Vous avez lu mon blogue sur le chemin de croix que j’ai dû faire en vain pour pouvoir emmener mon chien Charlot en France au printemps dernier? Eh bien sachez que c’était de la petite bière si on compare à tout ce qu'il a fallu que je fasse pour lui faire visiter la Norvège. J’en étais épuisée avant même mon départ! Installez-vous confortablement, c’est une saga interminable.
Commençons par le début. J’ai appris de ma leçon au
printemps alors que Charlot devait avoir reçu son vaccin contre la rage entre
21 jours et un an avant le départ pour l'Europe. Comme j’étais trop tard pour le voyage en France,
je lui ai fait administrer le vaccin en me disant que tout serait en règle
si on partait en Norvège à l’automne comme je l’espérais.
Je savais aussi que je devais voir le vétérinaire, faire
remplir une tonne de paperasse et tout faire approuver par l’Agence canadienne
de l’inspection des aliments dans les 10 jours avant le départ. C’est pourquoi
je n’ai absolument rien réservé avant d’avoir tous mes rendez-vous. Chat
échaudé craint l’eau chaude, comme on dit…
J’avais ma rencontre avec le vétérinaire le jeudi et j’ai
pris soin d’imprimer la documentation pour la Norvège, qui n’est pas la même
que pour les pays membres de l’Union européenne. Je dois dire que le personnel
de l’ACIA de Montréal a été d’une aide exceptionnelle. Je lui laissais au
minimum un message par jour pour comprendre la logistique et j’avais toujours
un retour d’appel très rapide. En gros, ce que j’ai compris, c’est que si je me
rendais simplement en France, j’avais besoin du certificat que j’avais fait remplir
en vain quelques mois plus tôt. Mais – et c’est le gros mais – si je passais
par la France pour aller en Norvège, c’était complètement différent et j’avais
besoin de faire remplir un truc qui sonnait comme « Certificat d’exploitation
commerciale » blablabla. Bref, non seulement Charlot est traité comme de
la viande, mais en plus, c’est comme si j’en faisais le commerce. Si compliqué
qu’on me suggère fortement de passer par un pays non membre de l’UE. On me
mentionne la Suisse. Je trouve un billet qui passe par Londres. Mais j’attends,
au cas. Quand j’appelle une énième fois la secrétaire sympathique de l’ACIA, elle
me dit que c’est encore plus compliqué par la Grande-Bretagne (depuis le Brexit
et tout). Alors je réserve mon billet aller seulement – j’étais en attente d’une
tonne de réponses pour le retour – avec Swiss Airlines. Au début, j’avais un
vol aller-retour abordable avec une escale d’une journée à Zurich au retour. J’aime
ces escales, parce qu’elles permettent de visiter une ville de plus pour
presque rien. Évidemment, au moment de réserver, ce vol n’était plus disponible pour le segment ZRH-YUL. J’ai donc seulement pris l’aller.
Sauf que je rappelle que je voyage avec un chien en cabine. Cette
information est importante parce que c’est là que commence le calvaire.
Charlot est un chien de service au Canada et aux États-Unis (si
vous voulez savoir pourquoi, lisez le livre sur notre histoire!) et aussi ce qu’on
appelle un emotional support dog. Longue histoire, que je ne raconterai pas
ici. Bref, il se qualifie pour les deux options. J’ai absolument tout lu ce qui
était sur le site de la compagnie aérienne concernant les chiens de service –
il a toujours voyagé sans frais lors de ses… 32 précédents vols. J’en suis
venue à la conclusion que son certificat de chien de service n’était pas
reconnu puisqu’il n’est pas allé dans une des 20 écoles approuvées internationalement.
Sur le site, on explique que Swiss Air ne reconnaît plus les chiens de soutien
émotionnel pour les vols gratuits et qu’il faut débourser au poids pour les
embarquer. Je n’ai pas envie de m’obstiner et je me dis qu’à 2 kg, ce soutien
émotionnel ne devrait pas me ruiner.
Avant de réserver mon vol, je téléphone au service à la clientèle
et explique la situation. En gros, l’employé me dit que je n’ai qu’à réserver,
appeler à tel numéro par la suite et l’enregistrer comme chien de soutien émotionnel
et qu’à son poids, ce serait 120 euros pour me rendre en Norvège. Le plus important,
c’est qu’il aurait le droit de s’asseoir sur moi – comme il l’a toujours fait
en avion ou en train. Cette réponse me satisfait et je réserve.
Je téléphone au numéro qu’il m’a donné et c’est là que commence l’équivalent
de la maison des fous d’Astérix.
Premier appel :
Après vérification, l’employée m’annonce : « Le système n’accepte pas les chiens » et part
vérifier. La raison ? « Le Canada a banni le transport d’animaux
alors je ne peux pas l’ajouter à votre réservation ».
Bon, beaucoup de choses à
« process » comme on dit. Elle me met en attente quand je lui dis qu’elle
n’a absolument pas les bons renseignements puisque c’est le gouvernement
lui-même qui m’a dit de passer par eux. J’attends. Vingt longues minutes au
cours desquelles je trouve rapidement la réglementation. Leurs informations
sont erronées et sont basées sur le fait que le Canada a suspendu le transport
d’animaux en soute en raison des déboires de l’été. Ça ne concerne absolument
pas les animaux en cabine et encore moins les chiens de service. Je suis toute
prête à lui envoyer le lien prouvant mon point quand… la ligne coupe.
J’attends quelques
minutes en me disant qu’elle a mon numéro et qu’elle va me rappeler. Évidemment,
non.
Je rappelle. J’explique
la situation et… ça raccroche.
Je téléphone à nouveau. J’explique
le tout avec un peu moins de patience. Au bout de 35 minutes, l’employée
revient et sans dire qu’en effet, il n’y a pas d’interdiction au Canada et que
tout est correct, elle m'indique que je n’ai qu’à remplir la documentation sur le
site pour les chiens de service. Le hic, c’est que d’une part ça faisait une
semaine que je cherchais ce document et que d’une autre, je savais qu’il me
manquait un certificat international et que je tombais dans la catégorie « emotional ». J’ai ma carte de crédit en main, prête à payer les 120 euros de frais. Je navigue et
je ne trouve pas. Je lui demande de me guider et en effet, le document n’est
disponible que sur le site en allemand. Vive Google Translate ! Tout ça
pour dire que ce qu’elle me demande de remplir, c’est la documentation des…
États-Unis. La même que quand on va en Floride. Ça n’a pas rapport et je le
sais. Je remplis et j’envoie à l’adresse prescrite, très dubitative.
Le lendemain, je reçois
un courriel de la compagnie aérienne me disant que la documentation a été reçue
et que je dois appeler au numéro des réservations (le même que les trois fois
précédentes) pour l’ajouter.
Quatrième appel :
Ça raccroche au bout de deux minutes, sérieusement, ils ont un
problème avec leur ligne…
Cinquième appel : On me dit que le chien est déjà à ma
réservation et que je devrai apporter le certificat. Que je répète – ici et à
la fille au moins cinq fois – je n’ai pas puisqu’il n’existe pas. Non mais
est-ce que je peux juste payer pis avoir la paix? Je raccroche en lui faisant zéro
confiance puisque ce n’est pas ce que le courriel disait.
Le lendemain, je veux être certaine que tout est correct.
Sixième appel :
« Non, votre chien n’est pas là et je ne peux pas l’ajouter. »
Je vais frapper quelqu’un.
Ça raccroche. ENCORE.
Septième appel :
Le gars ne comprend rien, mais je lui explique une énième fois. Il
me dit en gros que ma réservation est correcte, mais doit être confirmée au
comptoir d’enregistrement. La conversation a été plus longue que ça, mais je
résume.
Bref, j’ai fait ma valise et je me suis pointée à l’aéroport, mais
je n’avais toutefois aucune certitude de pouvoir embarquer avec Charlot! Nul
besoin de dire que le sommeil s’est fait rare et a laissé sa place à l’anxiété
avant le départ.
Mon vol étant à 17h30, je ne prends pas de chance et j’arrive à 13h. Une fois au comptoir, c’est tellement simple! Je présente les papiers, le préposé confirme que Charlot est dans sa sacoche et qu’il est à l’aise de s’y retourner et me donne ma carte d’embarquement. Toutefois, je remarque que le chien n’est pas sur la carte, contrairement à d’habitude. Je lui dis et il répond que c’est correct et qu’il est dans le système.
Je suis soulagée. Comme je peux être naïve!
J’embarque dans l'avion, je me dirige à mon banc et je sors Charlot du sac pour nous prendre en photo. L’agente de bord vient me dire qu’il est vraiment mignon, mais qu'il doit être dans son sac (qui sert de cage). Je réponds que c’est un service animal et qu’on m’a dit qu’il pouvait être sur moi.
Elle vérifie… Il n’apparaît nulle part dans son manifeste. Ah ben ciboire. Le directeur de vol vient me voir. Ils envoient une employée de l’aéroport pour me voir. Une chance qu’ils devaient retirer les bagages d’un passager qui ne s’est pas présenté parce que sinon, ils auraient retardé l’avion pour moi! Je capotais. Encore une fois, je répète que je ne veux pas faire de scène et que je vais payer. On me demande de décrire l’employé qui m’a laissée passer. Avoir su, j’aurais pris son numéro d’assurance sociale. Le directeur de vol m’explique que les chiens de service n’existent pas chez Swiss et blablabla. Bref, un dirigeant de je sais pas quoi vient me voir pour me dire que c’est parce que j’arrive d’un vol de Toronto avec Air Canada et que contrairement à eux, ils ne reconnaissent pas mon chien de service. Attends… Toronto? Ben voyons. J’habite à cinq minutes de l’aéroport de Dorval. Je pense que ça se peut pas être plus mêlés que ça.
Ils finissent par s’excuser de la confusion et me laissent partir sans frais.
Comme j’ai une escale à Zurich – aéroport qui n’a AUCUN endroit pour que les chiens fassent leurs besoins, une première dans un aéroport international selon mon humble expérience – je vais directement au comptoir pour m’assurer être en règle.
En passant, quand j’ai demandé s’il y avait un « pet relief area », on m’a dit que normalement, les gens mettent des serviettes de papier par terre et que le chien fait ses besoins dessus. Je connais Charlot, je sais qu’il ne voudra pas parce qu’il n’a pas le droit de faire ça à l’intérieur. Je me suis essayée trois fois dans des toilettes pour handicapés tapissées de papier à main. Chaque fois, il s’est juste assis en me regardant voulant dire « Mais… Non! Je n’ai pas le droit! » Alors il a dû se retenir une éternité. Fin de la parenthèse.
La fille au comptoir me dit que tout est beau. Yé!
J’embarque dans l’avion et Charlot est dans sa sacoche (pour chien) avec juste la tête qui ressort.
Le directeur de vol me dit qu’il doit être complètement caché. Je l’enferme – il est habitué – et me rends à ma place. Il vient me voir pour me dire qu’il n’a pas le chien sur son manifeste.
C’EST SÛR QUE C’EST UNE JOKE.
Je suis si découragée que je n’ai plus de patience et lui résume la situation. Je vous épargne la discussion qui a encore failli retarder le vol.
On décolle et pendant la descente, il revient me voir pour me dire qu’il a vérifié sa réglementation et que, en gros, il a une tout autre version que les 42 précédentes qu’on m’a dites chez Swiss. Je discute avec lui et heureusement, il finit par comprendre que je suis à bout et zéro de mauvaise foi. Mais je lui ai quand même admis que plus jamais je ns voyagerais avec eux avec un chien.
Il est revenu avec… une barre de chocolat suisse.
C’est au moins ça.
Dernière étape, l’entrée en Norvège. C’est très bien indiqué pour l’entrée avec les animaux. Je me dirige là et le douanier me demande si j’ai pris rendez-vous et si je les ai avertis de mon arrivée. Euh… Non? Personne ne m’a mentionné ça! Pour une fois, je suis chanceuse et la vétérinaire est sur place. Elle arrive au bout d’une vingtaine de minutes et est GÉNIALE.
Non seulement elle signe tout, mais m’explique la marche à suivre, la vraie réglementation en Europe et tout. Et surtout, elle me dit que je peux aller chercher un passeport européen pour Charlot en le faisant vacciner (encore) contre la rage en Norvège. Passeport qui m’évitera toute la paperasse diplomatique pour trois ans. C’est clair que je fais ça!
Tout ça pour... une belle collection de photos de chien complètement blasé devant les paysages!
Au retour, on doit passer par Londres avec British Airways. Priez pour nous que ce soit plus facile, s’il vous plaît!
J’adore te lire!! Et je ris. Blasé devant les paysages…!
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