mardi 23 avril 2019

Antelope Canyon : un paradis sur et sous terre


Je ne suis pas vraiment du genre à avoir hâte à quelque chose. J’ai toujours été comme ça. Mais parfois, il y a des exceptions. C’était le cas pour Antelope Canyon, en Arizona. Après avoir vu les photos lors de mes recherches en vue du road trip, je savais que ce serait un de mes moments préférés du voyage. J'avais raison! 

J’étais aussi un peu stressée parce qu’on m’avait dit qu’il fallait réserver des mois à l’avance. Mais je n’avais pas pu le faire puisque je ne savais pas exactement à quel moment j’y serais. Je me suis décidée un peu tard et quand j’ai voulu réserver, alors que j’étais tout près, je n’avais pas de place avant une semaine. J’ai donc rallongé mon passage en Utah et en Arizona en attendant ma réservation.


Il y a deux tours offerts dans ce canyon; le Upper et le Lower. J’ai bien essayé de trouver lequel avait l’air le plus beau en faisant des recherches, mais je n’ai pas été capable de décider. Alors j’ai choisi de ne pas choisir et de faire les deux. Après tout, pourquoi se limiter à un seul quand on est déjà là?

La raison pour laquelle on doit absolument réserver, c’est que la visite ne se fait que par des tours privés. Non seulement parce que c’est sur une réserve amérindienne, mais aussi parce qu’en cas de pluie, ça peut être très dangereux, car l’eau peut monter rapidement de plusieurs dizaines de pieds. D’ailleurs, plus d’une dizaine de personnes ont été tuées par une crue subite depuis une vingtaine d’année dans le Lower.

J’ai commencé par le Upper, en matinée. Je n’ai même pas de mots pour décrire à quel point c’est beau. La nature est vraiment épatante. Ce canyon a été formé par l’eau et le résultat est époustouflant. Il a été découvert en 1931 lorsqu’une jeune fille de la tribu Navajo est tombée dessus par hasard en cherchant son mouton.
Pour ce canyon, on le fait deux fois, soit l’aller et le retour. Ce n’est pas le cas pour le Lower, qui s’étend sur un kilomètre et où on ne revient pas sur nos pas. On ressort d'entre cette petite craque! Impossible d'imaginer ce qui se trouve en dessous!

Si le Upper se marche très facilement, c’est un peu différent pour le Lower, car il faut monter et descendre de nombreux escaliers étroits. On nous demande de ne pas prendre de photos dans les escaliers puisque c’est dangereux, mais évidemment, j’étais avec une gang de délinquants qui faisaient perdre patience à tout le reste du groupe!


J'ai aussi dû endurer le photoshoot plutôt ridicule de ce couple devant moi. Ils ont dû en prendre 300!
Les guides sont vraiment bons, car ils savent exactement où prendre les plus belles photos et avec quels réglages. Et ils nous pointent des choses qu’on n’aurait peut-être pas vues autrement, comme cet hippocampe :

Ce visage (AKA Voldemort) :
Et ce chandelier (c'était plus évident en vrai!) :

Si vous trouvez que les photos sont magiques, dites-vous que ça l’est encore plus en vrai. Ce canyon mérite d’être davantage connu, car il se fait injustement éclipser par le Grand Canyon, qui est tout près.

 


samedi 13 avril 2019

Un palais... de maïs - littéralement!


J’ai vu des choses bizarres pendant mon road trip, dont le Corn Palace à Mitchell, au Dakota du Sud. Eh oui, c’est littéralement un palais formé d’épis de maïs et c’est le seul au monde (rien d’étonnant là-dedans!) 
C’est évidemment l’extérieur qui est fait d’épis et il est refait chaque année. Les épis sont coupés en deux sur la longueur et cloués aux parois extérieures du palais. Pour arriver à faire les dessins, ils utilisent 12 couleurs de maïs. Le reste est fait avec du seigle, de l’oseille crépue, du gazon et du sorgho. Il en coûte 130 000 USD par année pour le faire.


Une fois à l’intérieur, je m’attendais à tout sauf à ce que j’allais y trouver…


C’est un aréna de basketball!!!

Je n’en revenais pas.

Les corridors entourant le terrain de basket servent de mini musée, pour expliquer l’histoire de ce palais peu commun.

On y apprend entre autres que quelqu’un a mis le feu au palais en 1979 et que les dégâts ont été évalués à plus d’un million de dollars.

Chaque année, depuis plus de 100 ans, il y a une thématique pour les dessins. Il y a entre eu l’ère spatiale, plusieurs scènes autochtones, la nature et les animaux du Dakota du Sud, entre autres.

Le premier Corn Palace a été fait en 1887 à Sioux Falls. On le décrivait comme la « huitième merveille du monde » et plus de 130 000 personnes sont venues le visiter dès la première semaine! Parmi eux, le président américain de l’époque, Grover Cleveland. Le palais a été construit à Sioux Falls jusqu’en 1891, mais a dû déménager après une crise économique locale.


Au départ, les citoyens avaient eu l’idée de construire un palais de maïs pour souligner le fait que la région avait été épargnée par la grande sécheresse et qu’ils étaient les seuls à avoir pu faire de l’agriculture et de l’élevage.

On voyait aussi le maïs comme l’or américain. Cela explique pourquoi on lui a donné un palais, rien de moins!

Cette tradition a donc perduré malgré les deux guerres mondiales et la grande dépression.

L’humilité n’est toutefois pas de la partie. Ça ou c’est moi qui n’ai jamais entendu parler de ces « boules de popcorn reconnues mondialement »…
Ah et parlant de popcorn, cette carte postale m’a bien fait rire!
L'histoire ne dit toutefois pas comment ils font pour s'assurer que les oiseaux ne dévorent pas tout le palais!

lundi 8 avril 2019

P’tites vites de La Havane


Il n’y a pas que les voitures havanaises qui nous font croire qu’on est à une autre époque, mais aussi… les pharmacies! On est vraiment très loin des Jean Coutu, mais plutôt chez un vieil apothicaire! Les médicaments sont dans des magnifiques bocaux de porcelaine.

 
Comme je vous l’ai dit dans un précédent blogue, il n’y a pas vraiment de magasins, de dépanneurs ou de fast-food. Il y a par contre plusieurs petites boutiques qui ont plutôt l’air d’être clandestines, soit à travers un trou dans un mur comme celle-ci :

Ou sur des coins de rue comme ceci.
Je suis tombée sur une exposition de photos d’hiver… québécois! Des clichés des photographes Bernard Brault et Stéphane Champagne. C’était vraiment bizarre de voir toutes ces photos alors que je cuisais sous le soleil!

 
J’ai vu de magnifiques murales, mais celle-ci, faite sur une porte d’entrée, se démarque beaucoup!

Ça m’a pris un moment à comprendre le système de traverse de piéton. Chez nous, quand le petit bonhomme rouge flashe, c’est parce qu’il faut qu’on se dépêche à finir de traverser. Mais pas à La Havane! C’est plutôt le temps qu’il faut attendre AVANT de traverser. Petite différence, mettons!


Là où la ville a officiellement été fondée, sous un arbre (qui a depuis été changé), les gens laissent de l’argent en faisant un vœu. Une fois par année, les gens font la file avec une valise, pour la plupart, pour venir faire le tour de l’arbre avec celle-ci et laisser de l’argent. C’est que le rêve d’à peu près tous les Cubains est de voyager. Mais, comme l’a dit la guide : « C’est une bien belle histoire, mais l’argent, c’est le pourboire des dames qui travaillent là, vous savez! »

Autre souhait à faire, c’est en touchant à la fois la barbe, le doigt et le pied de cette statue, comme je le démontre si bien ici. Le problème, c’est que bientôt, le doigt n’existera plus!

 
J’ai aussi visité le musée du rhum Havana Club. Leur logo est inspiré d’une statue de femme au-dessus d’une tour près de l’eau. La légende veut qu’elle soit montée là tous les jours en attendant le retour de son mari, parti en mer, qui ne revint jamais. Mais, vous pouvez compter sur ma guide pour briser la magie : « évidemment, elle n’est pas montée là chaque jour et elle a fini par se remarier! »

 

Il y a aussi cette statue bizarre d’une femme nue, crâne rasé, sur un coq avec une fourchette géante. Pour faire une histoire courte, la femme représente une prostituée et le coq… son proxénète. Je n’ai pas trop compris le pourquoi du comment de cette explication!

Dans la plupart des restaurants, les factures ressemblaient à ça :
À noter que dans ce resto, le prix de mon mojito était le même que celui de ma bouteille d’eau!

J’ai parlé dans un de mes premiers blogues sur La Havane des chiens errants qui me brisaient le cœur. J’ai été soulagée d’apprendre que dans La Vieille Havane, les chiens appartiennent à un musée et ils sont nourris, aimés, vaccinés et sont en santé. Ils ont leur nom autour du cou, comme celui-ci. Impossible de faire ça avec les chats par contre, beaucoup moins fidèles à leur quartier!

 
J’ai goûté à de la crème glacée végane à la noix de coco. En fait, c’était surtout parce que le vendeur était extraordinaire. Son pitch de vente était génial, il te fait goûter lui-même avec une cuillère et est si divertissant qu’il garde systématiquement 1 CUC de pourboire en donnant le change : « This is for you and 1 dollar for me, thank you! ». Il me faisait penser au personnage de Michel dans Gilmore Girls. Non seulement il parlait de la même façon, mais il lui ressemblait aussi! Il m’a parlé de ses chanteuses préférées – il a commencé par Céline quand il a su que j’étais du Canada – et me les a nommées dans l’ordre. Katy Perry est sa numéro 1. Il connaît aussi les titres des chansons, des albums, les dates de parution et le nombre de copies vendues. Vraiment, il méritait son pourboire!
 
J'ai utilisé tout l'argent qui me restait pour me payer une belle décapotable rose pour me rendre à l'aéroport et ça valait la peine!

Et parlant d'aéroport, c'est pas super rassurant de passer devant des avions comme celui-ci sur la piste de décollage!


lundi 1 avril 2019

Les salaires cubains et les écoles plus que vieillottes

J’aurais vraiment dû profiter plus tôt de la visite guidée à pied gratuite, offerte deux fois par jour dans les rues de La Havane. J’ai malheureusement attendu à la dernière journée de mon court séjour à Cuba pour la faire et j’ai dû faire un choix entre La Vielle Havane et les quartiers plus récents, Centro Habana, pour connaître le quotidien des Havanais. Comme on suggère fortement de commencer par l’histoire et La Vieille Havane, c’est ce que j’ai fait. C’était vraiment très intéressant.

Tout comme lors de ma visite du Musée de la Révolution, j’ai trouvé qu’il manquait un peu de contexte. On nous parle beaucoup du socialisme et des héros de la révolution, mais on n’a pas vraiment le pourquoi des événements et aussi des difficultés connues dans les années qui ont suivi. On s’entend que d’un point de vue extérieur, Fidel Castro n’avait pas l’air d’un parfait ange…

Comme j’ai appris pas mal de choses un peu pêle-mêle, je vous les explique de la même façon!

Commençons d’abord par le logement. Comme il n’y a pas beaucoup d’hôtels, il y a plusieurs maisons qui offrent des chambres à louer. C’est notamment dans une de ces mini auberges que j’ai logé. Toutefois, notre guide nous a expliqué que les locaux ne peuvent pas louer ces chambres, qui sont louées à la journée, à la semaine et au mois. Ces logements sont indiqués avec une enseigne bleue, comme celle-ci.
Quant aux locaux, ils ne peuvent louer que les chambres avec des enseignes rouges. Et elles sont louées… à l’heure.

« Les salaires sont tellement bas et les logements chers et rares qu’on habite plusieurs générations dans la même maison. C’est difficile d’avoir de l’intimité dans ces moments-là, alors quand vous verrez les enseignes rouges… vous saurez ce qui se passe là-haut! » a expliqué la guide.

On a visité une école primaire – en donnant quelques CUC à la prof – et c’est beau et choquant – dans le sens de choc – à la fois. Les enfants sont beaux dans leurs uniformes, mais les installations sont précaires. Celle qu’on a visitée est en fait une ancienne banque, transformée en école primaire. Après la révolution, ils ont modifié plusieurs édifices publics pour faire des écoles ou des hôpitaux. On peut d’ailleurs voir l’ancien coffre-fort en plein milieu de l’école.
L’école est gratuite, mais les enfants ont accès à la maternelle seulement si leur mère travaille pour le gouvernement. Quand je suis allée, il n’y avait que la moitié des élèves parce que l’école n’avait pas d’eau depuis deux semaines. Les enfants y allaient donc en alternance.

Dans chaque classe, on était accueillis par les enfants qui scandaient une phrase louangeant leur héros, Jose Marti.                                       
 
Les classes sont petites, évidemment sans air climatisé, et le matériel est plus que vieux. Voyez par vous-même l’espèce de salle de jeux et la bibliothèque.    
 
Leur pyramide alimentaire est aussi très différente du dernier Guide alimentaire canadien!
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La guide nous a aussi parlé des salaires. C’est tellement peu que c’est difficile pour nous, qui vivons dans un monde capitaliste, de comprendre. Le salaire moyen est de 10 CUC par mois. C’est environ 10 USD. Je répète : par mois. Les profs touchent 25 CUC et les médecins 40 CUC. On s’entend que c’est ridiculement peu.

Les médecins, eux, reçoivent généralement un cadeau par visite, par patient. Que ce soit du savon, de la nourriture, etc. Cela ajoute à leur salaire et fait une grande différence au bout du compte.

Tout le monde espère être médecin. L’université est gratuite, mais l'accès est déterminé par les notes et les tests d'intelligence. Mais une fois le titre obtenu, les diplômés doivent travailler pour le gouvernement pendant deux ans, sinon le diplôme n’est plus valide. Plusieurs profitent d’échanges avec d’autres pays, mais Cuba garde tout de même un gros pourcentage du salaire. Les médecins reviennent souvent avec une voiture, offerte par le gouvernement étranger. C’est un peu comme ça que les voitures arrivent parce que sinon, c’est presque impossible de s’en procurer une. Par exemple, une vieille Lada se vend environ 25 000 CUC! Et rien ne s’achète à crédit. Il faut tout payer d’une traite – même chose pour les maisons. C’est pourquoi c’est plutôt légué de génération en génération.

Les gens qui font le plus d’argent sont généralement les chauffeurs de taxi, les serveurs dans les restos et les guides. Bref, l’industrie du tourisme. Par exemple, grâce au seul pourboire que je lui ai donné après nos trois heures de visite guidée, ma guide a fait l’équivalent du salaire moyen mensuel d’un Cubain…

Il me reste encore un tas de choses à raconter, mais pour ça… faudra attendre à mon prochain billet! Suspens… :)