J’essaie de boycotter le plus possible les États-Unis depuis quelques mois – je vous laisse deviner pourquoi –, mais ce n’est pas évident en ayant des parents Snowbirds qui y habitent six mois par année.
Ce n’est aussi pas évident quand on a comme habitude d’aller
voir des matchs de hockey, de baseball, de football, de basketball et des
tournois de tennis depuis des années. Bref, j’étais confrontée entre mes valeurs
et mes désirs lorsque le calendrier de la NFL est sorti, puisque je voulais
vraiment retourner voir un match de mon équipe préférée, les Colts d’Indianapolis,
pour la première fois depuis 2021. Bon, c’est sûr que si je n’avais pas eu la
brillante idée de me fracturer une cheville en Norvège l’année suivante, j’aurais
suivi mon plan d’aller les voir à Las Vegas cette saison-là, mais c’est une autre
histoire.
J’ai donc attendu un peu, puis, comme mon but est de voir tous les stades et que plus ça va, plus les options de matchs des Colts dans des stades où je ne suis jamais allée se font rares, j’avais trois choix : deux à Los Angeles et un à Pittsburgh. C’est là que sont entrées en ligne de compte mes valeurs, qui se rapprochent pas mal des habitants et politiciens élus de la Californie, disons ça ainsi.
En plus, l’automne arrive au Québec et il fait chaud à LA. Le
choix était donc facile. Encore mieux, les Kings jouaient à domicile la veille
du match des Colts et c’est une des quatre seules équipes que je n’ai encore
pas vues à domicile dans la LNH (sur 32, je suis quand même pas pire!).
Puis, quelques jours avant de partir, j’ai réalisé que les
Dodgers jouaient également en finale de la Ligue nationale au Dodgers Stadium
pendant mon séjour. Je pensais que les billets ne seraient pas achetables, vu
les prix à Toronto pour les matchs des Blue Jays, mais j’ai été stupéfaite de
trouver un billet – même pas en revente! – à 200 USD. Je l’ai évidemment acheté
puisque mon billet d’avion (personne ne veut aller aux États-Unis en ce moment,
ça paraît) et mes autres billets étaient beaucoup moins chers que ce à quoi je
m’attendais.
Tout était réglé, sauf… le stress d’aller aux États-Unis.
Pour la première fois de ma vie, je l’avoue, j’ai eu peur de traverser les
douanes, de me faire refuser l’entrée. J’ai angoissé en pensant à tout ce qui
se passait dans cette ville et cet État en me disant que j’allais
continuellement craindre pour ma sécurité, etc.
Pire encore, j’ai croisé une voisine française quelques
jours avant de partir qui m’a raconté qu’elle s’était fait refuser l’entrée aux
États-Unis avec son amie parce qu’elles avaient visité Cuba récemment. J’y suis
allée en 2019, mais je me suis quand même mise à paniquer en me demandant également
si les douaniers allaient vérifier les comptes Facebook auxquels je suis
abonnée. J’ai vraiment trop entendu d’histoires d’horreur dernièrement!
J’ai donc rempli le formulaire I-94 dont on m’avait parlé
pour être certaine, même s’il n’était pas obligatoire. Ça m’a coûté 43,16 CAD pour
ça, en plus! Puis, la veille de mon départ, j’ai fait de l’insomnie parce que j’ai
réalisé que j’avais pensé à tout, sauf à la copie imprimée de la preuve du
dernier vaccin contre la rage de mon chien, qui m’accompagne, bien évidemment.
Eh merde. Voir que j’avais pensé à tous les aspects, sauf à celui-là! Parce que
depuis environ un an, je dois remplir un document supplémentaire quand je
voyage avec lui, mais je l’avais fait et tout était en règle.
C’est donc une fille pas mal stressée qui s’est présentée
aux douanes de YUL en priant très fort que son voyage ne tombe pas à l’eau.
Heureusement, je suis tombée sur un douanier qui était probablement du même
côté du spectre politique que moi et qui m’a même suggéré une vidéo virale
concernant un partisan des Colts!
Mais même si traverser la frontière a été beaucoup plus
facile que je l’imaginais, mon anxiété ne m’avait pas tout à fait quittée.
Après tout, je me dirigeais dans un endroit où la garde nationale avait été
déployée et où les agents d’ICE semblent prendre un malin plaisir à semer la
terreur. Pour la première fois de ma vie, j’étais contente d’être blonde aux
yeux très souvent verts (l’avantage des yeux pers!). Pour avoir visité les
camps de concentration en Pologne, la maison d’Ann Frank à Amsterdam et un tas
d’autres sites historiques, j’avoue que je trouve tout cela très spécial. Et inquiétant.
Pour couronner le tout, j’ai appris une fois sur place que
la deuxième édition de « No Kings day » aurait lieu pendant mon
passage. Moi qui pensais que tout allait bien! J’avais réservé un hôtel
relativement à gros prix en plein centre-ville, à deux pas du Crypto.com Arena
pour me sentir un tantinet plus en sécurité, mais je me suis posé plein de
questions quand j’ai su ça.
Heureusement, je n’ai rien vu des manifestations, à part plusieurs pancartes et chandails de gens qui s’y rendaient, puisque j’ai choisi une activité loin du centre-ville pour la journée. À mon retour, il n’y en avait aucune trace.
La réalité, c’est que je n’ai vu aucun agent d’ICE. Personne
de la garde nationale. Il y a plutôt des agents de sécurité à l’entrée de
plusieurs commerces, même des fast-foods! Dans les stations de métro, il y a
plusieurs employés qui sont là pour nous guider et qui assurent la sécurité et
j’ai même eu la visite de policiers dans mon wagon qui ont demandé si tout
allait bien. Honnêtement, je me suis quasiment sentie plus en sécurité qu’à
Montréal. Il y a même cet itinérant sympathique qui m’a dit qu’il était là si j’avais
besoin de quelque chose lorsque je suis rentrée à mon hôtel après le match de
baseball.
Bref, je suis très contente de reprendre mes voyages de sports
où j’ajoute des stades et des arénas à ma liste, mais je me serais grandement
passée de tous les tracas qui viennent désormais avec les voyages au pays de l’Oncle
Sam… Et on n’a pas fini!




