieux.

On prend donc place et tout de suite, le serveur nous dépose du pain, du fromage et des charcuteries sur la table. On a rapidement appris en voyage que ce ne sont pas des «cadeaux» et que l’on doit payer pour ça, souvent qu’on y touche ou non. On a donc pris l’habitude de refuser et de retourner ces entrées, mais cette fois, on était affamées, alors ça tombait bien. Ce n’est habituellement pas super dispendieux, alors ça nous allait.

Le serveur nous demande si on veut du porto blanc. En fait, il exige plutôt qu’on essaie son porto blanc. Je refuse, pour la simple raison que je ne bois pas ça. Il insiste. Je refuse à nouveau. Il me dit que je dois absolument l’essayer pour y goûter. Je ne me souviens pas trop de mon acquiescement, mais quelques instants plus tard, on avait deux minuscules verres de porto blanc devant nous. Comme prévu, je n’ai que trempé mes lèvres et je n’ai pas aimé.

Après avoir pris nos commandes – les plats étaient tous à 10 euros, ce qui n’est pas cher! – il réalise que je ne bois pas mon porto. Je lui répète que je n’aime pas ça. Insulté, il le prend, sauf que c’est là où nous avons fait une erreur de débutantes. On avait tenu pour acquis que c’était une dégustation, car il avait amené ça à chaque personne dans le restaurant. Alors on a dit qu’on le garderait et que Jenny boirait les deux. Sinon il aurait dû le jeter de toute façon.

Il l’a remis sur la table avec beaucoup trop d’attitude. Bizarre, car jusque-là, il était quand même sympathique, même s’il refusait d’accepter le fait qu’un être humain puisse ne pas boire de porto.

Le service de la boisson et de la nourriture se fait entre les petits spectacles, qui durent environ 15 à 20 minutes chacun. Je rappelle que pendant ce temps, il faut garder le silence. Mais il ne faut aussi surtout pas avoir besoin d’aller au petit coin, car il n’y a qu’une salle de bain… dans le coin du resto (voir photo un peu plus bas). Et il n’y a pas de plafond. Je ne sais pas, mais une toilette à aire ouverte, dans le resto et à côté des chanteurs, me semble que c’est un peu la pire idée de l’histoire des toilettes de resto…

On commençait à être un peu fatiguées quand ils ont à nouveau éteint toutes les lumières, gardant qu’une petite lueur rougeâtre pour l’ambiance. Pas le temps de demander l’addition donc, d’autant plus qu’à notre grande surprise, le nouveau chanteur, eh bien c’était notre serveur.

Mais quelle voix! C’était vraiment très beau. Même si on ne comprenait absolument pas les paroles. 
Pour le spectacle, cet endroit est parfait. Sauf que c’est par la suite que ça s’est gâté.

Après son tour de chant qui a encore une fois duré près d’une vingtaine de minutes, il est allé jaser et fumer à l’extérieur. Toujours pas de facture.

À son retour, on lui fait signe et il nous dit simplement d’attendre. Ouais, ok. Mais ma patience commence à avoir ses limites, d’autant plus qu’on a eu une longue journée. En fait, 10 longues journées de suite. Mon lit m’appelait. Il avait intérêt à ne pas trop me faire attendre.

Une autre prestation commence et il nous dit qu’on doit rester pour celle-ci. Je dis un «oui» légèrement exaspéré, mais je lui tends la carte de crédit pour au moins régler l’addition, question de pouvoir partir en douce entre deux chansons.

Il me fait signe qu’ils ne prennent que l’argent comptant. Euh, ça c’est le genre d’information qui aurait été pertinente de savoir dès notre arrivée, parce qu’il n’y a aucun guichet dans le resto. Ni à un kilomètre à la ronde, a-t-on appris à nos dépens quelques instants plus tard.

Après avoir essayé de lui demander plusieurs fois comment on pouvait aller chercher de quoi payer, il me fait enfin signe que «quelqu’un» va s’occuper de nous. Les délais entre chaque intervention de notre chanteur-serveur-que-j’aimais-de-moins-en-moins étaient longs. Ma patience avait complètement disparu. Je me suis finalement levée et j’ai accroché celle qui semblait être la propriétaire. Un autre chanteur se propose pour aller au guichet avec Jenny, après avoir dit «ben là, vous pouvez y aller, c’est sécuritaire les rues ici». Ouais, mais ton ami venait de nous dire que c’était «tellement compliqué qu’on ne pouvait pas y aller seules».

Jenny part donc avec l’inconnu arpenter les rues à la recherche d’une banque.  Pendant ce temps, je reçois la facture. Et par facture, je veux dire ça :
Eh boy.

Donc je constate que non seulement les verres de porto étaient 5 euros chacun, mais en plus, on nous chargeait un total de 12 euros pour les entrées. Heille, c’est quasiment 20$, ça. Cinq euros juste pour le pain. Mais 10 pour un steak de veau, sauce, frites et riz? Petit problème de proportion ici.

Bref, je suis tellement écœurée d’être là que je chiale parce que je ne veux pas payer le porto imposé. Du moins, le deuxième. Je sais, on les a bus. Mais me faire ajouter 22 euros sur ma facture sans qu’on m’ait dit quoi que ce soit, même si je m’en doutais un peu, ça m’insulte quand même.

Je m’obstine donc et il se fâche, m’arrache la facture des mains et raye un porto. J’ai juste le goût de sortir du restaurant sans payer. Et ça ne m’arrive jamais.

Pendant ce temps, Jenny n’est toujours pas revenue. Nul besoin de dire que je commence un peu à m’inquiéter. Après tout, il a beau être un des chanteurs de la place, il a peut-être des mauvaises intentions.

Elle est revenue au bout de 17 minutes. C’est long! Elle m’explique que les guichets dans les rues ne sont pas remplis le weekend et donc qu’elle est tombée sur deux d’entre eux qui n’avaient plus d’argent à l’intérieur. Un détour de plus d’un kilomètre, dans des côtes tellement à pic qu’il y a des escaliers au lieu des trottoirs…

J’ai payé. Enfin. Avec un beau «pas de sourire» dans la face. Ni de merci. Parce qu’entre le moment où on a demandé de payer et notre sortie, il s’est écoulé environ une heure et demie.

Donc le fado, c’est ben beau là, mais ce n’est malheureusement pas le souvenir qui me restera en tête quand je repenserai à ce resto.


Et il vient de se mériter son premier mauvais commentaire sur TripAdvisor…

mardi 23 juin 2015

La bitch du hop on hop off

On est à Madrid. Mon amie Sabrina est venue nous rejoindre à Madrid pour une grosse journée et demie.

Notre plan de la journée était simple : faire un premier circuit des autobus de type «Hop on Hop off» (Madrid City Tour ici) et d’arrêter visiter le stade où joue le Real Madrid.

Le reste, on se contenterait d’admirer le paysage urbain tout en écoutant la description automatisée dans nos écouteurs.

En sortant du stade, il pleuvait abondamment. On devait donc nous contenter de rester au premier étage du bus – on a essayé le haut qui était recouvert d’une toile, mais après avoir pris une douche, on est descendues à l’abri.

Au bout de plusieurs arrêts, on a réalisé que ça faisait un trop long moment qu’on n’entendait que la petite musique et aucune narration. Jenny se lève et va voir l’employé qui répond : «Oups! J’ai oublié d’appuyer sur le bouton».

Quelle conne.

En plus, elle textait tout le long.

On était un peu fâchées, parce qu’on lui a fait remarquer son oubli quelques instants à peine avant de débarquer. Il était donc un peu trop tard. On va donc la voir et demander si on pouvait avoir un quelconque dédommagement parce qu’on avait raté la moitié de la visite guidée et qu’on n’aurait pas le temps ni l’intérêt, de la refaire.

C’est là que ça s’est gâté. Elle a rapidement monté le ton en riant un peu de nous, disant que non, on n’aurait jamais de remboursement quelconque.

J’ai comme eu le feeling que les choses allaient mal tourner, surtout qu’on venait de lui dire qu’on ferait une plainte en raison de son attitude et qu’on voulait son nom. Elle a arraché son «name tag» pour nous le montrer en disant qu’elle n’en avait rien à foutre.

J’ai donc commencé à filmer la scène subtilement avec mon téléphone.

Elle s’est emportée et a dit et je cite : «Your life must be really boring do to things like that», en riant de façon arrogante.

La discussion s’est poursuivie, alors qu’on a à notre tour perdu patience, indignées de s’être fait répondre ça.

Et elle en rajouté.

«Your life is SHIT», en étirant le dernier mot.

La bitch.

À ce moment, Jenny aussi avait commencé à filmer. Elle lui demande alors si elle est assez brave pour répéter ça à la caméra. Oh que sa face a changé. Mais elle a rapidement repris son attitude hautaine en riant de Jenny.

Le bus allait repartir, alors on est sorties tour à tour. Sauf que moi, j’ai lancé un «Bonne chance pour te trouver une nouvelle job» et ce que je ne savais pas, c’est que Jenny, derrière moi, lui a dit qu’elle aurait du plaisir à se voir sur YouTube.

Comme il pleuvait, on s’est réfugiées dans le Dunkin Donuts juste devant. On se retourne et on voit la bitch, qui venait sûrement de réaliser sa gaffe. Elle s’est jetée sur nous tel un taureau qui voit du rouge. Elle n’avait qu’une idée en tête : nous faire effacer nos vidéos. 

Bonne chance, la grande.

Elle a d’abord clamé qu’on n’avait pas le droit, que c’était illégal, et en grand désespoir de cause, qu’elle allait téléphoner à son patron pour lui dire ce qu’on avait fait.

Quand on a répondu que ça nous ferait plaisir de lui parler et de la lui montrer, elle a changé de ton. Le chauffeur l’a appelée, car elle retardait tout l’autobus. En panique, soyons honnêtes.

Voici donc ladite vidéo:


Bref, il y en a une qui ne dormira pas ce soir. Et nous, on a une plainte à faire demain!

dimanche 21 juin 2015

Les aventures des boucles d’oreille perdues

Vous savez la maudite phrase «jamais deux sans trois»? Eh bien je m’en serais passé ce soir.

Ah oui et «chercher une aiguille dans une botte de foin»? Même affaire.

C’est que c’était notre deuxième et dernière journée à Barcelone – à un moment donné, je vais bien finir par avoir le temps de vous parler un peu de ce voyage et non pas juste des mésaventures! – et on voulait partir vers 22h, car on avait une heure et demie de route à faire pour se rendre à Tarragone, question de se rapprocher un peu de Valence, notre prochaine destination.

On adore faire les «hop on hop off», ces autobus à deux étages «décapotable», où on peut débarquer et rembarquer comme on le veut sur le circuit touristique. À Barcelone, il y en avait deux, la ligne verte et la orange. Après avoir complété la première (avec environ quatre heures de retard sur notre planning…), on a voulu faire la deuxième. Une fois embarquée dans ce bus, on se fait dire qu’il ne reste qu’un arrêt et qu’on a raté le dernier tour d’une heure. Les horaires n’étaient pas vraiment précis, mettons.

Bref, tout ça pour dire qu’on a dû prendre le métro, changer de station et marcher un peu pour voir notre toute dernière attraction : La Plaça Espanya.
Après avoir pris 1001 photos, on a rebroussé chemin pour reprendre le métro jusqu’à la voiture. Par réflexe, je touche à mes boucles d’oreille, c’est une manie que j’ai, une peur de toujours les perdre. Et je dois préciser que ce ne sont pas n’importe quelles boucles d’oreilles. Ce sont mes PRÉFÉRÉES de la vie. Je suis en amour avec elles depuis que je les ai achetées il y a quatre ans et elles valent quand même un peu cher. Mais elles sont surtout magnifiques et comme elles sont d’une designer, c’est un modèle qu’on ne peut plus retrouver en boutique. Bref, j’y tiens.

Petite touche à droite, elle est là. Même chose à gauche. Oh oh. OH NON. Mon oreille est toute nue. Rien n’y est attaché. Je capote, vérifie par terre, commence à paniquer.  Et pour préciser le «jamais deux sans trois», c’est que j’en avais perdu une que j’avais retrouvée à côté de ma voiture dans mon stationnement et je les avais aussi perdues de vue après mon retour du Mexique, pour réaliser au bout de deux mois qu’elles étaient juste encore dans ma valise.

(Pour ceux qui se disent «c’est juste du matériel, ça se remplace», eh bien sachez que non, ça ne se remplace pas, une valeur sentimentale comme ça)

Je cherche sur les photos pour voir à quel moment le bijou a disparu et je crois l’apercevoir sur une des photos qu’on vient de prendre. On retourne donc sur nos pas, pour scruter chaque parcelle de trottoir jusqu’à la Plaça. En vain. Je suis au bord des larmes, la fatigue n’aidant pas.

De retour dans le métro, j’accroche un employé et à l’aide de Google Translate, je lui demande s’ils ont des objets perdus. Au début, il comprend que j’ai «perdu quelqu’un» et me demande son numéro de téléphone. (Si j’avais perdu quelqu’un et que j’avais son numéro, on s’entend que je l’aurais appelé…) Puis il comprend que c’est un bijou. Il éclate de rire en disant que j’avais très peu de chance de retrouver ça. Mais il me donne le nom de la station où je dois me rendre pour parler à la direction. C’est ouvert juste le lendemain et de toute façon, ça n’aurait servi à rien.

Je ne peux cesser de penser à ma boucle d’oreille. Je suis même déjà en train de préparer dans ma tête le message que je vais envoyer à la designer dans l’espoir qu’il reste une paire quelque part dans les entrepôts… Puis je regarde à nouveau les photos et remarque que je ne l’avais finalement pas à la Plaça. Je décide donc de retourner là où on a changé de métro. C’est que j’ai déduit qu’elle était tombée lorsque j’avais enlevé la ganse de ma sacoche autour de mon cou. Donc, la dernière fois était à cet endroit : La Plaça de Catalunya.

Malheureusement, je n’ai pas pris de photo de moi à cet endroit, alors je ne peux vérifier si je l’avais toujours. On retourne à cette station de métro, fait le tour, observe sous les bancs de l’aire d’attente. Toujours rien.

Pendant tout ce temps, je prie très fort Saint-Antoine-de-Padoue, le patron des objets perdus, en lui promettant un tas de choses.

Je décide de sortir et de retourne à l’extérieur, sur cette place immense, pour poursuivre mes recherches. Mais juste avant de franchir les tourniquets du métro, je regarde à nouveau mes photos. En attendant le bus de la ligne orange, on a pris une photo sur un banc super original. Je remarque que je ne porte qu’une seule boucle d’oreille. Donc je l’avais déjà perdue. Puis, tout juste avant, on s’était photographiées devant cette superbe maison de Gaudi :
Les deux sont là. Déduction : c’est entre ces deux photos que je l’ai perdue. Un regain d’espoir m’envahit. Même si mes jambes étaient si lourdes que j’avais du mal à me déplacer. C’est qu’on en avait tellement fait dans la journée! Jenny aussi était découragée. Et tannée. Je peux la comprendre, on cherchait littéralement une aiguille dans une botte de foin.

On retourne ainsi en métro, pour refaire le trajet entre la maison (Casa Batllo) et le banc. C’est mon dernier espoir. Selon les heures sur mon téléphone, il s’était déjà écoulé deux heures et quart depuis qu’on avait quitté cet endroit.

Je marche, cherchant partout un petit truc scintillant. On arrive au banc, il y a deux personnes assises dessus. J’allais leur demander s’ils ont vu quelque chose quand mon regard se tourne sur la pancarte d’arrêt de bus. Je baisse les yeux et je la VOIS.

J’ai couru comme une fillette dans un magasin de bonbon et je l’ai récupérée par terre comme si c’était la huitième merveille du monde. Ne me jugez pas, une fois le stress tombé, j’en avais les larmes aux yeux. (Bon, OK, j’ai pleuré un tout petit peu)

Je n’en reviens toujours pas. Mon arrière-grand-mère Alice avait bien raison d’affectionner St-Antoine-de-Padoue, son «Saint» favori. Il est efficace!

Pour vous donner une idée, voici le chemin parcouru aller-retour pour retrouver mon bijou si cher à mes yeux.
J’ai promis de ranger ma paire dans un endroit sécuritaire et de ne plus les porter du voyage. Pas sûre par contre que je vais tenir promesse. Parlant de promesse, il y en a une tonne que je dois maintenant tenir… j’en ai fait pas mal à «Tony» pour qu’il m’aide sur ce coup…

samedi 20 juin 2015

Ça ne peut jamais bien aller dans un aéroport

Je vous écris de l’avion, direction Barcelone. Et déjà, on a eu notre lot de péripéties…

Il faut dire que j’ai un karma de marde plutôt mauvais avec les aéroports. Rares sont les fois où tout se passe sans anicroche.

Quand ce n’est pas une compagnie qui oublie de payer le vol sur lequel elle m’a transférée, c’est moi qui perds mon laptop à Londres, ou qui passe près de faire une Michèle Richard de moi-même en embarquant dans le mauvais avion. Ça, c’est quand je ne le manque pas.

Cette fois, on n’avait même pas encore franchi la sécurité que ça s’était déjà gâté.

Mise en contexte : on a loué une voiture à Barcelone, car on roulera jusqu’à Séville, avec des arrêts prévus à Valence et à Madrid. Comme mon permis de conduire international est expiré, je suis allée le refaire. Et comme je suis la personne la plus à la dernière minute que je connaisse, j’y suis allée à 19h30. Ça fermait à 20h… et notre vol était à 23h10. Sauf qu’on n’avait pas besoin d’arriver super tôt. J’avais réservé notre place pour la fouille et on devait passer à 21h55. On avait donc amplement le temps.

Une chance.

Une fois que notre lift nous a déposées à la porte et qu’on s’est dit au revoir, j’ai fait emballer ma nouvelle valise. L’an dernier, mes deux (la grosse et la petite, cette fois j’ai commandé la moyenne pour compléter l’ensemble) avaient mangé la claque. Un seul tour de carrousel et elles étaient pleines de grosses marques noires. Donc cette fois, je n’ai pas pris de chance. J’ai payé les 10$ nécessaires pour faire emballer ma valise. C’est mieux que tous les cadenas du monde ce truc, car même avec beaucoup, beaucoup d’efforts, impossible d’ouvrir la fermeture éclair.

Toutes contentes d’être à l’heure – j’ai couru partout avant de partir pour trouver ma caméra GoPro, en vain… – on est dans la file pour déposer nos bagages.

C’est là que j’ai un flash.

Je n’ai PAS mon permis international. Oui, celui que je venais à peine de faire faire. C’est que dans un élan de panique parce que ma valise n’était toujours pas terminée quelques minutes avant de partir, j’ai vidé tout le contenu de mon petit sac à main qui me servirait pour les visites, pour le mettre dans la valise. Et c’est dans cette sacoche que j’avais mis mon permis. Je me souviens très bien de l’avoir simplement vidée en la virant à l’envers et en laissant tout son contenu sur la table de la cuisine. (Je vais faire du ménage à mon retour, promis)

J’appelle mon amie pour lui demander de faire un demi-tour illico et de retourner chez moi. C’est que ce permis est obligatoire en Espagne et si on se faisait arrêter par la police et qu'on n'avait pas ce document, c'était une amende de 200 euros et la saisie immédiate de la voiture. On s’entend que notre voyage aurait été à l’eau.

- Ben là! Je suis déjà rendue à Saint-Anne-de-Bellevue! me répond mon amie.
- Tu dois faire demi-tour, maintenant!
- On n’aura jamais le temps, voyons!
- Pas le choix. S’il te plaît…

Elle a accepté de rebrousser chemin, à condition que pendant ce temps, je vérifie dans ma valise que je l’avais bel et bien oublié.

Oui, ma valise cadenassée de «saran wrap».

On essaie d’abord d’enlever juste le dessus et d’entrer notre main pour y aller à tâtons. C’est peine perdue. L’espace est tellement restreint que ça prendrait presque des outils pour nous sortir le bras de là.

La préposée au comptoir de la compagnie aérienne – qui était vraiment géniale – me dit que je devrais retourner voir les gars qui l’ont recouverte, qu’ils pourraient sûrement m’arranger ça. Ouais, mais j’ai pas envie de repayer.

Oui, après avoir dépensé une fortune pour un billet de hockey, ça m’arrive d’être cheap.

- Je les connais, je vais aller les voir et t’arranger ça, me dit-elle.

Elle revient et me confirme qu’ils vont me la réemballer, mais qu’ils demandent d’essayer de ne pas tout enlever. Facile à dire.

Voilà le résultat :
Tout ça… pour confirmer que mon permis n’est pas dans mes affaires. Mon amie poursuit donc sa route et le trouve, comme je l’avais dit, sur la table.

Pendant ce temps, je retourne voir le «préposé à la pellicule plastique», qui regarde ma valise avec une légère frustration.

Heille. Ne me juge pas, je n’avais pas le choix, dude.

- Tu veux la faire refaire au complet?
- Ben, juste la partie qu’on a dû couper.
- Et tu ne veux pas payer, c’est ça?
- Pas vraiment, non. La fille m’a dit que c’était correct.

Il ne dit rien, mais je sens qu’il est contrarié. Comme je n’ai pas envie de «dealer» avec une telle attitude, je lance :

- Ben là. C’est pas comme si vous alliez être short en «saran wrap».
- Oui, je vais l’être de 8$.
- Quoi? Voyons, t’as refait deux petits tours avec.
- Oui, sauf que c’est 8$ de moins dans mes poches. C’est moi qui vais le payer.
- T’as juste à pas me le charger…
- Je ne peux pas, c’est numéroté.

Ça, je déteste ça. Demande-moi le 8$, explique-moi avant de commencer la manœuvre que je n’aurai pas le choix de payer. Fais n’importe quoi. SAUF me faire sentir cheap parce que tu paies à ma place.
Euh, non. Tu paieras pas ça de ta poche, je vais aller te chercher le 8$.

En passant, j’ai raté le mémo qui disait que ça passait de 10$ à 8$?

- Non, c’est beau. Je vais le payer.
- Heille. C’est pas vrai que tu vas me laisser partir en voyage en me sentant coupable de te faire payer 8$ de ta poche. Je VAIS payer.

Obstination ridicule. Il ne veut rien entendre. Je prends ma valise, tourne les talons et reviens aussitôt avec un billet de 20$. Après, évidemment, avoir dit des choses pas très gentilles à son sujet à mon amie et à la préposée d’Air Transat.

Il n’a rien voulu savoir de mon argent.

- Non, garde-le. Et tu feras une bonne action pour quelqu’un d’autre une autre fois.

Bon, il se prend pour Chantal Lacroix maintenant! Ah pis de la merde, je repars avec mon billet vert. Il n’y avait rien à faire avec lui.

Il est 22h15 environ quand je rappelle mon amie pour savoir où elle est. On commence à paniquer un peu, car il reste moins d’une heure avant le décollage et on n’est toujours dans l’entrée de l’aéroport. J’ai bondi sur sa voiture comme un lion sur un morceau de viande.

Évidemment, Parmelie a pris soin de me traiter de «retardée» à tue-tête jusqu’à ce que j’entre à nouveau dans l’aéroport. En courant. Avec des gougounes qui glissent. On aurait dit une catastrophe assurée.

Course dans les corridors déserts jusqu’à la sécurité, où on est heureusement passées en moins de deux minutes. Puis, autre course jusqu’à la porte numéro 15, qui était évidemment la plus loin. Deux vraies folles qui courent – ou essaient de courir sans tomber et sans mourir pour cause de manque d’air – jusqu’à la porte, où on arrive en sueurs, les cheveux en bataille.

Ce n’était même pas notre tour à embarquer. Finalement, on avait… une bonne vingtaine de minutes d’avance!

Un problème de scanneur plus tard, qui a fait en sorte que Jenny n’a pu passer tout de suite après moi et qu’elle a dû refaire l’interminable file pour passer (pendant ce temps, je faisais la circulation parce que les gens avaient beaucoup de difficultés à comprendre le principe qu’une porte fermée et verrouillée où c’est écrit «personnel autorisé seulement», à côté d’une porte OUVERTE où vont tous les gens, ça porte à confusion..

Il semblerait que le scanneur n’avait pas fonctionné avec moi, car on a crié mon nom une fois dans le petit autobus où il y avait trop de couleurs à mon goût.
Bref, si on avait voulu passer incognito, on aurait vraiment manqué notre coup.

Donc c’est ça, on est maintenant rendues.

Viva Espaṅa! (Et surtout les tapas et les beaux Espagnols)

mercredi 17 juin 2015

La coupe Stanley : frissons, émotions... magie

Je rêvais de voir la coupe Stanley. Je l’ai maintenant vue deux fois en deux ans (trois, en saisons de hockey).
Le feeling que l’on vit quand on est dans les estrades est difficile à décrire. La dernière fois, j’étais à Boston. Il devait y avoir deux ou trois milliers de partisans des Blackhawks dans les estrades. Cette fois, pour la première fois depuis 1938, c’est à domicile que les Hawks ont soulevé la coupe. Faut le faire, trois championnats en six saisons, avec la parité, le talent et surtout le plafond salarial de la ligue. Chapeau aux Hawks, vraiment.

Mais au-delà de toutes ces raisons «hockey», cette victoire est d’autant plus spéciale parce que l’atmosphère qui règne au United Center est de loin la meilleure que j’ai vue de ma vie. Chaque fois que j’y suis allée, j’ai été renversée. Que ce soit un match de saison qui ne veut rien dire contre les Hurricanes de la Caroline ou encore le match pour la coupe, c’est pareil. Les partisans sont juste en feu.
 
 J’en ai déjà parlé, mais ça commence avec l’hymne national. On ne l’entend même pas tellement les gens crient. Ensuite, les «Let’s go Hawks!» donnent la chair de poule. Et les «We want the cup!»? C’est juste fou.
Tout le monde porte un chandail des Hawks. Tout. Le. Monde. Pas de partisans en complet-cravate ici, oh non! C’est à croire qu’il y a un code vestimentaire où le magnifique chandail rouge est obligatoire.

Lundi, je n’ai vu aucun chandail du Lightning. À part ceux sur la glace, c’est tout dire! Et ce n’est pas parce que les Hawks les interdisaient, comme le Lightning l’a fait en séries. Leur truc n’a pas marché, et j’espère qu’ils ne répéteront pas l’expérience dans les années à venir!

Revenons au match.

J’ai passé les deux journées précédentes à ne pas y penser, sachant que j’allais être nerveuse! Je suis déjà passée par là et en 2013, ce qu’ils avaient joué avec mes nerfs! Je rappelle qu’ils tiraient de l’arrière avec moins de 90 secondes à jouer dans le match no 6 et qu’ils avaient marqué deux buts en 17 secondes, dont le dernier avec 58,3 secondes au cadran. Imaginez l’onde de choc que cela avait causé à Boston…

Cette fois, il a fallu attendre en fin de deuxième période avant d’avoir un but. Merci, Duncan Keith. Les partisans, jusque-là quand même assez nerveux, ont explosé. Un méga soulagement collectif. Pendant tout ce temps où c’est 0-0 et qu’on sait que le pointage peut basculer d’un côté ou de l’autre, les questions qui viennent en tête, ce sont : «Mais pourquoi j’aime le hockey? Pourquoi est-ce que je m’inflige tout ce stress inutile? Je n’ai même pas de plaisir en ce moment.» Sauf que quand les Hawks marquent, on oublie tout ça, car c’est tout simplement magique ce qui se passe dans leur amphithéâtre. La chanson Chelsea Dagger résonne à tue-tête et les 22 000 personnes la chantent en chœur en tapant des mains. Puis le stress revient tranquillement. Un seul but d’avance, c’est très peu. Surtout contre le Lightning.

La deuxième se termine et cette fois, ils ont réussi à garder leur avance. Ce qu’on pouvait lire sur le visage des gens? Vingt minutes. Vingt petites minutes. C’est tout ce qui restait avant d’être témoin d’un moment qui resterait gravé dans la mémoire de tous les gens sur place à tout jamais.

Vingt minutes, c’est court dans une vie. Mais une période de hockey quand la coupe Stanley est en jeu… Dieu que ça peut être long!

Chaque fois qu’une minute était retranchée au cadran, on sentait un soupir – encore une fois collectif, la foule n’était qu’un! – et il y avait toujours queiqu’un pour crier le nombre de minutes restantes. Dix-huit… Quinze… Ouf, Dix. La moitié de faite.

Chaque fois que la rondelle se trouvait sur la palette d’un joueur en blanc et bleu, il y avait sûrement 22 000 âmes qui priaient en même temps.

Les arrêts de Corey Crawford mettaient fin à ces prières et permettaient de respirer encore quelques secondes.

C’est vraiment long une période.

Personne ne veut dire que «ça sent la coupe». Faudrait surtout pas «jynxer». Les sourires commencent à s’agrandir sur les visages des fans.

Moins de six minutes. Les Hawks s’en viennent attaquer le filet juste devant moi. Et sur une passe parfaite, Patrick Kane fait 2-0. Je ne trouve pas les mots pour décrire la joie. On saute, on crie, on donne des «high five» à des inconnus. Le visage de Kane, dont le sens du spectacle est inné, apparaît sur l’écran géant. On voit dans ses yeux qu’il le sait. Il sait qu’il va soulever la coupe à la fin la soirée. Mais il reste 5:16 à jouer. Et le Lightning joue pour sa vie, pour ses chances de gagner la coupe lui aussi. Il ne faut surtout pas les compter pour battus, car on se souvient tous de leur but avec une seconde à jouer contre le CH…

Pour ajouter à l’angoisse de tous ces partisans dont les palpitations cardiaques s’accélèrent au fur et à mesure que les secondes au tableau s’égrènent, les Hawks écopent de leur première pénalité et le Lightning en profite pour retirer son gardien. Six joueurs contre quatre. Mais un filet désert. La situation est presque insupportable et chaque dégagement procure un soulagement intense, car il nous rapproche de ce moment où l’on entendra enfin la sirène finale.

Un poteau touché, des cris dispersés, les secondes qui filent. Le petit garçon devant moi qui répète «The cup is OURS!» Les derniers instants étaient presque irréels. Et le décompte des 10 dernières secondes a été entonné par chaque individu sur place.

BOOM. Une autre coupe.
Et moi, pendant ce temps? Eh bien je retiens mes larmes. Si la première coupe a été une surprise et que j’ai à peine eu le temps de réaliser ce qui se passait vu l’issue rocambolesque du match, celle-ci, j’ai pu la voir venir. Et je vais la savourer encore longtemps.

Jamais deux sans trois dit le dicton. Est-ce qu’on se donne rendez-vous dans deux ans, Lord Stanley et moi?


D’ici là, je vais essayer de rembourser la carte de crédit que je viens de remplir… 

lundi 15 juin 2015

Une autre folie : Chicago, prise 5

Eh oui, je suis à Chicago. Encore.

Pour résumer ce que je fais ici, voici la discussion qui a eu lieu entre ma conscience… et moi, lorsque les deux équipes finalistes pour la coupe Stanley ont été connues.

«Ce serait pas super raisonnable d'aller voir le match no 6 de la finale de la Coupe Stanley. T'es allée il y a deux ans» - ma conscience.

«Raisonnable? C'est quoi ça? Come on. C'est la finale» - moi.

Ma carte de crédit 1 - Ma conscience 0

J’ai donc acheté mon billet pour le match no 6 de la finale de la Coupe Stanley, à Chicago, quelques jours avant le début de cet affrontement ultime. Seule certitude : si ce match avait lieu, une des deux équipes mènerait 3-2 et aurait la chance de soulever la coupe devant moi.

Cette équipe, ce sera finalement les Hawks. Je vous laisse deviner si ça fait mon affaire ou non!
Ne me demandez toutefois pas combien j’ai payé pour mon billet. Comme ç’avait été le cas en 2013, je ne le divulguerai pas. Mais une petite recherche rapide sur Stubhub m’a permis de constater la veille de la rencontre que les billets dans ma section se vendaient maintenant entre 1570 et 2100 USD… Mais rassurez-vous, les prix ont explosé après la victoire des Hawks dans le match no 5. J’aurais pu le revendre et faire du profit, mais, euh, comment dire… JAMAIS j’aurais fait ça?!

Tout ça pour dire que je serai dans les estrades lundi soir pour ma deuxième finale de la Coupe Stanley en trois saisons. C’est d’ailleurs lors de ce premier voyage un peu fou qu’était né «Rondelles et sacoches». Deux ans déjà, le temps passe vite!

Cette fois, je n’avais pas vraiment envie de faire toute cette route toute seule. J’ai donc obligé proposé à ma mère de m’accompagner. Elle est retraitée et a donc un peu de temps libre et elle n’avait également jamais visité la Ville de Vents, ma préférée en Amérique du Nord. J'avais hâte de la lui faire découvrir.

C’est donc en début de soirée samedi qu’on a pris la route. On a regardé les deux premières périodes du match no 5 sur mon iPhone, sur la longue et très plate 401. Le temps de la troisième, on a élu domicile sur une banquette d’un Moxie’s en banlieue de Toronto.

J’ai ensuite roulé jusqu’à London où on s'est arrêtées - tard - pour dormir. La journée avait été longue, mais rien comparé à celle qui allait suivre!

Arrivées à Chicago vers 15h dimanche, on n’a tout simplement pas arrêté. Je vous reparlerai dans un prochain blogue de notre visite éclair de tout ce qui se trouve sur Michigan Avenue entre la 8th et Chestnut St. Un petit calcul rapide sur Google Maps me permet d’estimer notre marche de la journée à environ 8 km. En touristes avec des sacs (je suis arrêtée dans une certaine boutique souvenir…), des gougounes et surtout une température dépassant les 31 degrés Celsius sans même l'indice humidex, c’est épuisant! J'ai les pieds en compote.

Ajoutez à cela un tour en bateau et l’observation du haut d’une tour, le tout couronné par une deep dish pizza et vous avez un aperçu de mes neuf dernières heures.

Bref, je suis brûlée, alors le tour de ville virtuel devra attendre encore quelques jours, désolée!

Mais pour vous faire patienter, voici tout de même un aperçu de cette magnifique ville, du haut de la terrasse de la Trump Tower & Hotel, où on a croisé un certain Jeremy Roenick!