« Vas-tu aller te reposer un peu sur la plage au moins, pendant ton voyage? » m’a-t-on demandé à quelques reprises. Mes premières journées étaient consacrées au travail et les dernières au tourisme. Je m’étais gardé le dimanche pour la plage. J’ai beau être en République dominicaine, je ne suis pas dans un tout inclus et donc pas à deux pas de la plage.
Un Québécois qui réside à Saint-Domingue m’a dit que ça valait la peine d’aller à Boca Chica, une plage de sable blanc à une trentaine de kilomètres du centre-ville, d’autant plus que les Uber ne coûtent pratiquement rien ici.
C’était donc ma mission de la journée. Je suis passée par un supermarché, un genre de Walmart, pour m’acheter un sac de plage et une serviette de plage. J’avais fait l’erreur de ne rien avoir de ça en Grèce, où mon amie avait dû partager sa déjà petite serviette avec ma tête et où ma sacoche absolument pas de plage m’avait fait avoir l’air d’une touriste débutante et pas à peu près.
Bref, j’ai trouvé ce que je cherchais, mais ça m’a quand même coûté cher (un peu plus d’une cinquantaine de dollars). À ce prix-là, je vais tenter de « tougher » plus longtemps que d’habitude sur la plage. Ne rien faire pendant que je cuis, ce n’est pas dans mes activités préférées. J’ai pensé à apporter mon livre, alors c’est déjà ça. Il me restait à peu près le quart à lire alors je savais que c’était le maximum de temps que je pourrais endurer ma vie de lézard.
Avant de m’y rendre, j’ai visité le phare de Christophe Colomb, qui a plutôt l’air d’un temple et pas du tout d’un phare, dont je vous parlerai une autre fois. Parce que vous l’imaginez bien, une activité somme toute assez simple comme aller à la plage, avec moi, ça ne peut pas être facile!
Je commande un Uber à partir du phare et le coût est d’environ 17 CAD. À peu près à mi-chemin, on croise un poste de péage. Parenthèse, l’application Uber m’a envoyé un message parce qu’on était à l’arrêt depuis un bon moment et ça me proposait plusieurs options, dont celle d’appeler le 9-1-1. C’est très rassurant de savoir que cette fonction existe!
J’essaie de demander au chauffeur si je paie ou s’il paie. Il finit par me dire que c’est inclus, mais je ne sais pas à quel point on s’est bien compris. Mais bon, c’était environ 1,50 CAD. Il en profite pour prendre son application de traduction (pas super bonne) pour m’expliquer qu’il n’est pas content d’avoir accepté ce parcours parce que ce n’est pas rentable et que les chauffeurs le refusent d’habitude. Je lui dis merci et lui dis que je lui rembourserai le péage.
Une fois à destination, je réalise que je ne suis pas exactement là où je voulais être. J’avais entré l’adresse d’un restaurant sur le bord de l’eau, mais ça ne ressemble pas à ça une fois sur place. Je lui dis que je veux aller à la plage et il lâche un soupir de découragement parce que la course est terminée, mais qu’il continue pendant un gros deux minutes pour me montrer le chemin vers la plage. Je lui donne un pourboire équivalent à 50% de la course pour le dédommagement et je n’ai même pas droit à un merci ni un sourire. On repassera pour la courtoisie!
Je débarque et tout de suite, je ne me sens pas du tout à ma place. On est dimanche, c’est la journée de congé des locaux et ils sont des centaines à la plage. J’ai tellement pas rapport là! Je suis la seule touriste, surtout si je me fie à ma couleur de peau. Je me fais accoster tout de suite par un gars qui semble travailler là (ils sont plusieurs à avoir des chandails « officiels ») et il me guide vers la plage. Sauf qu’en fait, c’est un gars qui était probablement payé par un des nombreux restos sur la plage pour attirer des clients. Je m’assois (j’ai ben de la misère à dire non, c’est un gros défaut chez moi) et il me donne le menu, mais je n’ai pas assez d’argent comptant sur moi pour payer. Évidemment, ils ne prennent pas la carte. Je me dis que je vais prendre un drink et partir pour avoir la paix. J’ai commandé sans voir le prix et oh, surprise, c’était ridiculement cher. Mais bon, j’ai payé, bu mon drink et pris mon courage à deux mains pour marcher sur la plage dans le but de trouver un endroit un peu plus touristique.
Je marche le long de la plage, en ignorant le plus possible les nombreuses personnes qui veulent m’attirer dans leur resto ou me vendre un massage. Je dois m'entraîner à dire non si je ne veux pas me ruiner!
Mais… j’ai faim. Plus loin, alors que ça semble un peu plus « endroit legit qui prend les cartes de crédit », je m’arrête et le serveur me dit qu’ils prennent Visa. En fait, je sens beaucoup de jugement quand je dis que je n’ai pas de Visa, mais une Mastercard. Il me propose de m’accompagner au guichet pour que je retire des sous. Ça devient une manie de me faire accompagner pour ça ou quoi? Mais bon, il y a un gardien de sécurité avec un genre de AK-47 juste à côté. Pas sûre que quelqu’un va essayer de m’attaquer.
Ma carte ne fonctionne pas – en anglais ou en espagnol – et j’abandonne. Le gars est déçu, mais hé, c’est la vie. Je continue à marcher pour trouver un petit spot où m’installer. Et manger la pomme que j’ai volée au buffet à déjeuner quelques jours plus tôt qui me servait de nourriture en cas d’urgence.
Je ne sais pas combien de temps j’y ai passé, mais j’ai fini mon livre et je sais que j’ai eu chaud! J’en ai eu assez et je suis allée marcher sur une rue un peu plus haut, où il y a des hôtels. J’ai trouvé un restaurant qui avait l’air beaucoup mieux que ceux sur la plage et où mon mojito et mes pâtes m’ont coûté environ le même prix que mon drink du début de la journée…
J’appelle un Uber pour retourner à Santo Domingo. Le premier annule. Le deuxième m’appelle et tente de m’expliquer quelque chose, mais la ligne coupe tellement que je ne comprends rien. Je me dis que ç’a à avoir avec le péage. Une fois devant moi, il me dit qu’il ne veut pas faire le trajet avec l’application, afin que je le paie plutôt comptant. Euh… non merci. Il me demande 30 USD. Pour avoir aucune trace de mon trajet? Je ne suis pas conne. Je lui dis de partir. Il annule et Uber m’envoie automatiquement un autre chauffeur. Pendant ce temps, un vieil homme (qui ressemblait beaucoup trop au personnage de Earl dans 2 Broke Girls!) vient me voir et m’explique que je ne dois absolument pas accepter les Uber et que dans ce quartier, ils s’essaient tous pour ne pas utiliser l’app et que ce n’est pas sécuritaire. J’avais remarqué, Sherlock. Je lui dis qu’un autre s’en vient et que je vais lui demander. Même chose, c’est cash ou rien. Il annule et je m’empresse d’annuler à mon tour la demande. Le bon samaritain me dit qu’il va me conduire au stand à taxi, où les prix sont déterminés et où je peux prendre une photo du stand, des infos de la compagnie et du permis de mon chauffeur. Il était vraiment gentil. Je n’étais plus super sympathique à cause des annulations et du mini stress de pouvoir rentrer à l’hôtel en plus de la fatigue due au soleil. Il m’a dit qu’il faisait ça pour m’aider et qu’il ne voulait pas d’argent en retour. Je prends finalement un taxi, sachant que la facture sera plus salée, mais que je vais aussi arriver en un morceau. C’est le prix à payer!
Bref, 45 USD plus tard, j’étais à ma chambre. Avec un coup de soleil là où j’ai mal appliqué la crème solaire, évidemment et surtout… plus aucun effet bénéfique du peu de repos que j’ai tenté d’avoir à la plage!
Je vous laisse sur l’image de cette épave pour laquelle je n’ai absolument… aucune information!