lundi 14 décembre 2020

La maison blanche la plus connue au monde

Je me souviens très bien des inondations de Chicoutimi en 1996. Mais mon amie Jenny, avec qui j’ai fait mon road trip estival au Saguenay, ne s’en souvenait pas du tout. Il faut dire qu’on a cinq ans de différence. Petit coup de vieux pour ma part! 

Quand on a décidé qu’on irait au Saguenay pour notre « staycation 2020 », je lui ai tout de suite dit que je voulais visiter la petite maison blanche de Chicoutimi. L’événement ne lui disait rien parce qu’elle était trop jeune à l’époque, mais elle était évidemment très emballée à l’idée de découvrir ce pan de notre histoire. 


Donc, à notre deuxième journée, on s’est dirigées vers Chicoutimi et sa fameuse petite maison blanche. Tout ce dont je me rappelais, c’est qu’elle avait résisté au déluge, contrairement à toutes les autres maisons du quartier. Mais c’est beaucoup plus que ça. Une visite courte, mais vraiment intéressante! 

Donc pour ceux qui, comme mon amie, n’ont aucune idée de quoi je parle ou pour ceux qui ne s’en souviennent que vaguement, voici l’histoire de la « petite maison blanche ». 


Pendant trois jours, alors que les pluies diluviennes avaient fait déborder (et non pas céder) le barrage situé tout près, le Québec en entier regardait les images de cette maison, en se disant qu’elle allait bien finir par se laisser emporter, comme toutes les autres autour. Mais non. Elle est restée debout. Ce qui tient du miracle et… d’un bout du passé. 


Elle était si connue que des lettres simplement adressées à « La petite maison blanche » à Chicoutimi s’y rendaient! 

Donc la maison a été construite en 1890 ou en 1900, selon différents documents. Simple, elle était sur quatre murets de poutres, un peu comme un chalet en bois rond, et de la terre battue. En 1947, le barrage – le même qu’une cinquantaine d’années plus tard – s’est accidentellement déversé sur les maisons de ce quartier du Bassin, causant d’importants dégâts. Le propriétaire de la maison, Alyre Genest, a décidé de refaire les fondations de la maison à la suite de cet événement. C’est en 1953 qu’il s’affaira avec un seul objectif : que le solage de sa maison rejoigne le roc sous sa maison. Il s’est donc mis à faire une tonne de calculs pour savoir combien de béton il devait commander, tout en gardant des espaces pour la porte et les fenêtres.

 

Il avait décidé que sa maison serait à toute épreuve. On peut dire qu’il était visionnaire!

 

Du 19 au 21 juillet 1996, il tombe plus de 200 mm de pluie sur le Saguenay. C’est énorme. Les résidents savent que le niveau de tous les réservoirs grimpe à vue d’œil. Les digues et les barrages ne résistent pas et l’eau inonde toute la région. Un torrent dans les rues. Pour vous donner une idée, les dégâts sont évalués à plus d’un milliard de dollars.

Le Québec et le monde entier ont les yeux rivés sur ce quartier, où deux maisons se tiennent toujours, au milieu de chutes. Autour d’elles, tout est détruit. Les gens commencent même à parier sur laquelle des deux maisons cédera en premier. La maison voisine finit par être emportée par le courant. On peut encore voir sa dalle de béton. Mais pas la petite maison blanche. Elle reste debout et devient alors un symbole de la ténacité et de la persévérance de la population.

La dame qui y habitait, Jeanne d’Arc Lavoie-Genest, avait 80 ans au moment du déluge et est décédée un mois plus tard.

 

En 1998, des vandales – des imbéciles, selon moi , ont mis le feu à la maison. Elle a été pas mal abimée, mais encore une fois, a résisté!


Aujourd'hui et depuis une quinzaine d'années, la maison a été transformée en musée. On peut y entrer et voir deux pièces aménagées pour représenter ce qu'elle était quand ses derniers propriétaires y vivaient.

  

Le déluge en quelques statistiques :

 

- 39 municipalités affectées à divers degrés

- 16 000 personnes évacuées

- 488 résidences principales détruites

- 1230 résidences principales endommagées

- 108 résidences secondaires détruites

- 723 résidences secondaires endommagées

- 43 entreprises détruites

- 64 entreprises endommagées

- Importante perte de production de quatre grandes industries

- Pertes de 7 millions $ pour l’industrie touristique

- 4000 emplois affectés à court terme et 407 mises à pied le 1er septembre

 

Voilà pour la petite maison vedette!


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