lundi 15 mars 2021

Escapade dans le Grand Nord, très, très au nord!

J’ai récemment eu la chance d’aller à Resolute Bay. Même si ça peut sembler exotique en raison du mot « Bay », je vous confirme que c’est à l’opposé, puisque c’est la deuxième communauté permanente la plus septentrionale du pays, après Grise Fiord.

Pour les besoins du blogue, voici la définition du mot septentrional : « Situé au nord : qui appartient aux régions du Nord ». En d’autres mots, c’est près de l’habitat naturel du… père Noël.

Resolute, en inuktitut, signifie « là où il n’y a pas d’aube », puisque c’est dans cette région du monde où il fait clair 24h sur 24 en été et noir 24h sur 24 en hiver.

Mais j’étais sûrement la personne la plus excitée de l’histoire à aller là. Malheureusement, en raison de la Covid, je n’ai pas pu m’éloigner du stationnement de mon hôtel. Et par hôtel, je veux dire ça :

 

On est loin du Sheraton, mais j'adore le look de ces édifices!

Mais même si c'est la seule chose que j'ai vue, ce n’est pas grave. Ça ne m’a pas empêchée de faire mes recherches sur cette communauté, avec le point de départ comme question : mais que diable font-ils aussi loin?

Je me trouvais bien drôle avec cette question au départ, jusqu’à ce qu’un collègue pilote, spécialiste des peuples innus, me raconte la véritable histoire. Et elle est loin d’être rose.

Je vais peut-être résumer ça en prenant quelques raccourcis, mais voici en gros ce qui s’est passé.

Dans les années 1950, en pleine Guerre froide, le Canada a voulu protéger ses arrières – ou son territoire – contre la Russie et pour ce faire, il devait habiter certaines parties très nordiques. Les prochaines informations sont source de controverses, parce qu’on y voit soit un intérêt politique, soit un désir d’aider le peuple innu. Permettez-moi toutefois de douter de la deuxième option, bien personnellement.

En 1953, on a donc demandé à des pères de famille de s’établir à Resolute Bay, pour une période de deux ans.

Sept ou huit familles ont donc été déportées du Nunavik, dans le nord du Québec, pour se rendre dans deux communautés arctiques, dont celle de Resolute.

On leur a promis une vie meilleure, mieux que l’aide sociale, avec une pêche et une chasse abondantes. Mais… eh que ce n’était pas le cas. On leur a dit qu’elles pouvaient y rester deux ans sans quoi, elles pouvaient repartir. Il semblerait que ça non plus, ce n'était pas le cas.

Ça, c’est en théorie. Parce qu’à Resolute Bay, se nourrir de la nature sauvage était beaucoup plus difficile, voire impossible pour ce peuple. De plus, ils n’étaient pas prêts à vivre des mois à être 24h dans la noirceur et 24h à la clarté.

De ce que j’avais entendu, les pères de famille étaient tous morts et le gouvernement avait utilisé leurs signatures pour envoyer des lettres aux familles pour qu’elles se rendent à leur tour à Resolute. Mais je n’ai rien trouvé qui confirmait cette histoire – ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elle n’a pas existé.

Ce qui est certain, c’est que le gouvernement canadien s’est excusé en 2010 aux familles « déportées ». Certains descendants ont choisi de retourner dans le sud, on parle d’une quarantaine de familles, dont plusieurs déchirées par le choix de certains membres.

Il faisait quand même froid quand on était là. À preuve, mes cils après seulement quelques minutes dehors : 

Mais ce n’était quand même pas si mal, parce que selon ce que j’avais vu sur les différents sites de météo, la moyenne était une vingtaine de degrés plus froid pendant plusieurs jours, jusqu’à la veille de notre arrivée!

Si vous lisez mes blogues depuis plusieurs années, vous vous rappelez peut-être que je suis allée en Islande il y a quelques années dans le but précis de voir une aurore boréale. Évidemment, j’en ai vu un gros total de… zéro.

J’étais donc très emballée à l’idée de peut-être en voir une dans le Grand Nord canadien, puisqu’on était en plein dans la saison.

Évidemment, ma chance et moi en avons vu… encore zéro.

J’ai passé de longues minutes sur le balcon, combattant le froid en tentant de voir quelque chose avec les réglages manuels de ma caméra, mais tout ça, en vain.

La seule belle photo de ciel étoilé que j’ai pu prendre, avec beaucoup d’efforts et trop de modifications, est celle-là :

Ce n’est qu’à mon retour que j’ai entendu parler d’une hélice. Je l’avais vue, à quelques pas du stationnement de mon hôtel – et donc dans les limites que je pouvais franchir! – mais j’avais froid et pour plein de raisons (voir mes cils ci-haut), j’ai décidé de ne pas en faire de cas.

Sauf qu’à mon retour, j’ai cru comprendre que c’était un monument important, devant lequel tous les touristes – on s’entend que ça ne se compte pas en milliers – se font photographier. J’ai donc demandé à une ex-collègue si elle en avait une photo et elle m’a envoyé ça :

Mais j’ai fait une tonne de recherches et je ne trouve pas la confirmation de la raison de ce monument.

Ce serait logique que ce soit un monument pour commémorer les victimes d’un écrasement d’avion qui a eu lieu là en 2011. J’ai lu tous les rapports du BST concernant l’incident et puisque je travaille dans ce domaine depuis deux ans, j’en ai beaucoup entendu parler, alors je vais vous laisser « faire vos recherches » - une expression à la mode! – et pas vous casser les oreilles avec le vol First Air.

En gros, l’avion s’est écrasé sur une colline et c’est un cas souvent cité dans nos formations parce que le copilote avait remarqué que l’avion n’était pas dans le bon axe pour atterrir, mais qu’il n’a pas été en mesure de s’imposer pour faire changer d’avis le commandant. Si on veut se concentrer sur le positif, il y a eu trois survivants.

Ce qui est ironique dans cette histoire, c’est que les opérations de sauvetage ont été effectuées par les forces armées canadiennes, qui avaient été temporairement envoyées à Resolute Bay pour l’exercice militaire de l’opération Nanook de 2011. L’aspect ironique? Cette opération avait comme scénario principal d’entraînement… une catastrophe aérienne majeure.

Mais je devrai y retourner pour poser des questions et connaître la vraie raison d’être de cette hélice!


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