Les voyages, c’est beau, c’est magique, c’est parfait. Sur
Facebook, genre. Dans la réalité, ce n’est pas toujours le cas. Mon escale à
Istanbul en est un bon exemple. Je l’ai ratée. Dans le sens de «fail».
Dernièrement, j’ai décidé de profiter des escales que j’ai
en voyage. Au lieu de les détester en trouvant que je perds mon temps avant d’arriver
à destination, je fais exprès – quand c’est possible – d'en avoir des
longues, dans des villes que je n’ai jamais visitées. C’est comme ça que cette année seulement, j’ai passé du temps «gratuitement» à Doha (Qatar), Dubaï (Émirats
arabes unis), Los Angeles, Séoul (Corée du Sud) (texte à venir) et… Istanbul, en Turquie.
Parenthèse ici, mon passage date de moins de deux mois avant les
attentats à Istanbul. Nul besoin de dire que j’ai eu froid dans le dos en
apprenant qu’il y avait eu des morts exactement là où je me trouvais si peu de temps auparavant…
J’avais près d’une dizaine d’heures, de 5h le matin à 14h.
Ce n’est pas beaucoup, mais c’était suffisant pour aller visiter quelques
essentiels. Je m’étais même acheté un petit livre sur la ville. J’étais prête!
Je n’avais pas vraiment le temps de faire une visite avec un autobus ou autre
truc de touristes du genre, alors j’allais tout faire par moi-même. L’aéroport est assez
loin de la mosquée bleue, qui allait être le fait saillant de ma visite. Elle
était tout près de la basilique Ste-Sophie également et si j’avais le temps, je
prévoyais visiter le marché qui n’est pas très loin de là.
Tout était prévu et tout entrait dans mon horaire, bien que serré. J’ai
décidé de louer une voiture à l’aéroport. Je suis arrivée un peu plus tard que
prévu, mais j’avais encore le temps de faire tout ce que je voulais. C’est
toutefois là que les choses ont commencé à dérailler. Il m’a d’abord fallu un
temps fou avant de trouver la compagnie de location de voiture. Malheureusement
pour moi, je suis tombée sur l’employé qui n’allait visiblement pas remporter
le prix du plus compétent de l’année. Ç’a pris une éternité avant qu’il finisse
de remplir la paperasse. J’ai expliqué que j’étais pressée, que j’avais à peine
quelques heures et que je venais déjà d’en perdre presque deux. Il était très
étonné d’apprendre que je reprenais l’avion à 14h. Il avait clairement la
mémoire d’un poisson rouge, car il a ensuite essayé de me vendre le forfait
avec l’hôtel.
*soupir*
Après ce qui m’a semblé être une trois éternités, on s’est dirigés
vers la voiture. J’ai loué un GPS parce que je n’ai pas pu louer de petit WiFi
portatif. Google Maps n’était pas une option. Pour être gentil, l’employé m’a
proposé d’inscrire le nom de la mosquée bleue dans le GPS, puisque c'était
en turc. Disons que c’était long pour moi d’écrire : Sultanahmet Camii.
Surtout que des mosquées, dans le coin, il y en a une et une autre.
Avant de poursuivre, je dois préciser qu’Istanbul est
entouré d’eau et qu’un des ponts mène à la partie asiatique de la ville – c’est
la seule au monde qui soit sur deux continents.
Le GPS m'a dit que ça va me prendre environ une heure. C’est long, mais bon, c’était peut-être plus loin que je pensais. Ç’a pris tellement de temps avant que je prenne possession que j’étais maintenant en pleine heure de pointe matinale. Ce n’était pas du tout prévu. Mon avion s’était posé au sol il y avait déjà près de quatre heures. Que de temps gaspillé! Je me suis arrêtée dans une station-service pour m’acheter de quoi manger, parce que je n’avais encore rien englouti en sol turc. Bien évidemment, je ne comprenais rien aux pancartes, autant sur la route que dans le magasin. J’ai «spotté» quelque chose qui avait l’air d’une chocolatine. C’est sur ça que mon choix s’est arrêté.
J’aurais dû attendre par contre parce qu’il y avait des vendeurs itinérants… sur l’autoroute! Preuve que l’heure de pointe est quelque chose! On y vend des espèces de gros bretzels, des bananes et des bouteilles d’eau. Les gens ont l’air habitués, ils baissent leur vitre et sortent les billets tout partout!
Je dis que j’aurais dû attendre parce que ma pâtisserie goûtait bizarre. À priori, je me suis dit que le chocolat turc goûtait juste vraiment différent de celui du reste du monde. Puis plus ça va, plus je me disais qu’il était sûrement juste périmé.
Jusqu’à ce que je comprenne… que c’était un pain avec une tapenade d’olives.
Je déteste la tapenade d’olive. Je trouve que ça sent la couche de bébé. Disons que j’ai mis sur le compte de la fatigue le fait que ça m’a pris la moitié de la «pas chocolatine» avant de m’en rendre compte!
Je roulais depuis trop longtemps, dans une ville complètement ensevelie par un épais brouillard quand j’arrive sur un pont. J’aime les ponts, c’est le fun! Mais je ne me souvenais pas que j’en avais un sur ma route…
L’heure d’arrivée sur le GPS ne fait que retarder encore et encore. Quand j’arrive à ma destination, je réalise que… ce n’est pas là du tout. Mais genre, vraiment pas. Je vérifie le GPS et comme tout est en turc, je suis embêtée. Parce que bien évidemment, pour me rendre service, le désormais très imbécile employé de l’aéroport n’a pas modifié la langue pour le français… Je réussis à le faire et entre «mosquée bleue». Ça me donne ça :
QUOI!?! Ça n’a pas de sens! Le con m’a non seulement envoyé là où il n’y a même pas de mosquée, mais il m’a fait traverser du côté asiatique! Le trafic était MONSTRE de l’autre côté et c’est vers là que je me dirigeais!
Je devais arriver vers 12h... Mais advienne que pourra, je devais y aller. Je savais bien que je n’avais plus le temps pour la basilique Sainte-Sophie ni le marché, mais bon… Disons que la nervosité s’est emparée de moi.
J’ai fini par arriver. Vraiment tard. Et je n’avais plus de manucure. C’est l’unique fois dans ma vie que je me suis rongé les ongles de la sorte… Seule chance de la journée, j’ai trouvé un stationnement tout près. Le problème, c’est que j’avais aussi l’envie du siècle. Le petit monsieur responsable de faire payer le stationnement – des parcomètres vivants, bref – me courrait après. Alors, imaginez la scène. Moi qui mime une envie de pipi à un Turc.
De toute beauté.
Il a fini par comprendre, j’ai couru dans un café et je suis revenue le payer.
J’ai photographié tous les noms de rues pour être certaine d’être capable de retrouver ma voiture sur le chemin du retour.
Je courais et je suis finalement arrivée à la mosquée. Bon, je ne sais pas si c’est la pluie, mais j’ai été un peu déçue. Mais c’est vrai que tout est plus laid sous la pluie, alors…
Tant qu’à être rendue, je voulais aller à l’intérieur. Mais pour ça, je devais me couvrir les cheveux et mettre une fausse jupe par-dessus mes pantalons. Ils nous fournissaient tout ça. Un beau voile et une jupe en tissus de jaquette d’hôpital.
LE. RÊVE.
À l’intérieur, je devais faire vite. C’est tout juste si je ne courais pas – sans mes souliers, évidemment.
Je suis donc sortie aussi vite que j’y suis entrée, c’est-à-dire à la vitesse de l’éclair.
En sortant, j’ai vu basilique Sainte-Sophie au loin. C’était chien! Elle était magnifique! Mais tellement trop loin pour le temps qu’il me restait! J’aurais déjà dû être en route pour l’aéroport. En fait, j’aurais déjà dû être à l’aéroport. Il était près de 13h.
En panique, j’ai tourné les talons pour retourner à ma voiture. Mais j’ai quand même fait un mini détour pour voir le petit marché qu’ils annonçaient derrière l’église. C’était plus fort que moi. Pas brillant, mais l’adrénaline n’a clairement pas de jugement.
Nul besoin de dire que je n’ai pas du tout eu le temps de dépenser l’argent turc que j’avais pris en échange de tous les rands qu’il me restait à l’aéroport de Cape Town…
S’en est suivie une course contre la montre.
Et un GPS qui refusait de collaborer. J’aurais eu besoin de Google Maps. Le problème, c’est que quelques heures auparavant, quand je me suis retrouvée en Asie sans le savoir, je n’avais pas eu le choix d’ouvrir mes données à l’étranger. Mais comme ça faisait trois mois que j’étais partie, j’ai reçu quelques instants plus tard un super message de mon fournisseur disant «Pour votre bien, puisque vous avez atteint 1000$ en frais d’itinérance ce mois-ci, nous bloquons vos données». Non, mais parlez-moi d’un timing de MARDE! (Je nie encore la réalité quant au montant de la facture, soit dit en passant)
Je me suis un peu perdue, les rues étaient compliquées, tout était écrit dans une langue que je n’arrivais pas à déchiffrer et la circulation était tout aussi dense en pleine ville que sur l’autoroute, où on roulait à la même vitesse qu’un ver de terre. J’ai tenté la tactique «avançons en changeant de voie dès que ça avance dans une ou dans l’autre», mais ce n’était pas très concluant. Et il ne me restait plus d’ongles à ronger (je vous épargne la photo que j’ai prise sur le coup!). En plus, je devais aller mener la voiture un peu à l’extérieur de l’aéroport. Et faire le plein. J’ai abandonné le projet de la remettre pleine d’essence. Je savais qu’ils allaient simplement l’ajouter à ma carte de crédit. M’obstiner en turc et risque de rater l’avion pour une vingtaine de dollars, très peu pour moi, merci.
J’ai finalement trouvé l’endroit environ une demi-heure avant le décollage. J’étais certaine de rater mon vol puisqu’ils ferment les portes environ à ce moment.
Je ne suis pas arrêtée devant la bonne compagnie, mais mon visage paniqué et mes explications boiteuses en anglais avec les meilleures explications possible en mimes ont fait comprendre à l’homme derrière le comptoir qu’il devait venir me mener rapidement à l’aéroport.
Le temps filait. J’avais envie de pleurer. J’avais gâché mon escale et en plus, j’allais rater l’avion. Tout ça pour ça! J’ai couru – je suis rendue une pro de la course dans l’aéroport – et j’ai supplié les gens de me laisser passer à la sécurité. J’ai ensuite couru à nouveau jusqu’à la porte d’embarquement, qui était évidemment loin.
Arrivée à la porte, à peine quelques minutes avant que l’avion recule, je n’en crois pas mes yeux. Les préposées me laissent entrer. Ce n’est qu’une fois assise à mon siège que j’ai recommencé à respirer. Je l’ai fait.
Et je pense que j’ai été essoufflée jusqu’à ce que j’arrive à Dorval.
Tout ce que je souhaite, c’est que le climat se calme en Turquie pour avoir une deuxième chance de découvrir cette ville. En m’y arrêtant beaucoup plus longtemps la prochaine fois.
Voici quelques photos que j’ai réussi à prendre dans tout ce brouhaha – vous remarquerez que le soleil s'est pointé le bout du nez au moment où je partais, évidemment.
Oh et une petite dernière, qui résume bien mon passage éclair!