mercredi 15 mars 2023

Pas facile de se rendre à Santo Domingo!

J’ai eu l’immense honneur d’être invitée par l’Ambassade du Canada en République dominicaine pour parler de mon parcours professionnel dans le cadre du mois de la Francophonie. On s’entend que c’est une occasion impossible à refuser!

J’ai choisi de prendre mon vol à partir de la Floride pour y passer un peu de temps avec mes parents avant et après – et aussi me rappeler ma vie de Snowbird, que j’aurai mise sur pause pour seulement un mois – et aussi permettre à mon petit Charlot de se faire garder par mes parents, qui le gâtent encore plus que moi, si c’est possible.

On m’a donc réservé un vol à partir de Miami, qui se trouve à environ une heure de voiture de notre condo. J’ai opté pour le train qui se rend directement à l’aéroport puisque c’était beaucoup plus simple. J’ai essayé de faire mon enregistrement en ligne avant de partir, mais sans succès. Pas grave, me dis-je, je vais tout simplement le faire à mon arrivée. Si seulement j’avais su…

Toute naïve et certaine que ce n’est qu’une formalité, je me présente au comptoir. Le trajet a pris un peu plus de temps que prévu et j’étais bien dans les temps pour un vol normal, surtout que je n’avais pas de bagage enregistré, mais j’ignorais complètement un détail. Un pas pire gros détail, mettons. Pour entrer en République dominicaine, il faut remplir un e-ticket. L’information ne s’était pas rendue à moi et c’est pour ça que je ne pouvais pas m’enregistrer. Pas grave, je me suis dit que je n’ai qu’à le remplir en ligne avec mon téléphone. Cette partie-là est un peu longue, mais ça se fait bien. Le hic, c’est qu’à l’autre bout, il faut qu’un employé de la République dominicaine approuve ta demande, même si c’est une formalité, et te renvoie un code QR. Pas de code, pas de check-in.

J’envoie la demande, j’ai la confirmation de traitement, mais j’attends. Ça me semble interminable et j’ai peur que mon vol se ferme! Heureusement que j’ai réussi à tout faire entrer mes livres et mes vêtements dans mon bagage à main, sinon c’est certain que je n’embarquais pas dans cet avion. Après de longues minutes de plus en plus angoissantes, je reçois enfin ce petit code que je ne fais que montrer à l’agente au comptoir. Avoir su, j’aurais montré n’importe quel code qui lui ressemble parce qu’il n’a pas été numérisé ni regardé de près. Je cours à la sécurité où la ligne déborde dans le terminal. Selon mes calculs, il me reste environ une heure pour me présenter à ma porte. Ça se fait, mais faut pas que ça niaise!

Heureusement, une employée a fait honneur à la chanson de Céline Dion « Les derniers seront les premiers » en mentionnant aux personnes à la fin de la file, dont moi, que l’autre poste de sécurité était complètement vide et que même si on partait du Terminal D, on pouvait passer par le E puisqu’ils connectaient de l’autre côté. Je me mets donc à marcher vite vers cet autre point de sécurité qui est finalement pas mal loin. Mais elle avait raison, il n’y a personne et je passe rapidement. Il faut toutefois remarcher la distance pour revenir dans la bonne section de l’aérogare. Une bonne marche, mettons. Le vol a été retardé d’une quinzaine de minutes et je suis arrivée environ une demi-heure avant le début de l’embarquement. Mais bon, courir dans un aéroport et être stressée sans manquer mon vol, j’ai l’habitude!

L’embarquement se fait sans anicroche et l’avion s’aligne sur la piste, prêt à décoller. On prend de la vitesse quand soudainement, les pilotes appuient sur les freins. En bon québécois, ils « fourrent les breaks » solide. Je me dis d’abord que j’espère que ce n’est pas une autre collision  catastrophe évitée de près dans un aéroport américain… Les gens ont l’air de paniquer un peu, mais je ne m’en rends pas trop compte. Il faut bien que mes deux années comme agente de bord servent à quelque chose! Un rejected takeoff, j’ai déjà connu ça! Mais jamais aussi sec et jamais dans un avion commercial dans un aéroport très, très achalandé. Le capitaine annonce qu’on doit sortir de la piste pour procéder à la vérification des freins, ce qui est tout à fait normal.

Je comprends toutefois que la situation est potentiellement un peu plus grave quand je réalise qu’on est entourés de camions de pompiers, qui sont là au cas où nos pneus prendraient en feu. Super rassurant! Mais bon, ça ne sent pas le brûlé, c’était au moins ça de pris. On nous annonce qu’on doit retourner au terminal pour que la maintenance vérifie l’avion, mais que ça devrait prendre une quinzaine de minutes et qu’on devrait pouvoir repartir.

 

Quelle mauvaise estimation de temps! D’abord, la maintenance n’était visiblement pas prête à intervenir sans préavis parce qu’on l’a attendue une bonne heure. L’air conditionné d’un avion au sol les moteurs éteints, ce n’est pas ce qu’il y a de plus rafraîchissant, alors les agents de bord distribuaient de l’eau. Ce n’était pas si pire comme situation. 

Tout à coup, je vois ça de mon hublot :

Je ne regardais pas dans les minutes précédentes, alors je n’ai aucune idée de ce que c’est, mais une grosse fumée noire comme ça, à côté d’un aéroport… Pour une fille qui a vu beaucoup trop d’épisodes de Mayday pour une personne saine d’esprit, ça fait évidemment penser à une tonne de scénarios. Heureusement, j’ai appris que c’était une structure abandonnée et pas un avion. Fiou!

On nous annonce finalement que l’avion est hors service et qu’un nouvel appareil nous attend à une autre porte – à l’autre extrémité du terminal, là où j’avais passé la sécurité plus tôt. Mais comme on est encore plus loin, il faut prendre le skytrain. À la deuxième station, le train ne repart pas. Il est… hors service! Mais bon, il y en a un autre, alors on s’entasse dans le deuxième. Une fois au nouvel avion, après un délai raisonnable, on procède à l’embarquement.

Le capitaine nous annonce qu’on attend seulement que les derniers bagages soient transférés et que la porte-cargo se ferme pour partir. Mais… 15 minutes plus tard, on entend : « Vous savez, on a des temps à respecter et malheureusement, mon premier officier n’a plus assez de temps à son duty pour faire le vol. On doit trouver un autre pilote ». Eh ciboire.

Je sais ce que c’est et je sais aussi qu’il n’y a pas un pilote qui habite dans le terminal, prêt à remplacer à tout moment. Ça va être long avant qu’il arrive. Surtout qu’ils ont eu de la misère à en trouver un. Si bien qu’il a fallu… débarquer à nouveau! Rendu là, c’était quasiment drôle. En sortant, je demande à la directrice de vol si le duty du capitaine et du reste de l’équipage « a du lousse » et elle me rassure en me disant qu’ils en ont suffisamment pour partir le soir même. On ressort de l’avion pour retourner dans le terminal qui ne regorgeait pas d’offre alimentaire, mettons. Le vol étant prévu à l’origine à 15h et repoussé de cinq heures jusque-là, les gens commencent à avoir faim. J’avoue que j’ai trouvé ça un peu ordinaire que la compagnie aérienne ne nous offre pas de coupon pour la nourriture…

Pour le troisième embarquement, c’est le capitaine lui-même qui a pris le micro à la porte pour s’excuser et nous dire que son copilote s’en venait et donc qu’on allait embarquer une dernière fois dans l’avion pour être prêts à son arrivée. Il a vraiment été génial. Les passagers aussi, je dois l’admettre. Personne n’a pété de coche, tout le monde est resté poli et calme et je ne pense pas que j’aurais vu ça sur un vol avec une tonne d’hommes d’affaires qui partaient en réunion à New York!

On a fini par décoller avec six heures de retard et les agents de bord nous garrochaient quasiment toutes les collations qu’ils avaient à bord!

Mais bon, l’important, c’est que je me suis rendue à temps pour mon premier événement qui avait lieu très, très tôt le lendemain (ou le matin même vu que je suis arrivée à ma chambre après minuit!)

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