jeudi 28 avril 2016

Voyager seule en Égypte, ça rend... paranoïaque

Partir pour aller voir les mystiques pyramides d'Égypte, c'est s'attendre à réaliser un rêve, à vivre des instants magiques.

Mais ça vient aussi avec un bémol. C'est qu'un certain stress planait autour de mon périple au Caire. Avec tout ce qui se passe présentement dans le monde, avec les frontières qui sont dangereuses dans tout ce qui est «près» de la Syrie, ce ne sont pas nécessairement les endroits les plus attrayants pour un voyage. Surtout pour une fille, surtout si elle voyage en solo.

Le tourisme étant en très forte baisse là-bas, j’ai trouvé un hôtel cinq étoiles à deux pas des pyramides pour un prix ridicule. Je me suis même permis de payer un petit extra pour avoir une vue sur les pyramides de mon balcon. Tant qu’à y être! Je me demandais bien ce que ça allait donner une fois sur place puisque le prix n’allait pas du tout avec le nombre d’étoiles, mais je n’ai pas été déçue, car voici la vue que j’avais : 
Mais avant d’arriver dans cette magnifique chambre, j’ai vécu quelques périodes d’angoisse. Et je ne parle même pas de toutes les personnes qui m’ont lancé des «Ouf, tu es courageuse» avant de partir.

Commençons par l’arrivée à l’aéroport.

Bon, je dis aéroport, mais je ne suis pas certaine que ça mérite ce mot. C’était plutôt comme un vieux gymnase d’école primaire avec des petites cabines pour les douaniers. Je me mets en ligne et j’attends. Longtemps.

Une fois que c’est à mon tour, il fouille dans les pages de mon passeport et me dit «tu n’as pas de visa?» Merde. J’ai complètement oublié de vérifier ça – oui, ça m’arrive de ne pas être à la hauteur côté planification et ce voyage est mon top 1 dans cette catégorie. Pas grave, je dois juste aller en acheter un à l’autre bout de la pièce, là où derrière une vitre sale sous l’écriteau «Travelers' choice» se trouve un bureau de change. À noter ici que «visa» veut tout simplement dire «payer 25 USD pour entrer dans le pays».

Je sors ma carte de crédit, ne sachant pas que puisque c’est un bureau de change et que ma carte ne fait aucune différence, j’allais avoir des frais supplémentaires de 5$, cela étant considéré comme une avance de fonds.

Bref, je reviens, fais étamper mon passeport et me dirige vers la sortie. Au loin, je vois des kiosques de compagnies cellulaires. N’imaginez pas des installations du genre «boutique au milieu d’une allée au Carrefour Laval», non. Plus un genre de comptoir devant un genre de banderole…

Bonne nouvelle, je peux acheter une carte SIM juste pour avoir Internet sur mon cell africain (j’ai découvert après six semaines ici que je pouvais aussi partager ma connexion en wifi avec celui-ci, même s’il est «cheap» et donc avoir le wifi sur mon iPhone en tout temps). Génial!

Le gars me demande mon passeport pour compléter le contrat. Une fois la carte installée dans mon téléphone, je sors ma carte de crédit.

«Cash only», me dit-il.

Shit. Bon, alors où est le guichet? Évidemment, il était AVANT de passer les douanes. Je pars donc en courant pour y retourner. Un homme m’accoste. Je dois d’abord dire que je me méfie de tout le monde là-bas, parce qu’on m’avait un peu traumatisée avec plein d’histoires quand je suis allée au Brésil il y a trois ans. Il avait toutefois l’air «legit». Il m’a montré sa carte d’identification, me disant qu’il travaillait pour le ministère du tourisme. Il était aussi dans la zone sécurisée de l’aéroport. Il m’explique rapidement qu’il peut m’organiser un transport pour l’hôtel. Moi, j’avais l’intention de prendre Uber. La discussion se fait pendant que je marche vers le guichet. Lorsque j’arrive aux douanes – qui se trouvent ici à être un tourniquet avec un gardien qui surveille les allées et venues – je me souviens que j’ai laissé mon passeport au comptoir de cellulaires. Quelle. Conne. Erreur de débutante. Je me mets à paniquer et à m’imaginer en train d’appeler le consulat pour pouvoir me sortir de cette merde si le gars avait déjà disparu et revendu mon passeport…

L’homme du ministère du tourisme me fait remarquer que ce n’était pas prudent. Merci, pas besoin d’un sermon. Je réussis à repasser le tourniquet sans passeport et à courir vers les deux guichets ATM. Oh, quelle surprise, ils sont hors-service. Seule autre option? Retourner au Travelers’ choice. Et on est maintenant rendus à 10$ de frais surprises.

Heureusement, tout s’est bien déroulé et j’ai pu récupérer argent, cellulaire égyptien et passeport.

Le transport maintenant. L’homme me fait un discours expliquant que le ministère du tourisme a mis ce système en place pour assurer la sécurité des touristes qui se font de moins en moins nombreux et bla-bla-bla.

J’accepte de lui faire confiance. Je le suis jusqu’à son bureau. Et vous l’imaginez sûrement, par «bureau», j’entends table et chaise dans un cubicule avec aucune enseigne, rien qui pourrait me rassurer de la légitimité de toute cette affaire. Mais dans ma tête, j’hésite me sauver en courant en me disant que je me fais arnaquer et que je suis idiote, ou lui faire confiance parce que si tout cela était «stagé» pour me piéger, ça faisait pas mal de figurants et de complices dans l’histoire.

Il me demande en même temps si j’ai des visites d’organisées. Comme ce voyage était zéro planifié et que je n’avais absolument rien trouvé sur Internet pour les visites (ne cherchez pas de bus du genre hop on hop off, ça n’existe pas là!), ma réponse était non.

Il me propose donc qu’on vienne me chercher à l’hôtel le lendemain matin pour m’emmener visiter les pyramides, avec un guide et un chauffeur privés. Les prix étaient raisonnables et je ne devais pas tout payer tout de suite. Et si j’aimais l’expérience, on pourrait alors prévoir autre chose pour ma deuxième journée.

J’accepte, mais je reste tout de même craintive.

Il me mène à la voiture, me présente le chauffeur. Dans ma petite tête de paranoïaque, tout ce beau monde a l’air louche. Et s’ils étaient tous de connivence?  Et si la voiture servait tout simplement à kidnapper une jeune fille naïve qui aura été la plus facile des proies?

Je m’assois à l’arrière de la voiture et je cherche sur Google la compagnie qui se trouve sur la carte d’affaires que l’homme m’a remise. Je ne trouve rien. C’est la panique. J’en prends même une photo, que j’envoie, accompagnée d’une description (inutile) de la voiture dans laquelle je me trouve, à une amie. Au cas.

Lorsqu’on arrive à la barrière pour sortir du stationnement, on s’arrête. De longues minutes. Je n’aime pas ça. Je demande pourquoi et on me répond que les rues sont toutes bloquées parce qu’un président en visite diplomatique doit arriver sous peu à l’aéroport.

Est-ce que tout ça peut faire partie d’un «set up» pour nous prendre tous, les autres touristes éparpillés dans les voitures et moi? Je regarde trop de films, c’est clair.

Cette attente, elle a duré plus d’une heure. Une heure à me demander si j'étais en sécurité ou pas. Et pendant ce temps, la nuit est tombée. Je comptais sur la lumière du jour pour me conforter. Elle n’y était plus.

Lorsqu’on est enfin partis, j’ai entré dans le GPS de mon téléphone l’adresse de mon hôtel, pour savoir si c’est bien là où on allait.

Quel soulagement quand je suis enfin arrivée à l’hôtel, près de quatre heures après que mon avion eut touché le sol! J’ai paniqué pour rien, comme ça m’arrive souvent.

Reste que je craignais quand même le lendemain matin. Et si personne ne se pointait? Et si tout ça était juste pour me mettre en confiance afin de là, me kidnapper? Je me tapais moi-même sur les nerfs avec ma paranoïa.

Finalement, tout était ben correct.

J’ai eu droit à une visite guidée personnalisée, car j’avais un guide à moi toute seule. Et mon chauffeur m’a suivie partout tout au long du voyage.

Et une fois que j’ai compris que je pouvais avoir confiance en eux, je ne me suis plus inquiétée pour ma sécurité. Et je me suis trouvée un peu nouille d’avoir eu si peur au début. Il y a aussi la «police du tourisme» qui est partout dans les lieux touristiques. On vérifie les véhicules, on prend en note la nationalité des touristes à bord et on prend la matricule du guide. Et on nous demande même si tout va bien, tout en étant prêt à intervenir si la réponse est non!

Et puis, on oublie tout ça quand on se retrouve, sur le dos d’un chameau, devant ça :
Pour ce qui est des pyramides, eh bien ce sera pour un prochain blogue!

mardi 26 avril 2016

Si tu veux te sentir cassé, va à Dubaï!

Tant qu’à être déjà en Afrique, je me suis dit que je pourrais en profiter pour faire un autre voyage à l’intérieur de mon voyage.

J’ai donc choisi de quoi de proche là… soit ’Égypte. Un petit voyage éclair de quatre jours. On s’entend que ça revient à peu près au même que d’aller passer quatre jours à Salvador, au Brésil. Avec mon escale – voulue – à Dubaï, ça me fait un gros 28 heures d’avion pour cette petite escapade. Amenez-en des heures de vol, faut croire que j’aime ça!

De plus, je tenais vraiment à voyager avec Emirates pour pouvoir les comparer avec Qatar Airways, puisque ce sont deux compagnies avec cinq étoiles.

Mon but premier était de passer deux jours à Dubaï et deux autres au Caire. Sauf que le prix du billet d’avion m’a rapidement fait changer d’avis. Je me suis donc rabattue sur l’Égypte seulement. Sauf qu’en «perdant» une soirée complète à fouiller sur les différents sites de billets d’avion, j’ai trouvé un pas pire compromis. Une escale de 14 heures à Dubaï, incluant une nuit, pour la moitié du prix du billet original. J’allais donc me contenter de ça.

Dans l’avion – qui avait du wifi à 1$ pour 500 Mo! – j’ai effectué rapidement mes recherches pour les activités que j’aurais le temps de faire à Dubaï. Comme la plus haute tour au monde s’y trouve, c’était un incontournable. Question d’ajouter à ma collection de «vues à couper le souffle». J'ai donc navigué sur le site de la Burj Khalifa (je dois avouer qu’au début, je pensais que les chauffeurs de taxi parlaient un peu trop de Wiz Khalifa…) pour me rendre compte que le forfait pour aller au 148e étage coûte… 173$! Non mais, ils sont cinglés ou quoi!?

À ce prix-là, on a un «complimentary drink». Euh non les amis. On le paye plusieurs fois ce verre à presque 200$! On promet aussi une expérience interactive et bla-bla-bla. Mais mon budget a quand même des limites. Pas question de payer ça! La deuxième et seule autre option, c’est d’aller à l’observatoire des 124e et 125e étages. Pour 45$. C’est encore ridiculement cher, mais c’était ça ou je ratais la chance d’y monter.
Faut dire qu’elle est impressionnante cette tour. Déjà que la ville est remplie de gratte-ciel, elle les fait tous paraître comme des petits édifices. Wiz Khalifa, euh, pardon, Burj Khalifa mesure 828 mètres. Outre le fait d’être la plus haute structure humaine jamais construite, la tour détient trois records mondiaux : la tour avec le plus d’étages au monde (163), l’étage «occupé» le plus haut et le plus haut observatoire extérieur.

C’est donc à cet observatoire que je suis allée. C’est haut.

Seule déception, même si la tour est vraiment haute, on n’y voit pas la forme de palmier dans l’eau, celle qui a été créée et qui fait la renommée de la ville. D’ailleurs, dans la visite guidée, on fait preuve de grande modestie en disant que le palmier a donné à Dubaï une «renommée stratosphérique». On ne voit que ça :
Et si vous pensez que l’entrée était chère, attendez de connaître le prix des photos qu’on y prend de vous! Vous savez, les photos sur écran vert où l’on vous fait des montages avec la tour? Eh bien pour avoir le lot, c’était… 90$.

Non merci.

Il y a aussi de splendides fontaines en bas. Mais moi, j’ai eu droit à ce spectacle :
Bouhhh. En plus, j’ai marché je ne sais pas combien de kilomètres pour aller les voir et comme mon Uber ne me trouvait pas – je suis tombée sur le plus incompétent de la ville – j’ai failli rater mon vol. Pour un «pas de fontaine».

Dubaï, c’est une ville riche. Très riche. Je me sentais vraiment pauvre à regarder toutes les boutiques, voitures de luxe et appartements hors de prix! 
Si jamais ça vous intéresse d’investir dans l’immobilier là-bas, sachez que chaque propriété vient avec une voiture. Les condos avec une Mini Cooper ou une BMW et les maisons dans le palmier, avec… une Lamborghini d’une valeur de 445 000$. Je ne sais pas en quelle devise, mais peu importe, ça fait beaucoup de sous.


Même les Uber sont luxueux. Ce sont tous des Lexus. Mais le prix est aussi très élevé. Disons que je m’ennuyais de mes longues courses à 4$ de Cape Town…

En rafale, voici d’autres observations à Dubaï :

Il fait tellement chaud que le métro est non seulement climatisé, mais on a construit des stations super près les unes des autres pour que les gens n’aient pas à marcher à la grosse chaleur.

On est en train de construire le plus grand centre d’achats intérieur au monde. Il y aura une allée de boutique de… 7km! Avec le plus grand parc thématique intérieur qui soit. Bref, ça devrait être juste un peu plus gros que les Galeries de la Capitale.

L’adresse de mon hôtel était «Al Wasal Area, Opposite Iranian Hospital». C’est tout. En d’autres mots, à Dubaï, on donne les adresses comme le font les fermiers dans un rang en campagne.

Tu sais que t’es loin de la maison quand les restaurants que tu connais ont l’air de ça :
Durant la visite en autobus (qui coûte 85$! Mais qui aurait valu la peine si j’avais eu le temps de faire tous les trajets), on fait encore une fois preuve de modestie en disant que «même les gens les plus blasés ne pourront se retenir de pousser des exclamations dignes d’un enfant en voyant la ville».

Je ne lis évidemment pas l’arabe, alors à première vue, je pensais qu’il y avait un dessin de deux personnes en canot au-dessus du mot «stop».
Les centre d’achats – parce qu’il y a pas mal juste ça – sont franchement impressionnants. On y trouve patinoire, aquarium géant et… pente de ski et piste de bobsleigh. C'est d'ailleurs le troisième centre de ski intérieur le plus grand au monde. Il y fait toujours -2 degrés Celcius.

L’aéroport est sans contredit un des plus beaux sur la planète, sinon LE plus beau.
 
 Un jour, j’y retournerai. Question de rentabiliser cette fois mon billet pour le bus hop on hop off!

mardi 19 avril 2016

Côtoyer la misère, la malhonnêteté... et la bonté

Pas toujours facile de côtoyer la misère. Il est aussi difficile de savoir à qui on peut faire confiance ou pas. Voici deux situations qui m'ont secouée quelque peu, toujours en direct de Cape Town, en Afrique du Sud.

On nous répète de faire preuve de grande prudence en tout temps. C’est que les pick pockets sont très actifs ici. Si ma sacoche est légèrement ouverte, il y a toujours un inconnu qui va me le souligner. On me le dit toujours, parce que j’ai la très mauvaise habitude de ne jamais la refermer.

Je suis un peu «Thomas». Je ne crois pas à ces vols jusqu’à ce que j’en sois témoin. Eh bien c’est arrivé la semaine passée au restaurant où je travaille et même si je n’y pouvais rien, je m’en veux.

C’est que trois personnes sont entrées dans le restaurant, un peu après 22h. Déjà là, je trouvais ça un peu louche. C'est difficile d'expliquer sans avoir l'air bourrée de jugements, mais les trois dames n’avaient pas l’air vraiment de notre clientèle typique, disons. Mais j'ai justement mis de côté mes préjugés pour les accueillir comme il se doit. L’une d’elles s’est avancée vers moi – je suis derrière le bar – et m’a demandé si elle pouvait faire une réservation ou si j’avais une carte d’affaires avec le numéro. Je lui donne, mais en même temps, j’ai un mauvais feeling que je ne saurais expliquer. Les deux autres sont là, mais je leur fais dos. Dès que je donne la carte à la dame et que je lui montre le numéro, je sens qu’elle se fout carrément des informations que je suis en train de lui donner. Mais bon, ça se peut. Et elles sortent rapidement.

Je n’en fais pas cas, mais quelques minutes plus tard, un homme au bar est revenu de l’extérieur où il était allé fumer et il a lancé, en panique : «Euh… mon cell était juste là il y a une minute à peine!»

Shit.

Les autres employées et clients ont tout de suite fait le lien. Pas moi, je suis trop novice à ce jeu.
«Les trois %?&*! Je le savais qu’elles étaient louches!» s’est écriée ma collègue en courant dehors pour voir si on les apercevait encore. Mais en vain.

Je me sentais responsable, mais en même temps, je vois difficilement ce que j’aurais pu faire.
Alors maintenant j’en ai la preuve. Je ne laisse rien à portée de main. Ce sont de vrais ninjas! Mais des méchants ninjas…

Rester de marbre... ou pas


On se fait sans cesse achaler ici. On nous demande de l'argent, de la bouffe, une job... Il faut se créer une carapace et devenir insensible, car sinon on n'y arriverait juste pas. Mais un jour, j'ai dérogé à ma règle. Un petit garçon de 7-8 ans m'a accostée devant un PFK. Et je dois dire qu'il était assez persévérant. Je lui ai demandé ce qu'il avait mangé dans la journée (il était 15h) et où étaient ses parents. Sa réponse? «Ma mère est à la maison avec mon frère et je n'ai rien mangé». Bon. Ça se peut qu'il dise ça à tout le monde, mais j'ai bien voulu le croire. Il voulait un trio quelconque au PFK. Je lui ai dit que je refusais de lui acheter ça, mais que je voulais bien lui offrir un fruit. Il m'a alors demandé du pain et du lait. Bon négociateur le petit. Je l'ai donc emmené à l'épicerie tout en lui faisant promettre à peu près 100 fois qu'il irait directement à la maison avec ça. Une fois sur place, il a ajouté du beurre d'arachide pour son «petit frère qui doit manger mou». J'ai dit oui, mais pas plus. Bon négociateur, je disais. Je lui ai dit que c'était mon cadeau de Pâques. Alors on est passés à la caisse où le caissier lui a aussi fait promettre de ne plus quêter de la journée (on est rendus là, c'est triste).
J'espère qu'il a tenu promesse. Et maintenant, je dois malheureusement remettre ma carapace...

Quelques semaines plus tard, je me suis encore fait accoster tout près de Shortmarket. J’ai encore fait ma face de bitch, mais le gars a eu une réaction désespérée comme j’en ai rarement vue. Il se prenait la tête et semblait se détester de devoir me parler. Après deux ou trois de mes refus, il a dit qu’il ne voulait pas me vendre quelque chose, mais qu’il était un sans-abri et qu’il voulait que je lui achète des trucs pour son bébé et sa femme,.

Faut croire qu’il m’a eue au mot «bébé» même si dans ma tête, je me suis juste dit que c’est inhumain de mettre au monde un enfant qui n’a rien demandé si c’est pour qu’il vive dans de telles conditions. Je sais, c’est un jugement gratuit, mais à force de côtoyer tous ces enfants sans toit et visiblement sans avenir, on devient frustrés.

J’ai donc accepté d’aller au magasin avec lui pour acheter du lait pour enfants et des céréales. Malheureusement, j’ai changé d’idée quand j’ai vu le prix de ce qu’il me demandait. C’était, en dollars canadiens, 20$ pour le lait seulement. J’ai beau vouloir être généreuse, ça, c’est trop. Surtout qu’on ne sait jamais vraiment à quel point on peut faire confiance aux gens à qui on offre ces achats.
Un guide m’a expliqué plus tard dans la journée que souvent, ils retournaient au magasin échanger ce qu’ils viennent d’avoir, mais pour la moitié du prix et repartent avec l’argent. Ça m’a fâchée. J’espère que le gars n’a pas fait ça.

J’ai eu droit à un «Merci beaucoup, passez une belle journée», mais sans grande chaleur. Je crois qu’il était fâché que je ne lui achète pas le lait désiré. Mais j’ai quand même déboursé 105 rands pour lui, ce qui équivaut environ à 10$. Pour un inconnu, on s’entend. Je n’ai même pas eu droit à l’esquisse d’un sourire. Mais bon, si je me mets à sa place, je n’aurais sûrement pas vraiment envie de sourire moi non plus.

Sauf que là, c’est vrai, je dois remettre ma carapace. Je ne veux pas donner d’argent ou de choses qui visiblement peuvent être échangées contre de l’argent. Le seul don que je fais désormais, ce sont mes restants de table au restaurant. Ça, je suis certaine que ça va directement dans le ventre de quelqu’un qui en a besoin, car ils ne peuvent pas faire grand-chose d’autre avec ça.

D’ailleurs, mon amie, avec qui je travaille, a pris l’habitude de faire des «doggy bags» des repas des clients qui ne finissent pas leur assiette, mais qui ne veulent pas rapporter les restes. Et elle les distribue le soir aux itinérants qui passent près du resto. Un d’eux est venu lui remettre une fleur le lendemain avec une magnifique note écrite à la main, dans un anglais parfait. Pour vrai, sa classe m’a marquée. En fait, je me sentais surtout mal parce qu’il était venu cogner à la fenêtre du resto, une fois qu’on était fermés et que je l’ai ignoré. J’ai bien vu qu’il avait quelque chose dans les mains, mais je ne pouvais pas savoir que c’était une fleur. Et il était 2h du matin. La règle est de les ignorer… Mais mon patron l’a reconnu et est allé le voir. J’aurais voulu courir dehors m’excuser quand j’ai vu la note, mais il n’était plus là...

Je vous laisse sur cette photo, que j'ai prise sans même le savoir. 

Je voulais photographier un village et sa tonne de déchets, car je le trouvais «typique». C'est drôle à dire, mais il était à la fois beau et triste. Comme on était sur la route, j'ai juste pris quelques clichés en rafale, sans regarder le résultat.

C'est en les téléchargeant sur mon ordinateur que j'ai eu la surprise de découvrir cette photo, que j'adore. Elle ne pouvait pas mieux décrire ce village!



jeudi 7 avril 2016

Avoir un requin à deux pouces de la face

Après avoir nagé avec les gentils dauphins au Mexique l’an passé, j’ai nagé avec… les méchants requins.
Bon. Nager avec, c’est vite dit. Pour ne pas me retrouver en manchettes du Téléjournal découpée en morceaux, j’ai plutôt plongé dans une cage.

Cette activité ultra touristique a lieu à Gansbaai, à un peu plus de deux heures de Cape Town. Je vous conseille fortement de réserver à l’avance, car c’est souvent plein. D’ailleurs, on a eu un peu de difficultés à confirmer la nôtre. La première compagnie nous a envoyé un courriel deux jours avant notre date pour nous dire que toutes les activités de la semaine suivante seraient annulées en raison de la mauvaise condition de l’océan.

Le problème, c’est que c’est vraiment la seule date où on pouvait y aller puisque notre amie, qui tenait vraiment à cette activité, n’est pas ici très longtemps.

Je me suis donc lancée sur Google et, armée de mon cellulaire africain, j’ai fait une tonne d’appels un samedi après-midi… à peine une heure avant le mariage de ma meilleure amie. Bref, assise dans mon lit, toute coiffée et maquillée et vêtue de ma robe de fille d’honneur!

La première compagnie n’avait plus de place, mais m’a assuré qu’ils allaient en mer durant la semaine, comme prévu. Je trouvais ça un peu bizarre considérant le fait que toutes les compagnies vont au même endroit.

Mais j’en ai finalement trouvé un qui avait cinq places pour nous. Yeah!

Lundi matin, on est donc partis pour Gansbaai. C’est quand même assez cher, soit 1700 rands, ce qui équivaut à environ 150 CAD. Mais au moins, ça inclut tout, dont la bouffe avant, pendant et après.

On ne nous promet pas qu’on va voir des requins, car ils sont en liberté. Si ça ne leur tente pas ce jour-là, eh bien tant pis pour nous.

On s’est proposés pour aller dans la cage en premier. Après la dure épreuve qu’est de mettre un foutu wetsuit – on avait tous l’air de personnages méchants d’une mauvaise émission pour enfants! – et mis notre masque, on a sauté dans la cage. J’avoue que c’est un peu compliqué de comprendre le principe au début. Il y a plein de barreaux, mais on ne peut pas y toucher. Parce qu’on pourrait alors devenir de la bouffe pour les requins. Il faut donc seulement s’agripper aux jaunes. Mais la visibilité n’était pas super, si bien que j’avais peur de me tromper!

Ils attirent les requins avec des grosses têtes de poissons morts qu’ils jettent à l’eau avant de les ramener vers le bateau. C’est dégueulasse. Ah et parlant de dégueulasse, mon conseil le plus important est le suivant : GRAVOL.

Une de nous n’en a pas pris et a fourni une autre sorte de bouffe aux requins, si vous voyez ce que je veux dire…

Bref, une fois dans la cage, on a la tête hors de l’eau et dès qu’on nous crie «jump!» on doit prendre une grande inspiration et descendre au fond de la cage. Pas toujours évident. Parfois je me rendais au fond sans problème, sinon je flottais et c’était un peu n’importe quoi!

J’étais sur le côté et à deux reprises, un requin a décidé qu’il essayait de manger le coin de la cage. Exactement comme ça :
Je l’admets, j’ai eu une petite frousse! Mettons que j’ai vu ses dents pointues d’assez près merci. Je souhaitais très fort que les trous dans la cage ne soient pas assez petits et qu’il réussisse à se rendre à moi. Pas évident non plus de prendre des photos avec la GoPro. Je suis un peu déçue du résultat…

 
Le meilleur spectacle, je vous dirais que c’est lorsqu’on est sur le bateau. Une fois, le requin était déchainé et a complètement arraché la tête de poisson mort en sautant. Mais moi, je l’attendais sous l’eau, alors je ne l’ai pas vu!

Heureusement, j’en ai vu quelques autres après.

On aurait bien aimé que l’eau soit moins embrouillée, mais bon, on ne pouvait rien y faire!

Ça valait quand même la peine!