Pour ma dernière journée en Floride – bah, faut bien
retourner au Québec ramasser son courrier de temps en temps! – je me suis tapé
un petit «road trip» à thématique NFL.
Quel beau hasard, les Colts d’Indianapolis jouaient à
Jacksonville la veille de mon départ pour Montréal. Jacksonville, c’est «à
côté» de chez mes parents, ça!
* À noter que pour moi, 500 km, c’est «à côté»
Je n’avais évidemment pas prévu ça, donc je n’avais aucun
vêtement à l’effigie de mon équipe favorite. Alors j’en ai commandé. Un petit
chandail, bien simple. Je ne voulais pas dépenser trop, car j’ai déjà tout ce
qu’il me faut à la maison. J’ai tout de même payé l’extra pour la livraison
rapide. C’était censé être deux jours. J’ai trouvé mon billet sur stubhub (eh
oui, encore!) et utilisé une nuit gratuite pour l’hôtel, que j’ai accumulée sur
le site hotels.com. C’est donc un match «raisonnable» pour le portefeuille.
J’ai reçu le billet dès le lendemain (j’ai horreur des
billets imprimés, c’est laid), mais le chandail n’était toujours pas arrivé au
bout de trois jours. Je voulais absolument l’avoir avant de partir, sinon c’était
vraiment un achat inutile. Le vendredi, j’ai appelé non pas une, mais deux fois la
compagnie pour savoir si c’était en route! Ben quoi, quand c’est «out for
delivery» depuis 8h45 et qu’on est rendu en début de soirée, il y a de quoi s’inquiéter!
Bref, le livreur avait pris du retard et «la compagnie a étiré les heures de
livraison, jusqu’à 22h». J’ai donc eu mon colis vers 20h30. Limite, mettons!
La madame-pas-fine du Hertz
Ne restait plus que la voiture. J’ai réservé chez Hertz à
Fort Lauderdale, puisque c’était une cinquantaine de dollars moins cher que si
je le faisais dans le coin du condo de mes parents, à 20 minutes de là. J’avais
réservé à 16h en me disant que dans le pire des cas, j’irais chercher la
voiture un peu plus tard. Sauf que j’ai réalisé que ça fermait… à 16h. Et j’ai
mal calculé mes affaires en prévoyant un départ au golf à 15h. Ouais, bravo.
Pas grave, je vais changer ma réservation, me suis-je dit. Ma première
recherche sur Expedia me donnait des voitures à plus de 300$ (US) pour deux
jours! C’est ridicule! La moins chère était 160$, soit presque le triple de ce
qui était prévu au début. Heureusement, j’ai pu régler ça par téléphone et aller chercher la voiture à l’aéroport (où c’est ouvert 24h), pour quelques
dollars de plus.
Je tombe souvent sur les gens qui ont coulé leur cours de
Service à la clientèle 101. La p’tite madame du Hertz en fait partie.
D’abord, elle était insultée que je ne veuille pas «upgrader»
ma voiture, puisqu’il y avait un rabais de 60%. Oui, mais je fais juste quatre
heures de route et je m’en fous pas mal.
- Mais tu vas vraiment avoir une petite voiture, ça ne sera
pas confortable.
- Oui, mais non. Merci.
Déjà là, elle n’était pas contente. D’après moi, elle avait
une prime sur les «upgrades».
- Vas-tu prendre les assurances?
- Non, je suis assurée avec les miennes.
- Ouais, mais pas pour le «use of loss».
- Je ne sais pas ce que c’est.
- (explication que je n’ai pas plus comprise) et c’est juste
60$ de plus.
- Je vais passer mon tour, c’est correct.
- Ben là, qu’est-ce que tu vas faire si tu as
un accident?
- Mes assurances vont payer.
- Mais pas le «use of loss». Hein? Tu vas faire quoi!?
Là, elle était franchement désagréable.
- Je vais payer. Si ça arrive.
- Pffff. Tu vas payer… Pffff!
Offusquée, la madame.
Elle me dit ensuite : «Le gaz est cher à Jacksonville,
alors je te le fais payer tout de suite. Ramène la voiture le plus vide
possible». Euh, quoi? Depuis quand ça fonctionne de même? Mais là, ça ne me
tentait pas de m’obstiner avec elle, d’autant plus qu’elle m’a annoncé ça une
fois ma carte de crédit passée… Je n’ai pas du tout aimé sa façon de faire. Je
me suis sentie flouée. Mais bon, je devrais pouvoir remettre la voiture vide.
Sauf que l’essence n’est pas chère à Jacksonville. Elle m’a dit n’importe quoi.
Peut-être parce qu’elle ne m’aimait pas la face, elle m’a
donné une voiture affreuse. Toute poquée, cheap. Mais bon, je pouvais vivre
avec ça. Sauf que quand je suis arrivée à la sortie et que j’ai tendu mon
papier au préposé, la voiture s’est mise à trembler comme jamais. J'ai demandé au
gars si c’était normal et il m'a répondu machinalement qu’une voiture «shake»
toujours un peu. Puis il a mis la main sur le volant et son visage a
complètement changé.
«Ouais, t’as raison. Tu peux aller la changer…»
Tant que je ne retombais pas sur la dame! Trop de gossage à
mon goût plus tard, je repartais avec une Ford Focus flambant neuve. Pour le
peu de route que j’avais à faire, c’était parfait. De toute façon, juste pour l’odeur
du «char neuf», ça m’allait!
Match à oublier
Je commence à croire que je porte malheur aux Colts. Je n’ai
assisté qu’à une victoire en six matchs, et c'était à Indy. Tous les matchs que j’ai vus d’eux à l'étranger se sont soldés par des défaites. À Buffalo, à Philadelphie, en
Nouvelle-Angleterre, l’an passé à Dallas (ça, c’était épouvantable, les Cowboys
ayant mené 42 à 0 à un certain moment…). Et là, à Jacksonville.
Ils menaient pourtant à la mi-temps. Les partisans,
bipolaires, étaient même prêts à renvoyer le botteur qui avait raté un
converti. Ils avaient passé une bonne partie de la première demie à huer. Mais
en deuxième demie, c’était tout le contraire. Ça criait, faisait la vague,
tout! Il faut dire que leur équipe leur a donné de quoi fêter. Et à la fin, ça
criait «we want 50». Parce que oui, ils ont fini par marquer plus de 50 points.
C’était la première fois de l’histoire des Jaguars. Et fallait que ça tombe sur
mon match. Yé.
Comme le match était plate - pour moi - la seule chose que j'ai à dire, c'est qu'ils sont vraiment idiots de ne pas donner de couvercle pour les boissons gazeuses. Oui, j'ai fait un dégât.
J’étais à côté d’un couple qui s’est embrassé tout le long. En fait, la fille était toujours en train d’embrasser son chum. Mais à un moment, il s’est tanné. Peut-être qu’il voulait voir le match… La réaction de la fille? «Je suis fâchée contre toi!» Eh boy. Mais ils se sont réconciliés à la fin avec la victoire. J’ai dû passer par une autre rangée parce que leur «french» ne finissait plus de finir! Tant mieux pour eux s’ils sont heureux. C’est juste dommage qu’ils aient raté le meilleur match de l’histoire de leur équipe!
Parlant de personnes qui n'ont pas vraiment regardé ce qui se passait sur le terrain, en voici deux. J'espère juste que les parents n'avaient pas dépensé une fortune pour leurs billets!
La boutique de souvenirs est la plus bizarre que j'ai vue dans tous les stades. En fait, elle est en plein corridor. Mais littéralement DANS le corridor. On dirait qu'elle est cachée sous des estrades quelconques.
La tartelette de la culpabilité
En sortant, pour me rendre au water taxi, j’ai croisé deux petites filles, d’environ huit et neuf ans, qui semblaient vendre quelque chose. Leur mère était assise à une table de pique-nique et elle les regardait aller, leur donnant des ordres.
La scène est venue me chercher. J’étais déchirée entre deux options. La première, c’était de lui acheter ce qu’elle vendait, même si je ne savais pas ce que c’était, dans l’espoir que l’argent serve à sa famille. Qui sait, les petites passeraient peut-être un plus beau Noël si les ventes étaient bonnes. Mais d’un autre côté, je n’ai pas aimé l’attitude de la mère, du peu que j’ai vu. C’est de l’exploitation d’enfant, c’est clair. Et si elle gardait tout l’argent pour elle?
J’ai voulu croire que c’était l’option A qui prévalait. Alors je suis allée voir une des deux petites, qui se dirigeait vers la file d’attente du taxi pendant que sa sœur allait voir les gens près des bateaux, sur la petite marina plus bas. Elle vendait des tartelettes, probablement achetée en gros. Elles étaient 5$ chacune. C’était trop cher pour ce que ça valait, c’est vrai. Mais j’avais déjà décidé de lui en acheter une, peu importe le prix, pour l’encourager.
Elle ne semblait pas si contente de sa vente. Elle avait dû courir pour aller chercher du change à sa mère. Pendant ce temps, elle avait juste laissé sa boîte à mes pieds. Elle ne lui faisait pas attention non plus. C’est probablement pour ça que la mienne était toute «brisée». La fillette s’est ensuite rendue dans la file, où elle ne m’a même pas reconnue, alors que j’étais de dos. Ça ne faisait pourtant que deux minutes qu’on avait conclu notre transaction. Elle venait de m’aborder à nouveau, avant de me reconnaître et de simplement passer à la personne suivante. Pas de sourire, rien.
Elle était partie un peu plus loin quand j’ai entendu un enfant crier. Les cris et les pleurs venaient du quai des plaisanciers. Tout le monde s’est retourné. J’ai vu une enfant par terre, en douleur, avec tout près d’elle, une boite et plein de petites tartelettes éparpillées sur le quai. J'ai compris qui elle était. Tout le monde s’est retourné. Enfin, tout le monde sauf l’autre vendeuse, sa sœur. Pourtant, c’est clair qu’elle l’entendait aussi. Elle criait «my sister», mais je n’entendais pas le reste. Des employés et des passants ont accouru à son secours. J’ai observé la scène pendant un moment, pour m’assurer qu’elle allait être correcte, mais surtout pour attendre de voir si la mère allait se déplacer.
La réponse est non.
Ni la mère ni la sœur ne sont allées la voir. Seulement des inconnus. J’ai trouvé ça vraiment triste. Mais je suis partie, mon taxi arrivait et je n’aurais rien pu faire de toute façon. J’ai mangé la petite tartelette. Elle était succulente, mais malgré tout, il y avait un arrière-goût à chaque bouchée. Je me sentais mal pour les deux enfants. Coupable d’avoir peut-être encouragé… leur exploitation.
Et vous, qu’auriez-vous fait à ma place?
Encore un pont
C’était la deuxième fois que j’allais à Jacksonville. J’y avais fêté mes 28 ans dans un bar country (quelle surprise!) de The Jacksonville Landing, un endroit où il y a des restos (dont le Chicago Pizza avec la vraie pizza de l’endroit!), des boutiques, des bars et de la musique live tous les jours sur la plaza.
Ce qu’il y a de plus beau, c’est le pont bleu, illuminé le soir. Je n’avais pas de trépied et je répète que je ne suis pas une professionnelle, mais j’aime bien cette photo :