lundi 25 septembre 2017

Les Estoniens, ce peuple rude mais si sympathique!

Les Estoniens sont un peuple particulier. À première vue, ils peuvent sembler… bitch. En fait, c’est difficile de les décrire. Alors je vais utiliser la phrase de la guide que j’ai eue à Tallin, en Estonie : «Ce n’est pas qu’on est bête, c’est qu’on se fout des autres. Le small talk, ça ne nous intéresse pas.»

C’est pour ça que les caissiers ne vous diront pas bonjour dans une petite épicerie, que les vendeuses dans les magasins ne vous offriront pas leur aide et surtout, que les inconnus ne commenceront pas à vous faire la conversation. Mais ce n’est rien de méchant, ils sont juste comme ça.

Il faut comprendre que c’est un peuple qui a longtemps été oppressé et qui a retrouvé sa liberté en 1991 seulement lors de la dissolution de l’U.R.S.S. Avant ça, on pouvait être persécuté pour le simple fait de posséder un drapeau de l’Estonie ou encore si on chantait une chanson patriotique… Ils ont donc appris à tout garder pour eux. La peur a façonné leur personnalité et même s’ils sont «libres», ils ont gardé des séquelles.

Quand on parle de «small talk», il y a ce que j’ai mentionné plus haut, mais il y a aussi entre les gens qui se connaissent. Croiser un ancien camarade de classe dans la rue crée un si gros malaise que si le premier qui aperçoit l’autre peut changer de trottoir pour l’éviter, il le fera. Même chose sur les réseaux sociaux. Tu ajoutes quelqu’un à qui tu n’as pas parlé depuis des années? C’est weird. Tu lui dis «allo» et veux entamer la conversation? Encore plus weird. Ça se peut que tu n’aies pas de réponse. Bref, ils sont les précurseurs du «ghosting».

Alors, comment font-ils pour flirter? «On finit seuls!» a semi-blagué ma guide lorsqu’elle nous a expliqué le pourquoi de leur façon d’être. Oui, ils ont les applications comme Tinder, mais une fois qu’ils ont un match, c’est fini, ils ne font plus rien! Bien sûr, je généralise, mais j’ai tout de même senti ce désintérêt envers les autres dans la population en général, une fois éloignée des endroits très touristiques. Toujours selon ma guide, c’est parce que ce peuple a des «trust issues». Ils ont été vaincus et perdus par un tas de pays au fil des ans et quand ils ont réussi à obtenir leur indépendance une première fois, eh bien ç’a duré… une journée. C’est aussi un peuple très peu croyant, alors qu’il y a 87% d’athées.
Moment cocasse qui prouve bien leur «je-m’en-foutisme», c’est lorsqu’on s’est retrouvés à quelques pas du parlement. Il y avait deux gardiens de sécurité et à vrai dire, ils ne surveillaient pas vraiment. La raison évoquée par la guide? «Well, who cares?»

Elle nous a aussi expliqué qu’il ne se passait tellement rien dans ce pays qu’ils ont parlé pendant un mois dans les médias d’un arbre qui devait être abattu et qu’une personne voulait sauver. Un. Mois.

Mais ce qui m’a frappée le plus, au-delà de leur sympathique indifférence, c’est qu’ils ont réussi à conserver leur langue alors qu’ils ne sont qu’un million à la parler… au monde. Et entre vous et moi, ce n’est pas la langue la plus utile puisqu’elle ne sert que dans une minuscule partie du globe. Mais ils la parlent encore même après avoir été un peuple d’esclaves pendant 600 ans pour différents royaumes et je trouve ça beau.

Alors pour toutes ces raisons – et pour la ville de Tallinn comme telle, dont je vous parlerai plus tard – l’Estonie et ses Estoniens ont été mon coup de cœur du voyage!

mercredi 6 septembre 2017

Ne jamais revivre Hiroshima...

Dernièrement, je dois avouer que le petit jeu dangereux auquel joue Kim Jong-Un me fait peur. D’autant plus que j’ai visité Hiroshima et que j’ai vu ce qu’une bombe nucléaire peut faire (si elle ne détruit pas la Terre, on s’entend).

Je n’avais jamais encore raconté ma visite dans ce coin du Japon, alors je pense que c’est le bon moment de le faire. Malheureusement, ça ne convaincra pas les dirigeants fêlés de ce monde de cesser leurs enfantillages et power trips, mais comme ç'a avait été le cas lors de mon passage à Auschwitz, je pense qu’il est important qu’on connaisse tous bien les erreurs de notre passé pour ne pas les refaire.

Rappelons d’abord un peu les faits, sans tomber dans le cours d’histoire. Hiroshima et Nagasaki sont les deux villes du Japon qui ont reçu une bombe nucléaire lors de la Deuxième Guerre mondiale. La première, le 6 août 1945 et la deuxième, trois jours plus tard.

C’est en quelque sorte une démonstration de la «supériorité» des Américains, qui détenaient ces bombes. Les historiens s’obstinent sur le nombre de morts, mais au Mémorial de la paix d’Hiroshima, on parle de 140 000 juste pour cette ville.

C’est assez fou de se promener à Hiroshima, point. De se dire que tout ça était détruit il n’y a pas si longtemps. J’avais eu ce même feeling à Varsovie, en Pologne, notamment. Le musée n’est pas très grand, mais en même temps tellement poignant… impossible de rester de marbre devant les photos, les informations, les objets.
La bombe a éclaté à environ 600 mètres au-dessus de la ville, provoquant une pression inimaginable de 18 000 tonnes et la température a atteint les 4000 degrés Celsius pendant trois secondes de chaleur extrême, avec une boule de feu de 280 mètres. Au centre, la température aurait atteint des millions de degrés Celsius. En une fraction de seconde, tout s’est écroulé à 2 km à la ronde, à part quelques édifices, dont un qui est maintenant au centre du parc du Mémorial.
La pression a fait exploser toutes les fenêtres et les gens ont reçu des éclats de vitres dans le corps. La bombe en a tué des dizaines de milliers d'un coup.

Sur la photo ci-dessous, on peut voir à l’échelle la grosseur de la boule de feu par rapport à la ville.
Après, c’est l’horreur. Pour les survivants, les vêtements ont été soufflés par la force de la détonation. La peau brûlée tombait en lambeau. Difficile de savoir ce qu’était la peau et ce qu'étaient les vêtements. D’ailleurs, c’est la scène qui nous accueille à l’entrée du musée. J’en ai honnêtement eu mal au cœur à l’idée que tout ça avait bel et bien existé et que des horreurs comme ça surviennent encore aujourd’hui dans les différentes guerres.
Parmi les autres atrocités, on apprend l’existence des ongles noirs, une des conséquences de l’exposition à la radiation. Comme on peut le lire sur la description, la personne propriétaire de cette main (je ne sais pas vraiment comment l’appeler autrement!) avait la main à l’extérieur de la fenêtre au moment de l’explosion et a par la suite senti comme si ses doigts brûlaient. Ses ongles et sa peau ont été brûlés et deux de ses ongles ont par la suite repoussé tout noir. C’est dégueulasse.
Autre chose noire et ragoûtante, c’est la pluie noire. Elle était radioactive. Imaginez voir ça tomber du ciel, c’est carrément digne d’un film de science-fiction. Les poissons morts flottaient dans les lacs et les étangs où cette pluie tombait. On estime que de la forte pluie s’est abattue sur une distance de 19 km sur 11 km sur Hiroshima et que si on ajoute la faible pluie, ça donne une région de 29 km sur 15 km. Évidemment, ç’a rendu plusieurs personnes malades, alors que plusieurs personnes qui buvaient de l’eau des puits ont été victimes de diarrhée pendant trois mois (désolée pour les détails).
Des enfants ont aussi perdu leurs cheveux. Cette photo vaut mille mots.
Bref, je souhaite profondément qu’on n’en vienne pas à une telle catastrophe encore une fois…