vendredi 7 avril 2017

Digne d'un film d'horreur

Un collègue, qui prépare également son voyage en Islande, m’a parlé d’une carcasse d’avion qui se trouve sur la plage et qui est un must. Pour la petite histoire, c’est un DC-3 de la Navy américaine qui a manqué d’essence en 1973 – on a par la suite su que le pilote avait juste mis la switch au mauvais réservoir. Heureusement, tout le monde a survécu.

J’ai donc fait mes recherches et j’ai trouvé un site qui expliquait comment s’y rendre, puisque comme à peu près toutes les attractions, les indications sur place ne sont pas très claires.

Mes notes me disaient qu’après telle pancarte, on continuait un peu et que là, il y aurait une mini clôture où on laisse la voiture, car la réglementation a changé et qu’elles ne sont plus admises sur la plage. Il faut donc marcher 4 km pour se rendre à l’avion, qui est sur le bord de l’eau. On disait aussi qu’on ne la voyait presque juste une fois rendue sur place, puisqu’elle est cachée derrière une dune.

Mon plan initial était d’arrêter lors de ma troisième journée, alors que je faisais la longue route entre Reykjavik et Skaftatell. C’est environ quatre heures de route – en théorie. Sur le chemin, la route 1, j’avais toutes les attractions célèbres. Les chutes Seljalandsfoss et Skógafoss, la plage de sable noir et les colonnes Reynisfjara à Vik, les genres de rocher dans l’eau de Dyrholaey, etc.

Ç’aurait pu être une journée magnifique, en roulant sur cette route – qui n’est pas une autoroute – qui fait le tour du pays. Sauf que la température était merdique. En fait, imaginez un cocktail météo de marde et multipliez-le par 12. Ça vous donnera une petite idée du temps qu’il faisait.
Je suis arrêtée partout, mais ce n’était pas agréable. Le vent était si fort que j’avais peur de m’envoler. Même dans ma voiture, à quelques endroits. Les chutes étaient moins belles – même à Skógafoss où j’ai monté les 426 marches pour aller au sommet, elles perdaient de leur lustre dans la pluie diluvienne et froide. Une fois en haut, j’ai à peine pris le temps de l’observer et encore moins de la photographier, car j’avais peur de subir des engelures aux doigts et au visage (mes mitaines étaient trempées) et parce que même si j’avais acheté un genre de petit imperméable pour ma caméra, j’avais toute la misère du monde à protéger la lentille qui était soit embuée, soit pleine de gouttes d’eau.
 
Même chose pour la plage de sable noir. J’ai acheté un méga coupe-vent de touristes (à 23$, parce que tout est cher) et j’avais peur de faire une sœur volante de moi-même. Pas de selfie, oubliez ça! Pour vous donner une idée du temps gris qu’il faisait, cette photo n’a PAS été prise en noir et blanc.
Revenons donc à la carcasse d’avion. J’ai cru voir le stationnement qui y menait avec des gens braves – ou inconscients – qui empruntaient la route a pied. Je ne pouvais même pas faire trois pas sans avoir l’impression de vivre le pire moment de ma vie, alors je me suis résignée et dit que j’essaierais d’arrêter au retour, le lendemain.

Mes plans ont toutefois changé avec mon excursion sur le glacier – les affaires le fun, vous les aurez plus tard – et je suis partie de Skaftafell beaucoup plus tard que prévu.

Il faisait plus beau cette journée-là et j’ai pensé que si la température avait l’air clémente, je pourrais m’essayer. Ce n’est que vers 19h que j’ai revu le stationnement. Encore là, comme il n’y avait aucune affiche indiquant la présence de vestiges d’avion, je n’étais même pas certaine. Mais comme je croisais des gens qui revenaient avec leur appareil photo, j’ai déduit que c’était le bon endroit Derrière moi, un magnifique coucher de soleil.
Je n’ai jamais été très bonne en estimation de temps, alors 4 km, pour moi, c’est long et ça ne l’est pas à la fois, car je voyais ça comme une petite marche d’une quarantaine de minutes. Dans le sable noir rempli de grosses roches. Heureusement, j’avais mes bottes de marche – mon meilleur achat, à 24 heures du départ vu l’oubli de l’autre paire en Floride… J’espérais arriver à temps pour pouvoir avoir ce coucher de soleil en toile de fond. Pour y aller, la route est simple. C’est ça, à l’infini :
Il ne restait que quelques rayons quand je suis enfin arrivée. Je commençais à avoir mal aux jambes, surtout que je venais d’escalader un glacier et que selon mon téléphone, j’avais déjà marché dans ma journée près de 10km et monté près de 80 étages. Mes hanches commençaient à ne plus vouloir répondre à l’appel. Et je devais remarcher tout ça…

Près de l’avion, deux gars avec un drone et un milliard de gadgets qui prenaient mille et une photos, couraient à l’intérieur de la carcasse, se pensaient seuls au monde. Bref, ils me gossaient, car j’avais de la misère à prendre mes photos. Mes réglages étaient toujours gâchés par leurs lampes de poche ou ils se foutaient carrément dans ma «shot».
J’ai abdiqué, après avoir pris quelques photos pas très belles. Sauf celle-là, peut-être.
Le soleil commençait à disparaître et ça ne me tentait pas trop de faire le trajet du retour dans le noir. Le problème, c’est que le sentier avec les marqueurs jaunes est élargi à partir du moment où on voit l’avion. Ils forment un genre de grand rond et sont loin l’un de l’autre.

Alors en retournant sur mes pas… je ne les ai jamais trouvés, ces p’tit criss de bâtons jaunes.

Jamais.

Je me souvenais avoir descendu la dune, alors je l’ai remontée, en me disant que j’allais finir par en voir un. Avec comme seul éclairage la lampe de mon iPhone, disons que mes chances de réussite disparaissaient au même rythme que les dernières lueurs du soleil. J’ai même maudit la lune de ne pas être plus brillante.

Pas le choix, je devais juste marcher tout droit, avec comme seuls points de repères la montagne à ma gauche et celle à ma droite. Je me suis dit que si je restais entre les deux, j’allais finir par arriver à la route.  Plus j’avançais, plus je ralentissais le pas, la douleur s’étant propagée de ma hanche droite à la gauche. Mes bottes étaient devenues tellement lourdes que j’avais l’impression de porter deux blocs de ciment aux pieds.

Il faisait froid et ventait, mais ça allait. J’ai failli tomber des dizaines de fois, mes pieds accrochant une roche chaque fois. Le chemin qui était si beau à l’aller, si droit, semblait ne jamais avoir existé. Il y avait plein de dunes. Marcher dans le sable avec la garnotte qui se frayait un chemin jusqu’à l’intérieur de mes bottes était devenu un supplice. J’avais peur de tomber sur une rivière ou un ravin creux qui me barrerait la route. Parce qu’avec juste la petite lumière de mon téléphone qui se vidait dangereusement de batterie, je ne voyais pas très loin à l’avant. Je le balayais souvent de gauche à droite, espérant apercevoir le reflet d’une des balises. En vain. J’ai dû zigzaguer pas mal, en pensant en voir de temps à autre ou en «reconnaissant» quelque chose qui était sur le bord de la route à l’aller. Ce n’était que des mirages.

J’aurais voulu courir, question d’arriver plus rapidement à la route qui avait l’air de s’éloigner à chacun de mes pas. Mais c’était mission impossible. J’avais maintenant du mal à marcher. On pense à un tas de choses dans ces moments. Premièrement «quelle conne de m’être aventurée là à cette heure», deuxièmement «quelle conne de ne pas avoir activement cherché les balises jaunes en quittant le site de l’écrasement» et troisièmement «et si je n’arrivais jamais à retrouver mon chemin et que je passais la nuit, ici, incapable de faire un pas de plus?» Sérieusement, j’ai rarement été épuisée comme ça. Mes nuits sans sommeil des jours précédents n’ont pas dû aider.

Honnêtement, j’étais désespérée. Au bord des larmes et en douleur comme jamais. J'ai même regretté de ne pas avoir pris en note le numéro du «9-1-1 islandais», qui n'est évidemment pas 9-1-1. Je me suis dit que je pourrais téléphoner à mon nouvel ami Facebook, soit mon guide sur le glacier, pour qu'il vienne me sauver. Mais encore là, comment tout ce beau monde auraient-ils pu me retrouver?

Quand je suis finalement arrivée près de la route, j’ai voulu m’écrouler au sol. Une clôture de barbelés longeait la route. Quelle merde! Essayer de la grimper dans l’état où j’étais et avec mon pas de force aurait été la chose la plus ridicule à faire. La pile de mon cellulaire était maintenant très faible. Je n’avais aucune idée si je devais aller à gauche ou à droite, vu le pas de lumière et le pas de civilisation. J'ai décidé d’aller à droite, car je pensais m’être trop éloignée par la gauche. J'ai marché un moment puis j'ai vu une ouverture dans la clôture. Alléluia! Je l'ai traversée, non sans peine et sans accroc à mes vêtements et mitaines.

Toujours impossible de savoir si j'allais dans la bonne direction. Et même si j'étais tombée sur une pancarte – elles étaient très, très rares –, je n'aurais pas su si ce chemin venait avant ou après le stationnement.

J'ai donc décidé d'activer les données sur mon cellulaire, en me disant que ça me donnerait peut-être une idée. Je me souvenais des premières lettres du chemin qui était juste un peu passé le stationnement. Oh que j’aurais dû faire ça avant. Parce qu’en écrivant les premières lettres, j'ai vu apparaître «Solheimasandur Plane Wreck». Ah ben maudit. C’était sur Google Maps. Ça veut dire que j’aurais probablement pu m’en servir pour retrouver le chemin. Même si ce n'est pas une vraie route. Puis on voyait le stationnement. J'étais trop à droite. Près d’un kilomètre et demi trop à droite. J'ai longé le chemin en espérant que les voitures allaient me voir, car il n’y avait évidemment pas de trottoir. J’appuyais régulièrement sur le bouton pour déverrouiller ma voiture en espérant voir ses lumières. Mais ce bidule fonctionnait à peu près juste quand j'étais à côté d’elle. Après près d’une heure 30 minutes de marche dans le champ sablonneux, j'ai ENFIN vu ma voiture. J’aurais voulu pleurer, mais je n’en avais même pas la force.

Je n’ai vraiment pas passé un bon moment. Et le pire, c’est qu’il me restait encore plus de deux heures de route à faire. Chaque fois que je devais changer de vitesse, c'était un véritable martyr pour mes hanches. De plus, je n'avais croisé qu’un restaurant avant cet épisode et comme je n’avais pas envie de la junk du petit casse-croûte, j’avais décidé de seulement acheter des Pringles – quelle décision de marde – et d’attendre le prochain poste de ravitaillement.

Il n’est jamais venu. Mon souper a donc été... des chips. Pas d’endroit non plus pour me procurer une nouvelle bouteille d’eau…

J’ai ensuite eu du mal à marcher de ma voiture à ma chambre. Ankylosée comme jamais.

Mon dernier espoir de mettre un peu de baume sur cette aventure était de voir une aurore boréale.

Le ciel est resté noir.

Et moi, je vais avoir de la difficulté à marcher pour encore plusieurs jours…

mercredi 5 avril 2017

Traumatisme à l’hôtel

Dans mon plus récent billet, je vous ai dit que «le reste de la soirée s’était bien passé, sauf pour l’hôtel» et que j’allais vous raconter ça plus tard. Je pense sérieusement que je me suis jynxée, parce que je n’avais encore rien vu!

Tout ça a commencé quand je suis arrivée à l’hostel que j’avais réservé. En fait, je ne suis vraiment pas du type «auberge de jeunesse». Partager ma chambre avec plein d’inconnus qui ronflent ou rentrent tard saouls, ça ne m’attire pas. Mais les hôtels étaient très dispendieux à Reykjavik, alors je me suis dit que pour deux soirs, ce n’était pas la fin du monde. Et ça m’a quand même coûté 145$. Sauf qu’une fois sur place, ça ne me tentait plus du tout. J’ai demandé à voir la chambre avant de m’enregistrer. C'était un dortoir pour 10 personnes et il y avait des gens qui dormaient et les autres qui m’ont tous regardée quand j’ai ouvert la porte. Je sais maintenant comment se sent un chevreuil quand il voit des phares de voiture.

J’ai tourné les talons. J’ai utilisé leur WiFi pour réserver autre chose. Deux autres nuits, dans de vrais hôtels – et un dans un appartement – pour la modique somme de… 300$. Allo les dépenses chiantes.

Je devais toutefois rester à cet hôtel, parce que c’est là qu’on venait me chercher à 22h pour aller voir les aurores boréales. Je n’en ai pas vu et je suis revenue, vraiment épuisée, à 2h du matin. Ça, c’est en ville, parce que le chauffeur d’autobus m’a déposée à une quinzaine de minutes de marche de mon hôtel, prétextant qu’il ne pouvait pas s’y rendre et que ma seule autre option était de retourner à la gare avec lui pour embarquer dans un plus petit bus. J’ai donc marché. J’ai récupéré ma voiture et je suis partie pour le nouvel hôtel que j’avais réservé. Je suis arrivée vers 2h30. J’avais hâte de voir mon lit, vous n’avez pas idée.

La préposée a eu du mal à trouver ma réservation. Une dizaine de minutes plus tard, j’étais en route vers la chambre 217. Je comptais les secondes qui me séparaient du bonheur de me lancer sur mon lit et de ne plus bouger.

En ouvrant la porte… LE CHOC. J’entends un «HEYYYY» et je vois un gars qui bondit de son lit. Lui aussi, maintenant, sait comment se sentent les chevreuils quand il voient des phares de voiture. J’ai refermé la porte sur un moyen temps, avec le cœur qui battait très fort. Pas super comme surprise. 

Je suis donc retournée à la réception en lui expliquant que je venais de vivre un des moments les plus «awkward» de ma vie. Comme elle ne savait pas qui se trouvait dans la chambre, elle lui a téléphoné – oh que le gars n’a pas dû être heureux de son séjour là! – pour avoir son nom. C’est que s’il était dans cette chambre, ça voulait dire que la sienne était libre et qu’il y a juste eu un petit (énorme) mélange. Elle ne trouvait pas son nom, m’expliquant «qu’il y a un groupe de 20 personnes et qu’elle n’a pas tous leurs noms». En analysant ses fiches et m'a dit «Je pense que la 105 est libre. Il me semble que cet homme est parti». Elle a joué à l’éclaireur, car il n’était pas question que je vive ce moment une deuxième fois si la chambre était prise! Elle est revenue quelques instants plus tard en disant «Oh, ça, c’est awkward». J’ai donc compris que cette chambre-là aussi était prise. Comme on n’était pas pour réveiller tous les occupants de l’hôtel pour trouver la seule chambre inoccupée, elle a décidé de m’envoyer ailleurs. «C’est plus loin, mais il est neuf, alors il vaut plus cher», m’a-t-elle dit en essayant de me convaincre qu’il y a du bon dans la situation.

Je suis alors repartie, encore sous le choc et surtout super fatiguée. L’autre hôtel n’était pas si à côté que ça… Il était peut-être neuf, mais ils ont oublié d’y mettre du chauffage. En plus, il ventait tellement que ma fenêtre s’est ouverte toute seule pendant la nuit. Nuit qui a été plus que courte, car avec tout ça, j’ai pu me coucher vers... 4h.

Laissez-moi vous dire que j’ai eu une petite crainte chaque fois que j’ai ouvert une porte de chambre d’hôtel pour le reste du voyage!

Mais bon, c'est ben beau comme ville...

dimanche 2 avril 2017

Bonjour l'Islande! (et ses frais cachés)

Un long week-end en Islande, ça vous dirait? C’est ce que je me suis offert en ce début du mois d’avril!

Confession : je veux aller en Islande depuis que j’ai vu les images du voyage de Maripier et Grégoire à Occupation Double il y a des lunes de cela. Puis j’ai vu le fameux «billet à 99$» pour Reykjavik, offert par Wow Air. S’en sont suivis des tonnes de publications Facebook d’amis qui ont profité de ce deal. J’avoue que je n’aime pas tant faire les «voyages à la mode», mais bon, je ne m’en priverai pas pour cette raison non plus!

Depuis des mois donc, j’attends d’avoir quelques jours de congé collés pour m’exiler sur cette terre de glace.

Le moment est donc venu. Précisons tout de suite quelque chose sur le prix des billets. À 99$, c’est évidemment juste l’aller, à moins de vouloir refaire sa vie en plein milieu de l’océan, il faut aussi en acheter un pour revenir. Le prix total de mon billet aller-retour s’est donc élevé à 289$. Toute une aubaine! Mais bon, à cela, s’ajoute le prix pour les bagages – même si ce sont des bagages à main – et le siège. Pas dans le sens de «je me paie la traite et je vais en première classe». Non, juste un siège, point. Comme on ne peut passer le vol dans l’allée ou encore dans les toilettes, il faut aussi payer ça. Total de la deuxième facture : 132$. Je vous conseille fortement de les payer en ligne avant, car une fois à la porte, c’est comme les prix des spectacles dans un bar, ça double. Je m’en tire donc avec un billet aller-retour pour environ 420$.

On m’avait avertie par contre que j’allais devoir sortir le portefeuille et pas à peu près pour le reste. C’est vrai.

Les hôtels, c’est cher. La bouffe, c’est cher. Mais à date, ce qui me frustre le plus, c’est mon aventure automobile.

J’ai réservé en ligne une voiture pour mes cinq jours ici, et ça m’a coûté 212$. C’est raisonnable. Comme j’arrivais à 4h du matin – on a finalement atterri à 6h à cause du retard à Montréal –, j’ai réservé un hôtel – ou plutôt un lit dans un dortoir – pour aller dormir quelques heures et commencer ma journée du bon pied. Je ne pouvais prendre possession de la voiture qu’à partir de 9h de toute façon. Mon hôtel était à deux pas de l’aéroport. Mettons que j’ai été assez surprise de voir que ça me coûtait environ 60$ pour la course!!! Mais bon, après avoir dormi quatre heures avec comme son ambiant la voix d’une dame conne qui ne comprenait pas que c’était la nuit dans l’avion et qui parlait tellement fort que ça passait à travers mes bouchons, et les genoux dans le front vu le peu d’espace – et par peu je veux dire inexistant – entre mes jambes et le banc devant moi, le prix du taxi était le dernier de mes soucis.

J’étais aussi assez contente de réaliser que je suis arrivée tellement tard que tous les autres occupants du dortoir avaient déjà quitté. La petite princesse en moi était bien soulagée.

Après avoir récupéré quelques heures de sommeil, j’ai pris un autre taxi – à 35$ cette fois – pour me rendre à la compagnie de location de voitures.

La fille me demande une preuve que je suis assurée avec ma carte de crédit. Je lui montre et elle me dit : «Bon, puisque tu refuses notre couverture, je dois faire une préautorisation de 3548$ sur ta carte de crédit».

Elle a sûrement oublié une virgule quelque part, me dis-je, naïve.

- Non, c’est en dollars canadiens. C’est 3548$.
- Ça ne se peut pas, c’est beaucoup trop cher, voyons donc!
- C’est cher, en Islande, me répond-elle comme si c’était la chose la plus évidente au monde.

Bon, c’est ben l’fun tout ça, mais je n’ai pas cet espace sur ma carte de crédit. Elle me répond que dans ce cas, je dois payer des frais d’environ 350$, sinon elle ne me laisse pas partir avec la voiture. Nul besoin de vous expliquer mon niveau de frustration. Je l’obstine, en lui disant que je n’ai lu ça nulle part sur le contrat quand j’ai effectué la réservation.

Elle regarde le courriel, va tout en bas, clique sur «termes et conditions», ça mène à un autre site, où après avoir cherché de longues minutes, elle trouve cette «loi». J’ai beau lui expliquer que ça n’a aucun sens et que ce lien – sur qui, on va se le dire, personne ne clique – apparait dans le courriel de CONFIRMATION seulement, elle ne veut rien entendre. Et si je pars sans la voiture, elle ne me remboursera pas non plus. C’est pas mal ce qu’on pourrait appeler un «cul-de-sac». Pas le choix, je paie la pénalité de 350$, qui vient avec une franchise de 600$ en cas d’accident. Alors je vous dis ça de même, mais évitez rentalcars.com et la compagnie Green Motion…

Seule bonne nouvelle, j'ai loué un petit truc de WiFi portatif à la place du GPS. C’est un peu plus cher, mais rendu là…

Je pars donc avec ma Fiat Panda pour aller au célèbre Blue Lagoon. Autre conseil ici, réservez d’avance, car ça se remplit très rapidement. Là-bas, je relaxe dans le spa, je me mets de la bouette et des algues dans la face et je profite de mon drink inclus dans mon forfait. 

Mais comme je ne suis pas très «spa», j’ai fait le tour après un peu plus d’une heure. Après avoir marché sur ma boucle d’oreille – ouch! – et réalisé que se sécher les cheveux sans brosse est très douloureux, je reprends la route. 

Je remarque que mon WiFi portatif n’a plus de batterie. Merde, j’ai oublié de le fermer. Pas grave, j’ai le chargeur pour la voiture. Je le branche… aucun signe de vie. J’essaie mille et une manœuvres de réanimation : rien à faire. Ça ne va pas bien. Pas de WiFi, pas de GPS sur mon cell. Je retourne donc chez Green Motion, à une vingtaine de minutes de là (une chance que la route n'était pas compliquée!). On gosse pendant une demi-heure et je finis par repartir avec le même, qui a soudainement donné signe de vie.

Évidemment, ça n’a pas duré. La dame m’avait dit d’aller à leur succursale de Reykjavík si le problème revenait. Seul hic, je n’ai pas de WiFi pour programmer l’adresse. Je finis par trouver une station-service et trouve l’endroit. Une fois devant la porte, à 15h45, je me cogne le nez sur un commerce fermé. What? Pas contente, la fille. Je téléphone au numéro dans la porte et le gars qui me répond n’a visiblement pas envie de travailler un samedi. «Je ne pourrais pas être là avant une demi-heure et je n’en ai pas d’autres de toute façon». Je lui dis que je l’attends quand même, qu'il devra trouver une solution. Il me texte même après quelques minutes «Tu réalises que si tu le branches à l’hôtel, il va ensuite te durer toute la journée?» Quel épais. 

Au bout de 40 minutes, un homme arrive. Je lui demande si c’est à lui que j’ai parlé et il me répond que non, il est passé au bureau par hasard. Une quinzaine de minutes plus tard, je n’avais toujours pas réglé mon problème de chargement, mais au moins j’avais un GPS.


Sauf que j’avais déjà perdu de précieuses heures à Reykjavík… 
Mais bon, le reste de la journée s’est mieux déroulé (sauf pour l’hôtel, mais ce sera pour un autre billet) et j’ai trouvé un petit restaurant près du vieux port – pas évident de trouver quelque chose dans le quartier des fish and chips quand on ne mange pas de poisson… – qui sert de succulents ramens. Ça s’appelle Ramen Momo. C’est petit, sympathique, excellent! Je devrai me retenir pour ne pas y retourner chaque jour!