dimanche 8 septembre 2013

Braver le «danger» des favelas à Rio

La ville de Rio de Janeiro est reconnue pour ses plages, ses paysages à couper le souffle, le soccer, mais aussi pour ses favelas.

Les quoi? Les favelas sont ces petites maisons empilées dans les montagnes, littéralement les unes par-dessus les autres. En d’autres mots, ce sont les bidonvilles.
 

Danger, danger

Ces quartiers font peur, je l’avoue. On entend toutes sortes d’histoires d’horreur, du genre que si on y va, on n’en reviendra tout simplement jamais, on va se faire voler, attaquer, violer ou tuer.

Rien pour pousser les touristes à aller y faire un tour. Mais depuis plusieurs années, différents circuits sont proposés par les agences pour aller voir de près ces petites maisons. Myriam n’était pas trop chaude à l’idée d’y aller. Elle ne voulait pas que les habitants soient traités comme des animaux de cirque et que ça ne soit que du voyeurisme. Mais je l’ai convaincue que ça serait super intéressant.

J’avais raison. Et heureusement, l’argent amassé avec ces tours retourne dans la communauté, notamment pour les enfants, comme sur la photo suivante.
On a visité deux favelas. La première était immense. Des maisons à perte de vue. À Rocinha, notre premier arrêt, la population est de 150 000 à… 500 000 habitants. Le manque de précision est dû au fait qu’ils n’y font pas vraiment de recensement. Aussi bien dire qu’ils n’en ont aucune idée!
 
Il est vrai que les favelas étaient – et le sont encore pour la plupart – contrôlées par des vendeurs de drogue. Mais, étonnamment, la guide nous a appris que c’était presque moins dangereux dans ce temps-là et que le taux de criminalité a augmenté depuis que la police a fait son entrée dans ces villes (ils ont appelé ça la «pacification», mais la police est rentrée là-dedans comme si elle était en guerre!). La raison de l’augmentation du crime? Les «dealers» n’aimaient pas attirer l’attention, alors ils se débarrassaient rapidement des violeurs, par exemple. Aujourd’hui, c’est parfois malheureusement les policiers eux-mêmes qui commettent ces crimes…

Pourquoi les maisons sont empilées les unes sur les autres? Pour le manque d’espace, oui, mais aussi parce que les gens qui habitent au rez-de-chaussée ont simplement vendu leur toit pour qu’une autre famille y construise sa maison, et ainsi de suite. Une chance qu’il n’y a pas de tremblements de terre à Rio, car les conséquences pourraient être catastrophiques. Mais le risque d’effondrement est toujours là.
La vie n’est évidemment pas toujours rose dans ces maisons. Les égouts ne s’y rendent pas (je ne veux même pas imaginer comment ils se débrouillent), il n’y a qu’une seule rue qui traverse toute cette ville, ce qui cause de la circulation monstre – mais les gens ont presque tous des motos, pas de voitures – et pour ce qui est des déchets, il y a des genres de dépôts de déchets où les gens doivent aller mener les leurs et où les éboueurs passent deux fois par jour. Malgré tout, l’image que ça projette n’est pas très propre.
Puisque ces quartiers sont reconnus comme dangereux, il arrive souvent que les ambulances ne s’y rendent pas (de toute façon, il est rare que les favelas aient des noms de rues, et donc des adresses), alors les gens doivent s’arranger pour descendre les blessés et les malades à l’entrée de la ville. Vous pouvez facilement imaginer que plusieurs personnes sont décédées à la suite de ça.

L’électricité maintenant. Les compagnies ne veulent pas non plus s’y rendre. Alors les gens se débrouillent tout seuls et ils vont se brancher eux-mêmes directement dans les poteaux.
Ç’a l’air brouillon tout ça, mais la guide nous a expliqué que ce n’était pas nécessairement les gens qui vivaient dans l’extrême pauvreté qui habitaient là. Ce sont les gens un peu en dessous de la classe moyenne qui occupent justement les emplois de service, donc des maçons, des électriciens, des femmes de ménage, les chauffeurs d’autobus (dont le nôtre!), etc.

De plus en plus cher


Étant donné que la ville accueillera les Jeux olympiques en 2016 et la Coupe du monde de soccer l’été prochain, le prix des loyers a augmenté partout. Si bien que les gens qui habitaient la ville n’ont plus les moyens et déménagent dans ces favelas. Effet boule de neige, les prix des favelas augmentent et les gens qui y habitaient ne peuvent plus arriver, alors certains doivent déménager si loin qu’ils doivent se taper quatre heures de transport en commun pour aller travailler. Quelle horreur!

Sur un terrain de golf


La deuxième favela qu’on a visitée était un peu moins «pauvre». Je trouvais son histoire intéressante, puisqu’elle est construite sur un terrain de golf. C’est que les propriétaires du terrain ont cédé une partie de leur terre à leurs employés pour qu’ils y construisent leur maison. Ceux-ci ont emmené leur famille, leurs amis, qui ont à leur tour emmené familles et amis. Ce qui fait que des centaines de maisons ont poussé dans cette montagne. Ce qui est un peu ironique, c’est que dès qu’on traverse la rue qui fait le tour de la favela, on se retrouve dans une banlieue cossue avec des grosses maisons. En fait, la plupart des gens qui vivent dans la favela… travaillent pour les gens qui sont dans les grosses maisons.

Le paysage de ces petites maisons (qui ont toutes des satellites et des bidons d’eau sur le toit) est presque irréel. C’est beau et triste à la fois. Mais ce qui ressort de positif, c’est aussi la solidarité des habitants. Pour la construction, mais aussi pour la vie en général. Les enfants jouent tous ensemble dans les rues et les gens, qui n’ont pas d’espace, se retrouvent dans les minuscules ruelles pour jaser.

Favelas en bref :

  • Il y en a près de 1000 juste à Rio
  • Le tiers de la population urbaine de Rio y habite
  • Le nom «favela» provient d’une plante du même nom

Bref, je vous suggère fortement de faire ce tour si vous allez à Rio! Mais petit conseil, regardez attentivement la météo. Parce que sinon, vous pourriez avoir l’air de ça à la fin…
Pluie 1 – Moi 0.

3 commentaires:

  1. Le problème des poteaux d'électricités se rencontre aussi au Chili :-)

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  2. Très intéressant ton article Joanie. Bien que j'ai déjà vu des reportages sur ces bidonvilles, ça me rappelle à quel point je suis chanceuse de vivre au Canada, dans une belle maison confortable avec tous les services. Tu ne pourras certainement jamais oublier ce que tu y as vu.

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    1. Merci pour le commentaire! C'est évidemment un gros choc par rapport à notre confort. J'avais vécu la même chose en Afrique du Sud en visitant les townships : http://rondellesetsacoches.blogspot.com/2016/05/malaise-dans-les-townships-et-poursuite.html

      J'avais beaucoup moins apprécié que les favelas par contre!

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