dimanche 27 mai 2018

La Nouvelle-Orléans, ville des morts... pas vraiment enterrés


Pas facile de trouver une solution pour enterrer ses morts quand on passe notre temps à être victime d’inondations. Parce qu’après quelques fois où les os et les cercueils flottent un peu partout dans la ville, disons que ça convainc les gens de trouver un plan B.


C’est donc pourquoi les cimetières sont surélevés à La Nouvelle-Orléans, ville bâtie sur des terres vaseuses. Lors de mon passage en Louisiane, j’ai fait la visite guidée des cimetières. J’en ai visité deux, les principaux. 
On voit des traces des inondations un peu partout, comme la rouille sur ces chaises.
La méthode pour enterrer les morts dans cette région est donc particulière. En fait, on ne les enterre pas…

Voici donc ce qui se passe quand une personne meurt à La Nouvelle-Orléans – et qu’elle a déjà une place dans un tombeau.

On place le cercueil dans le tombeau, que l’on scelle avec une pierre et du ciment. Pas question de l’ouvrir avant un an et un jour. La température grimpe tellement à l’intérieur que ça donne l’effet d’un four crématoire. C’est juste un peu plus long que les nôtres, disons. Mais dans la branche de la religion qui était pratiquée là-bas, on ne pouvait pas incinérer les morts.

Au bout d’un an et un jour, on ouvre – oh que je ne voudrais pas avoir cette job! – et on enlève ce qu’il reste du cercueil. Avant, on ne faisait que pousser les restes au fond et ça tombait dans un genre de caveau. Aujourd’hui, on les place dans un sac et c’est identifié au cas où ils auraient besoin d’exhumer un corps pour des fins médico-légales.

Et qu’arrive-t-il si un autre membre de la famille meurt avant la fin des 366 jours d’un autre et qu’ils partagent la même tombe? Il est dans une temporaire, un genre de long mur où des dizaines de voûtes servent pour ces occasions. Ou encore pour ceux qui n’ont pas de place déjà achetée dans le cimetière. Les tombes abandonnées par les familles sont éventuellement revendues.


On écrit les noms des défunts sur la plaque que l’on remet une fois le processus terminé. Quand il n’y a plus de place, on enlève la plaque, on la met sur le côté et on en recommence une autre.


La fièvre jaune a fait de nombreuses victimes lors des épidémies et on en a la preuve en lisant les plaques. Il y a aussi des familles qui étaient grandement affligées avec la perte de plusieurs jeunes enfants.

 
D’ailleurs, puisque ce sont les Français qui ont fondé La Nouvelle-Orléans, plusieurs de ces plaques sont en français et il y a aussi plusieurs noms francophones.

Alors voilà, c’est un peu plus complexe qu’ici, mais j’aime mieux ça que de tomber sur un cercueil en pleine rue lors d’une inondation!