samedi 20 juin 2015

Ça ne peut jamais bien aller dans un aéroport

Je vous écris de l’avion, direction Barcelone. Et déjà, on a eu notre lot de péripéties…

Il faut dire que j’ai un karma de marde plutôt mauvais avec les aéroports. Rares sont les fois où tout se passe sans anicroche.

Quand ce n’est pas une compagnie qui oublie de payer le vol sur lequel elle m’a transférée, c’est moi qui perds mon laptop à Londres, ou qui passe près de faire une Michèle Richard de moi-même en embarquant dans le mauvais avion. Ça, c’est quand je ne le manque pas.

Cette fois, on n’avait même pas encore franchi la sécurité que ça s’était déjà gâté.

Mise en contexte : on a loué une voiture à Barcelone, car on roulera jusqu’à Séville, avec des arrêts prévus à Valence et à Madrid. Comme mon permis de conduire international est expiré, je suis allée le refaire. Et comme je suis la personne la plus à la dernière minute que je connaisse, j’y suis allée à 19h30. Ça fermait à 20h… et notre vol était à 23h10. Sauf qu’on n’avait pas besoin d’arriver super tôt. J’avais réservé notre place pour la fouille et on devait passer à 21h55. On avait donc amplement le temps.

Une chance.

Une fois que notre lift nous a déposées à la porte et qu’on s’est dit au revoir, j’ai fait emballer ma nouvelle valise. L’an dernier, mes deux (la grosse et la petite, cette fois j’ai commandé la moyenne pour compléter l’ensemble) avaient mangé la claque. Un seul tour de carrousel et elles étaient pleines de grosses marques noires. Donc cette fois, je n’ai pas pris de chance. J’ai payé les 10$ nécessaires pour faire emballer ma valise. C’est mieux que tous les cadenas du monde ce truc, car même avec beaucoup, beaucoup d’efforts, impossible d’ouvrir la fermeture éclair.

Toutes contentes d’être à l’heure – j’ai couru partout avant de partir pour trouver ma caméra GoPro, en vain… – on est dans la file pour déposer nos bagages.

C’est là que j’ai un flash.

Je n’ai PAS mon permis international. Oui, celui que je venais à peine de faire faire. C’est que dans un élan de panique parce que ma valise n’était toujours pas terminée quelques minutes avant de partir, j’ai vidé tout le contenu de mon petit sac à main qui me servirait pour les visites, pour le mettre dans la valise. Et c’est dans cette sacoche que j’avais mis mon permis. Je me souviens très bien de l’avoir simplement vidée en la virant à l’envers et en laissant tout son contenu sur la table de la cuisine. (Je vais faire du ménage à mon retour, promis)

J’appelle mon amie pour lui demander de faire un demi-tour illico et de retourner chez moi. C’est que ce permis est obligatoire en Espagne et si on se faisait arrêter par la police et qu'on n'avait pas ce document, c'était une amende de 200 euros et la saisie immédiate de la voiture. On s’entend que notre voyage aurait été à l’eau.

- Ben là! Je suis déjà rendue à Saint-Anne-de-Bellevue! me répond mon amie.
- Tu dois faire demi-tour, maintenant!
- On n’aura jamais le temps, voyons!
- Pas le choix. S’il te plaît…

Elle a accepté de rebrousser chemin, à condition que pendant ce temps, je vérifie dans ma valise que je l’avais bel et bien oublié.

Oui, ma valise cadenassée de «saran wrap».

On essaie d’abord d’enlever juste le dessus et d’entrer notre main pour y aller à tâtons. C’est peine perdue. L’espace est tellement restreint que ça prendrait presque des outils pour nous sortir le bras de là.

La préposée au comptoir de la compagnie aérienne – qui était vraiment géniale – me dit que je devrais retourner voir les gars qui l’ont recouverte, qu’ils pourraient sûrement m’arranger ça. Ouais, mais j’ai pas envie de repayer.

Oui, après avoir dépensé une fortune pour un billet de hockey, ça m’arrive d’être cheap.

- Je les connais, je vais aller les voir et t’arranger ça, me dit-elle.

Elle revient et me confirme qu’ils vont me la réemballer, mais qu’ils demandent d’essayer de ne pas tout enlever. Facile à dire.

Voilà le résultat :
Tout ça… pour confirmer que mon permis n’est pas dans mes affaires. Mon amie poursuit donc sa route et le trouve, comme je l’avais dit, sur la table.

Pendant ce temps, je retourne voir le «préposé à la pellicule plastique», qui regarde ma valise avec une légère frustration.

Heille. Ne me juge pas, je n’avais pas le choix, dude.

- Tu veux la faire refaire au complet?
- Ben, juste la partie qu’on a dû couper.
- Et tu ne veux pas payer, c’est ça?
- Pas vraiment, non. La fille m’a dit que c’était correct.

Il ne dit rien, mais je sens qu’il est contrarié. Comme je n’ai pas envie de «dealer» avec une telle attitude, je lance :

- Ben là. C’est pas comme si vous alliez être short en «saran wrap».
- Oui, je vais l’être de 8$.
- Quoi? Voyons, t’as refait deux petits tours avec.
- Oui, sauf que c’est 8$ de moins dans mes poches. C’est moi qui vais le payer.
- T’as juste à pas me le charger…
- Je ne peux pas, c’est numéroté.

Ça, je déteste ça. Demande-moi le 8$, explique-moi avant de commencer la manœuvre que je n’aurai pas le choix de payer. Fais n’importe quoi. SAUF me faire sentir cheap parce que tu paies à ma place.
Euh, non. Tu paieras pas ça de ta poche, je vais aller te chercher le 8$.

En passant, j’ai raté le mémo qui disait que ça passait de 10$ à 8$?

- Non, c’est beau. Je vais le payer.
- Heille. C’est pas vrai que tu vas me laisser partir en voyage en me sentant coupable de te faire payer 8$ de ta poche. Je VAIS payer.

Obstination ridicule. Il ne veut rien entendre. Je prends ma valise, tourne les talons et reviens aussitôt avec un billet de 20$. Après, évidemment, avoir dit des choses pas très gentilles à son sujet à mon amie et à la préposée d’Air Transat.

Il n’a rien voulu savoir de mon argent.

- Non, garde-le. Et tu feras une bonne action pour quelqu’un d’autre une autre fois.

Bon, il se prend pour Chantal Lacroix maintenant! Ah pis de la merde, je repars avec mon billet vert. Il n’y avait rien à faire avec lui.

Il est 22h15 environ quand je rappelle mon amie pour savoir où elle est. On commence à paniquer un peu, car il reste moins d’une heure avant le décollage et on n’est toujours dans l’entrée de l’aéroport. J’ai bondi sur sa voiture comme un lion sur un morceau de viande.

Évidemment, Parmelie a pris soin de me traiter de «retardée» à tue-tête jusqu’à ce que j’entre à nouveau dans l’aéroport. En courant. Avec des gougounes qui glissent. On aurait dit une catastrophe assurée.

Course dans les corridors déserts jusqu’à la sécurité, où on est heureusement passées en moins de deux minutes. Puis, autre course jusqu’à la porte numéro 15, qui était évidemment la plus loin. Deux vraies folles qui courent – ou essaient de courir sans tomber et sans mourir pour cause de manque d’air – jusqu’à la porte, où on arrive en sueurs, les cheveux en bataille.

Ce n’était même pas notre tour à embarquer. Finalement, on avait… une bonne vingtaine de minutes d’avance!

Un problème de scanneur plus tard, qui a fait en sorte que Jenny n’a pu passer tout de suite après moi et qu’elle a dû refaire l’interminable file pour passer (pendant ce temps, je faisais la circulation parce que les gens avaient beaucoup de difficultés à comprendre le principe qu’une porte fermée et verrouillée où c’est écrit «personnel autorisé seulement», à côté d’une porte OUVERTE où vont tous les gens, ça porte à confusion..

Il semblerait que le scanneur n’avait pas fonctionné avec moi, car on a crié mon nom une fois dans le petit autobus où il y avait trop de couleurs à mon goût.
Bref, si on avait voulu passer incognito, on aurait vraiment manqué notre coup.

Donc c’est ça, on est maintenant rendues.

Viva Espaṅa! (Et surtout les tapas et les beaux Espagnols)

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